Partie unique

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Je me réveille, autour de moi, tout est noir et blanc. Étrange.
Ma tête sonne, mais je me lève. Je reconnais les rues de ma ville, elles sont vides. Vides, noires et blanches. Suspect.
J'avance à pas lents, j'espère trouver mes amis, ma famille, ou même le drogué du coin de la rue, qu'importe tant que je trouve quelqu'un.
Néanmoins, je suis seule. Lamentablement seule. Mais je continue, je cours même.
Est-ce qu'il pleut ? Je lève la tête, non ? Pourquoi je ne vois pas de gouttes d'eau tomber du ciel ? Pourquoi mes joues sont inondées, alors ?
Je m'arrête, je suis essoufflée. Je regarde en face de moi.
Surprise ! Ma course effrénée m'a menée au pas de la porte de chez moi.
J'essaye de rentrer, seulement, la porte est fermée. Je frappe, mais personne ne vient m'ouvrir. Je laisse tomber et m'enfuis.
Soudain, un flash, je me remémore de quelques instant d'avant mon réveil.

Voitures. Soirée. Amis.

Ma tête me brûle, je me replie sur moi-même, et attends que mon mal passe. Je me relève une deuxième fois, et, plus calmement, je déambule dans ma ville.
Mes larmes se sont taries, mais, je remarque, dans une vitrine face à moi, que mes yeux sont encore rouges.
Je passe devant la boulangerie. Elle qui d'habitude est si lumineuse, elle qui d'habitude sent si bon. Aujourd'hui elle est dépourvue de couleurs, et sent l'humidité.

Deuxième flash.
Alcool. Musique. Rencontres.

Je continue d'avancer, il me semble avoir changé de ville, toutefois, elle est aussi peu coloré que la première.
J'arrive à un carrefour, face à moi, la maison de Paul.
Je crois me souvenir, que la soirée se passait chez lui. Je marche jusqu'à arriver sous son perron, puis je claque trois coups secs sur la porte. Personne. J'appuie sur la poignée, fermée. Alors je m'en vais.
Je continue de me questionner, pourquoi suis-je seule ? Pourquoi le noir et le blanc s'étalent à perte de vue ? Pourquoi je ne me souviens plus des minutes précédant mon somme ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi, m'énervais-je.
Soudain, un souvenir plus puissant et, plus fort que les autres m'apparaît.
Je me plis et hurle de douleur. J'ai mal partout, à la tête, aux jambes, au corps, aux mains, partout. Et au fur et à mesure que me revienne les souvenirs, la douleur augmente, et mes larmes coulent. C'en est abominable, mais je me rappelle.
Hier soir, s'est déroulé une fête en l'honneur des 18 ans de mon ami Paul. J'y suis allée en compagnie de mon jumeau, Léo, et de sa petite-amie, Maria.
On s'amusait, énormément de personnes s'étaient déplacées pour l'occasion. L'alcool coulait à flot. On se rencontrait, on draguait, on riait. Je ne crois pas avoir vu plus de deux où trois verres d'une boisson dont je ne connais même pas le nom, néanmoins, elle était alcoolisée, c'en est une certitude.
Vers quatre heures du matin, les invités commençaient à partir. Anaïs, ma voisine et meilleure amie, a demandé à me ramener. Paul est arrivé à ce moment, je crois me souvenir qu'il ne voulait pas que l'on parte. Mais Anaïs a insisté. Anaïs m'a emmené dans sa voiture. Et je m'y suis installée. De gré ou de force, je ne sais plus. Mais j'y suis montée.
Elle a allumé le contact, puis a démarré. M'étais-je attachée ? Excellente question, seulement, je ne pourrais y répondre.
À pied, la douleur montant toujours crescendo en moi, je marche sur le trottoir, en reprenant la même route qu'Anaïs.
Quand soudain, arrivant à un croisement de deux. Je m'arrête.
Mais Anaïs ne s'est pas arrêtée, elle.
Je revois avec horreur la voiture arriver à toute vitesse a ma droite.
Étais-je attachée ? Excellente question, à laquelle, je pourrais malheureusement vous répondre. Non. Non, je n'étais pas attachée. Si j'avais été attachée, la voiture ne m'aurait pas projetée dans la fenêtre opposée. Si j'avais été attachée, je ne me serai pas retrouvée la tête fracassée contre le bitume.
Je lève de nouveau la tête. Ça y est, je sais où je suis.

Je suis morte.

Alors c'est à ça que ressemble la vie après la mort ?
Nous sommes donc condamnés à errer dans les rues de notre ville. Nous sommes donc condamnés à ne voir plus qu'en noir et blanc, le paysage nous entourant. Nous sommes donc condamnés vagabonder seuls dans un paysage sinistre.
Nous sommes donc condamnés.
Pour toujours.
Ce soir là, si j'avais été attachée, on ne m'aurait certainement pas retrouvée morte.
Décédée dans un accident de la route.

XXXXXX

« Info tragique ! Cette nuit là, dans les alentours de quatre heures trente du matin, dans un petit village du centre de la France. Une jeune fille de 17 ans, nommée Luna Prior, fut retrouvée éteinte dans un triste accident de la route. Ses funérailles se dérouleront dans six jours. »

XXXXXX

« Luna, ma sœur, tu nous a quitté il y a déjà une semaine.
Tu es partie beaucoup trop tôt, sans même nous dire au revoir.
On devait organiser une superbe fête pour notre passage à l'âge adulte.
Tu te souviens ?
On disait que ça serai « la soirée de l'année ».
On la préparait depuis si longtemps.
Luna, ma sœur, en ton honneur, je l'organiserais.
Je te le promets.
Je ne sais pas si tu m'entends.
Je ne sais pas si tu m'écoutes, ni même si tu as atterris quelque part.
Ce qui est certain, c'est qu'il restera toujours une part de toi. En moi.
On a partagé le même centre, la même éducation, les mêmes amis, la même famille, et bien saches, que je partagerais tes convictions et je réaliserai tes souhaits.
Pour toi.
Pour moi.
Pour nous.
Luna, ma sœur, on s'aimait, je t'aime, mais tu es partie. »

𝑳𝒖𝒏𝒂Où les histoires vivent. Découvrez maintenant