❝𝐁𝐎𝐒𝐒² ➢ 𝑵𝑬𝑾 𝑬𝑴𝑷𝑰𝑹𝑬

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CE N'EST PAS LE PAYS DES MERVEILLES, ALICE

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Une petite lampe clignotait au dessus d'un bureau.

“Entrez.”

Sa voix était fémininement froide, glaçante, sans expressions. Comme une poupée.

“J'ai un truc à faire, attends ici... Euh...

Mais qui tirait les ficelles ?

— Jeno”, répondit une seconde voix, cette fois-ci masculine, tout aussi froide cependant que la première.

Elle hocha la tête avant de se lever dans un silence à endormir un mort, sortant de la pièce.

Lui, il s'agit de Lee Jeno.

Il a été laissé seul dans cette pièce à l'allure si administrative. La femme en face de lui a des allures de petite fille, avec des yeux presques ronds et sa frimousse angélique. Elle est bien différente de toutes les créatures qu'il a bien pu croiser jusqu'ici, s'il eut été hétéro, il l'aurait sûrement qualifiée d'attirante. Elle faisait très aristocratique et fière, comme ayant grandit beaucoup trop vite. Elle avait ces allures de "lady" à l'anglaise.

Elle, c'est Lady, Lady Huang.

Et la vie l'a détruite.

Elle fouille une pile de ce qui semble être un dossier. Elle l'ouvre, jette un oeil, le referme et l'emmène avec elle.

“Lee Jeno”, prononça-t-elle dans l'unique but de s'en souvenir, comme une tâche, qu'elle marque dans son esprit.

La jeune fille eurasienne posa les documents contre son bureau, s'asseoit. Ses cheveux, un carré, blond, sont glissés derrière ses deux oreilles. Sa frange est un peu trop longue cependant, elle tombe sur ses cils, la gêne légèrement.

“On t'a dit pourquoi tu devais venir ?”

Jeno secoua la tête, la pencha un chouïa sur le côté. On l'avait prévenu à peine quelques jours avant qu'un billet vers la Chine lui était confié.

Qu'il s'agissait d'un dernier espoir.

“La main d'oeuvre manque et ton profil nous intéressait. Lee Jeno. Ton certificat de naissance est bien incomplet. Pas de mère, pas de père, pas de frère ni de soeur... Où habitais-tu ?

— Séoul. Un orphelinat très prisé.

Lady et Jeno avaient sans doutes beaucoup plus en commun que ce qu'ils croyaient jusqu'ici. Ils étaient reliés, comme sur un giratoire. Et il était hors de question, pour aucun des deux, de faire demi-tour.

Les crissements du stylo sur le papier est un son mélodieux à son oreille. Cela rappelait au noiraud d'étranges sensations, comme le Diable et son client, qui bouclaient un contrat.

— Comment as-tu appris le mandarin ?
— Une des femmes qui s'occupait de moi me l'as enseigné.

C'est avec surprise qu'elle secoua la tête de haut en bas. Comme un coucou, ses gestes rythmaient les secondes, les échangeant parfois avec des soupirs.

— Plus personne ne s'occupera de toi désormais ici. Tout ce que je ferai, c'est te dire ce que tu dois faire. À toi de voir si tu les fais ou pas.

Jeno haussa un sourcil.
— Et qu'arrive-t-il lorsque l'on ne les fait pas ?
— Tu n'aimerais pas savoir.

Tout n'est pas toujours rose, Jeno. Ce n'est pas le monde de Moomin ici.

Ne soit pas comme Renjun, par pitié.

La jeune femme se leva en s'aidant de ses paumes, contre le bois tendre de la table. Son bureau était situé face à une vue, dernier étage de la maison des Huang. À la limite entre terre et mer. À une lointaine époque, elle adorait cette sensation. Cette sensation d'illimité. Cette sensation d'éloignement de la réalité. Lady se prenait pour une Renjun ? Non:

Lady était une Renjun.

Avant qu'elle ne connaisse son petit frère, la douce avait aussi droit à la rêverie, à l'insouciance, à la légereté des responsabilités. Il y a un mot pour cela. C'est l'enfance.

Pourquoi avait-elle grandi trop vite ?

“Où vais-je loger ?
— Ça dépendra.”

Elle se rassit rapidement.

“Ce carnet, elle le saisit pour lui montrer, dedans seront marqué toutes les informations te concernant de manière hebdomadaire. Tu viendras me voir, de ce fait.”

Le stylo entre ses mains, la blonde écrit rapidement les quelques mots dans la case prévue à cet effet, pour la semaine une, une mine neutre, évacuée de tout sentiment.

« Si tu crois tout ce que tu lis, tu ferais mieux de ne pas lire »
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