Butterfly

1. Une étrange rencontre

Anna

Faire ce choix n'avait pas été des plus simples. Il impliquait beaucoup de choses : apprendre une nouvelle langue, se retrouver seule dans un endroit inconnu, être loin de ceux qu'on aime...

Mais j'avais pris ma décision, et me voici aujourd'hui à me balader dans le parc Namsan de Séoul, en Corée du Sud.

L'atmosphère ici était paisible, étant au printemps les arbres sont encore en fleur. Un vent léger faisait voler quelques mèches de mes cheveux. J'étais bien.

Nous étions début septembre et j'allais intégrer dans quelques jours l'HUFS, l'une des meilleures universités de Corée. J'avais hâte, mais en même temps j'étais un peu angoissée. Tout était si grand ici.

Bon. Normalement tout devrait bien se passer, j'avais passé mon été à lire des bouquins sur la culture et les coutumes Sud-Coréennes, à regarder des tas de vidéos pour apprendre la base du coréen et prendre un accent à peu près potable.
Le plus dur restait maintenant de savoir lire et comprendre le hangeul, l'alphabet du pays.
C'était pas gagné...

Perdue dans mes pensées, mes pas me menèrent à un petit temple, entouré d'arbres. Non loin de là se trouvait un petit banc. Je m'y assis, sortis un petit carnet et commençai à écrire ce qui me passait par la tête.

Du plus loin que je me souvienne, j'avais toujours aimé écrire. C'était ma façon de m'exprimer, de me vider de toutes les choses qui me pesaient. C'était mon exutoire. Avec la musique. Enfin, avant...

Je secouai la tête. Je ne voulais plus y repenser. J'avais tiré un trait sur la musique, il y a plus d'un an maintenant. Tout ça c'était fini, et j'étais partie afin de recommencer une nouvelle vie. Loin de toutes ces choses qui m'ont détruite.

Je regardai mon téléphone. 18h30 déjà ? Et il me reste 5% de batterie. Il va vraiment falloir que je me grouille de rentrer.
Je n'avais pas vu le temps passer. Tout était si beau...

Je quittai mon banc, et pris le chemin du retour.

Au bout d'un moment, après de nombreuses allées et venues, d'escaliers montés et descendus, il fallait bien l'admettre : j'étais complètement paumée.

Je sortis mon téléphone, qui avait parfaitement bien choisi son moment pour me lâcher. Super. Et le soleil commençait à décliner. Génial. Et l'endroit était désert. Merveilleux.
Bon... il va s'agir de rester calme et réfléchie.

Sauf que je sentais déjà l'angoisse s'emparer de moi. Ce genre de chose n'arrive qu'à moi.

C'est alors que je vis quelqu'un en face de moi qui descendait les escaliers sur lesquels je me trouvais. Une carrure d'homme, de taille moyenne. Il avait une capuche sur la tête. Il se dirigeait vers moi.
Et merde.

Je fis volte face et me mis à descendre les escaliers en courant. Mais la nuit s'installait déjà et je n'arrivais plus à bien distinguer les alentours.

Je manquai une marche, et dégringolai les escaliers en roulé-boulé et finis à leur pied, totalement sonnée.

J'entendis l'homme se rapprocher rapidement mais je n'eus pas le temps de me relever qu'il m'avait déjà rejointe.

- Vous ne vous êtes pas fait mal? Vous voulez que j'appelle une ambulance? demanda l'inconnu, affolé. (inutile de préciser qu'il parle coréen hein)

Il avait la voix douce et son ton paraissait inquiet. Je n'avais pas tout compris, mais il me semblait qu'il ne me voulait aucun mal.

- Je vais bien merci, répondis-je en me levant péniblement.