Il y avait quelques vêtements sur son lit, mis là un peu n'importe comment. Près du lit il y avait le tapis et près du tapis il y avait un genre de clic-clac. Sous le tapis il y avait un parquet en chêne avec une couleur douce, un peu comme le miel. C'était un bel appartement. On entendait le monde le matin, ou c'est peut-être juste moi qui n'étais pas habituée au lieu en fait.
La fumée s'élevait jusqu'au plafond et il a joué un instant avec les volutes bleutées. Je crois que c'était pas de la cigarette mais en tout honnêteté je pense pas que ça soit le plus important parce que ça n'a même pas été fini. C'était mal roulé d'ailleurs.
Toi, jamais, toujours
C'est une chanson de Daho que je connaissais pas mais je crois qu'elle correspond bien à l'humeur de l'écriture. En fait ça fait du bien d'écrire parce que ça révèle des choses sur soi qu'on aurait pas été capable de dire à voix haute et de vive voix quand on discute avec quelqu'un tard le soir quand on essaye de définir ce que représente l'art dans sa vie. Moi je pense que je pourrais pas respirer sans écrire et là ça devait faire quelques mois que je respirais plus vraiment mais je savais plus pourquoi. Ça fait du bien d'avoir trouvé la réponse.
Une fois, quand j'avais dix-sept ans ou peut-être seize j'allais pas très bien et j'ai, prise de rage, attrapé mon carnet à croquis et dedans j'ai dessiné au poscat une fille très effrayante (un peu dans le style de Basquiat) et au-dessus j'ai écris "et ne me restait plus que l'art". Le lendemain après mes angoisses nocturnes j'ai trouvé le dessin ridicule et je l'ai arraché, jeté, oublié.
J'ai menti, je l'ai pas oublié le dessin. Parce que même si je le trouvais ridicule sur le moment je pense quand même que ça voulait dire quelque chose de moi. Que l'art j'en ai besoin et que ça me permet d'expulser un truc, de sublimer mes angoisses ou de mieux exprimer ce que je n'ose pas m'avouer ou que je ne sais pas me dire.
J'ai une image très précise de ses doigts qui jouent avec les volutes de la fumée. Il y avait le lustre juste au-dessus - je sais plus si c'était un lustre ou juste une ampoule j'ai pas regardé. Mais l'image est belle dans mes yeux. La fumée faisait des vagues et ses doigts jouaient avec. Je pense pas qu'il ait eu conscience de la beauté de son geste parce que ça a duré à peine quelques secondes. Mais voir la fumée qui ressemblait à un serpent qui danse dans l'air je trouvais ça beau.
Je sais pas si je vais publier ce texte. Il me paraît un peu trop personnel. Mais il permet de remercier les personnes qui te font te retrouver toi-même.
Merci.