Prémices

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Tout a commencé une belle journée de septembre. La chaleur suffocante et les cours qui touchaient à leur fin empêchaient toute concentration chez les élèves du lycée Sacré Coeur.

Je réprimai un bâillement, mon professeur m'ennuyait au plus haut point. Un rideau de cheveux blonds se colla à mon front perlé de sueur. Un ample mouvement sur ma droite attira mon attention, Estelle, ma meilleure amie, me faisait signe. Jetant un regard curieux par la fenêtre qu'elle me désignait, j'aperçus un groupe de terminale remonter une allée ensoleillée. La beauté manifeste de l'un des jeunes hommes me permit de comprendre le soudain accès d'énergie d'Estelle. Après un échange de regards complices, nous retournâmes à notre morne apathie en attendant la sonnerie.

Une fois délivrées, mon amie et moi nous ruâmes comme à notre habitude à la cafétéria. Estelle, brune aux cheveux parsemés de mèches blondes, attirait bien plus l'attention que moi. Grande et fine, sa morphologie semblait plaire aux garçons, qu'elle enchaînait d'ailleurs sans vergogne. Un groupe de collégiens s'approcha, sans doute près à faire des avances à mon amie. Amusées, nous leur jetâmes des regards noirs et intimidants qui les firent battre en retraite.   

Accablées par la chaleur, nous nous refugiâmes dans la cafétéria. Les nouveaux ventilateurs installés de part et d'autre de la pièce en faisaient un endroit très apprécié des lycéens. L'odeur envoûtante des pâtisseries fraichement sorties du four se mêlait à celle âcre de la sueur.

-Monsieur Slimaby va me rendre folle. Sérieusement, Justine, sa matière est déjà assez nulle pour qu'il n'en rajoute pas une couche ! J'ai cru que j'allais m'endormir au moins un million de fois !

Le franc-parler de mon amie m'amusa, mais vidée de mon énergie, je ne pris pas la peine de lui répondre.

Profitant de ce court moment de détente, nous observions les alentours quand le premier fait étrange de notre journée se déroula sous nos yeux stupéfaits. Une brune rondelette au visage ravagé par l'acné venait de disparaître. Comme ça, d'un coup. Ébahis, les quelques témoins de la scène se fixèrent silencieusement.

-Aïe !

Mon attention fut détournée par Estelle qui venait de me pincer très fort le bras.

-Dis-moi que je rêve, meuf...

Déconcertée, je jetais un regard médusé à mon amie. Mais que venait-il de se passer ?

Comme si cela ne suffisait pas, un grand fracas retentit à l'autre bout de la salle. Une chaise s'était élevée dans les airs avant de retomber dans un bruit sourd. Pas de doute, il se passait vraiment un truc louche là !

Le portail des ombres [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant