Seconde chance

Chapitre 1

Il était minuit. Tout était calme dans la maison. Mais dans la tête de Jérémy, c'était l'ébullition la plus totale. Personne ne lui avait jamais rien dit, mais il avait la certitude, depuis tout petit, d'être adopté, de venir d'ailleurs. Il ne savait pas vraiment d'où lui venait cette idée, mais il en était convaincu, il n'était pas l'enfant biologique de ses parents. Dans un sens, cela l'arrangeait, car ayant un père violent et une mère alcoolique, ne pas venir d'eux serait un réel soulagement. Non, ce qui l'embêtait, c'est de ne pas avoir de liens du sang avec Antoine, son frère de deux ans son aîné.

Antoine avait toujours été là pour lui, dans toutes situations. Il l'avait sorti d'affaire bien des fois. Quand il avait été arrêté par la police pour détention de drogue, c'est Antoine qui l'avait fait sortir de garde à vue, quand il eut le coeur brisé pour la première fois, encore là c'était son frère qui l'avait réconforté. 

Les deux garçons étaient inséparables. Ils se ressemblaient pas du tout physiquement, c'est peut-être aussi ce qui avait mit le doute dans la tête de Jérémy. Mais leur lien était tellement fort que rien n'aurait pu le briser.

La porte claqua. Antoine devait rentrer de soirée pensa Jérémy. Il s'attendait à voir son frère débarquer dans sa chambre, comme il en avait l'habitude lorsqu'il revenait de ses escapades nocturnes. Mais rien ne se passa. Alors, Jérémy décida de prendre les choses en mains et de se rendre dans la chambre de son frère.

Il frappa timidement une fois arrivé devant la porte. Pas de réponse. Alors il entra en ouvrant doucement. Son frère était allongé sur le ventre, sur son lit, et il semblait pleurer.

Jérémy comprit directement que la situation était grave. Il n'avait vu son frère pleurer que lors de très rares occasions. La dernière fois, c'était il y a 3 ans et c'est lorsqu'ils avaient perdu leur grand-mère, décédée dans un accident de la route.

Il s'empressa de s'asseoir sur le lit, et frotta le dos de Antoine pour le réconforter.

Au bout de quelques minutes, Antoine se retourna enfin, et regarda son frère, les yeux rouges à cause des larmes versées.

- Il faut qu'on parle.

Cette phrase me fit palpiter le coeur. C'était vraiment mauvais signe.

- Tu te souviens des examens que j'ai passé quand j'ai commencé à avoir beaucoup de migraines?

Evidemment que je m'en souvenais. Je faisais attention à chaque détail en ce qui concernait mon frère. Je hochais la tête de haut en bas.

- Bah ils ont eu les résultats. Jérémy... J'ai un putain de cancer du cerveau. Il est mal situé et je suis pas opérable. Les médecins m'ont dit que j'allais devoir faire de la chimio mais ils sont même pas sûrs que ça va marcher, ils savent pas si je vais m'en sortir.

Je me figea sur place. Non, ce n'était pas possible. Comment cela avait-il pu arriver?

Je me leva d'un coup et partit en courant dans ma chambre. A présent, c'était à mon tour de pleurer sur mon lit.