Le premier jour

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Salim regarde le sable filer entre ses doigts. Sous les étoffes bleues qui le couvre, sa peau métissé vibre en osmose avec le désert. Le soleil tape fort. Derrière lui, le camp se démonte, on charge les chameaux. Les Touaregs, les seuls habitants du désert s'en vont.

Ils passent de place en place. Se déplace sans cesse. Toujours plus loin. Sous le soleil de plomb. A dos de chameau. Le sable a perte de vue

Et parfois... l'oasis, tâche bleu dans cet infini d'ocre. L'inverse du ciel sur terre. Une bulle d'air dans un océan de chaleur moite et lourde...

- Salim, viens nous aider
Le jeune garçon se retourne. Derrière lui, ses parents et sa famille, nomades depuis toujours, se préparent au départ. Il va préparer sa chamelle. Elle s'appelle Oasis, comme la tâche de ciel du désert. Il monte sur son dos et elle s'ébranle, tangue et se stabilise pour partir sous le chaud soleil du désert.

Et lentement, la caravane se met en marche

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Et lentement, la caravane se met en marche. Rythmée par le pas agile des chameaux.

En l'air, Salim observe les dunes. Il joue avec Naïma sa petite cousine. Celui qui voit le plus d'animaux gagne. Alors il compte. Vautours, Fennecs, scorpions, serpents, insectes... Et au loin une autre caravane. Ils se saluent. Les Touaregs, c'est une grande famille, dispersé dans le désert.

La journée passe, et finalement, la caravane s'arrête.
Salim descend d'Oasis. Il attrape une outre et bois à longues gorgés. Ses yeux brillent et reflètent le soleil qui descend a l'horizon. Il aide sa famille à planter les tentes et à tout installer pour ce soir, tandis que les femmes et Naïma préparent le dîner. Dans une ambiance chaleureuse, chacun vient manger en discutant et en riant. Les sourires fleurissent sur les visages brûlés par le soleil du désert, et les enfants courent dans le sable...

Puis vient l'heure du conte. Le plus vieux membre de la caravane s'avance. Sa peau est tanné comme du cuir et ridée par les années passées a voyager. C'est le plus sage d'entre tous. Alors chacun de tait et tous écoutent.
D'une voix envoûtante, il conte les histoires du Fennec malin, et du cruel scorpion. Il parle des étoiles qui brillent au dessus de leur tête et raconte comment au loin, vivent les autres hommes. Ceux qui ne font pas partie de la grande famille des Touaregs.
Salim boit ses paroles. Comme tous. Le vieux sage fini son histoire et sa voix s'éteint. Salim regarde le ciel. La voûte céleste, piqué de milliards de diamants, tous plus purs les uns que les autres. La lune, ronde et belle, éclaire le sable du désert.
Quelqu'un commence a fredonner. Tout le monde le suis. Tout les membres de la caravane chantent lentement la mélopée. Elle monte vers le ciel, hommage à cette terre et a la nature magnifique. Enfin, le silence retombe. Du feu ne reste plus que les braises. Et les nomades se dispersent pour aller dormir.

~•~•~•~

La porte claque. Elora hurle. Sa voix se brise. Tristesse. Colère. Plus fort que ça : la haine. Brûlante, intense, profonde... Infinie. Elle les hait. Elle les hait tous. Et comme toujours, elle se réfugie dans sa solitude, avec ses livres, sa musique, sa fenêtre. Là bas, elle voit le désert. Il a l'air infini. Comme sa peine. Comme sa haine. Elle rêve. Elle veut partir. Quitter cet endroit. Plus que tout. Rien ne l'a retiens. Elle n'a rien de toutes façons.
Sa décision est prise. Elle partira. Où elle mourra. Elle ne veux plus vivre ici. Elle réfléchit a quoi emporter. Elle change d'avis. Elle ne veut rien de cette maison. On ne pourra pas lui reprocher d'avoir volé. Elle ne prendra que sa boîte a musique. C'était Son cadeau. Le seul qu'elle ai jamais reçu de Lui. Alors Elora met la boîte à musique dans son sac.
Et elle attend la nuit. Elle se glisse hors de sa chambre. Ses pieds nus ne font aucun bruit sur le carrelage froid. Elle descend le grand escalier. Elle traverse le grand hall de marbre blanc. Sa main blanche attrape la poignée de la porte. Elle la baisse, et sa bouche s'agite d'une silencieuse prière pour la réussite de son entreprise. La porte s'ouvre. Un grincement. Elle grimace. Se glisse dehors. L'air de la nuit la surprend. Il est frais, pur, il sent la liberté. La vie. Elle se chausse silencieusement. Puis elle détale dans la nuit. La douce nuit qui se fait complice de sa fuite, et qui a déjà couvert tant de crime. Au loin la lune luit, parmi les étoiles scintillantes. Elora ne s'arrête pas. Cette nuit est magnifique mais elle continue d'avancer. Toujours plus loin. Un pas devant l'autre. Sa respiration trouble le silence.
Le désert le désert le désert.
Elle se répète ça, comme une litanie, une formule magique, le prénom de celui qu'on aime. Et elle avance. Soudain elle s'arrête. Devant elle. L'immensité du désert. Elle frissonne. Son salut, dans ces dunes de sables. Elle se retourne. Dernière elle, les dernières lueurs de la ville. Et là bas perdue au milieu des autres sa maison.
Non, cet endroit n'a jamais été sa maison, pense t elle. Elle prend une grande inspiration et avance dans le désert. Un pas. Suivis d'un autre. Suivis de milles autres. Elle avance toujours plus. Elle n'a plus peur. Elle se sent comme a l'abri, bercé dans les bras du désert. Le vent léger lui souffle a l'oreille le mot liberté. Il tourne dans sa tête. Elle s'enivre de ses sonorités douces et libératrices. Elle marche tant qu'elle peut. Une petite fille dans la mer de sable. Un pas. Encore un autre. Elle avance encore et toujours. Et au loin, le soleil pointe le bout de ses rayons. Lentement et sûrement, il vient réchauffer la terre, il disperse les ombres, il indique la route.
Elora prend un instant pour le contempler. Elle ouvre son sac, sors un bout de pain qu'elle grignote du bout des lèvres. Elle ne mange jamais le matin mais elle va avoir besoin de force. Elle a bien étudié a la bibliothèque. Elle sait que si elle marche en ligne droite depuis le ville, vers le sud, elle va arriver a une oasis. Et de là, elle ira...elle ne sait pas encore. Mais elle ira loin. Elle reprend sa route. Elle marche comme ça sans interruption. Elle ne s'arrête qu'un petit temps pour boire et manger vers midi, avant de repartir, poussée par sa volonté. Malgré ses pieds douloureux, elle avance donc. Un pas après l'autre. Malgré la chaleur et la douleur. Elle ne s'arrête qu'à la nuit tombée. Elle n'a pas faim. Elle a soif. Ses pieds sont rouges et enflés. Elle enlève le foulard qui lui protégeait la tête des insolations. Il fait de plus en plus froid. Vite. Très vite avant que elle n'y vois plus rien, elle ramasse des branchages et des buissons de ronces. Avec les ronces elle fait une muraille, et avec les branches un feu. Elle s'endort recroquevillée , au son de sa boîte a musique. Le lendemain, elle est réveillée par un sifflement. Elle n'ouvre pas les yeux. Elle sait qu'elle ne doit pas bouger. S'il a peur, le serpent attaque. Alors elle attend. Elle retiens son souffle. Le serpent passe sur son ventre. Sa langue siffle. Elora croit entendre méfie toi petite fille, le désert est beau mais cruel, comme sa mère la nature, comme sa sœur la mer. Sois prudente...
Le sifflement s'éloigne, avec lui le poids sur l'estomac d'Elora. Elle se relève. Ses jambes tremblent. Elle se rassois. Après avoir mangé et bu elle se sent mieux. Elle repart. Un pas, un autre, encore un...

~•~•~•~

Le sable des TouaregsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant