Daemonium et la face cachée de l'enfer.

Chapitre 1 : Nouvelle vie

Le ciel s'assombrit et la couleur vira subitement au rouge sombre. Un rouge effrayant. Mon coeur se débattait dans ma poitrine, mes poumons me brûlaient. J'étais hors d'haleine et pourtant je savais que je ne devais pas ralentir mon allure. Il était là, tout près, je sentais sa présence. Il ne fallait surtout pas qu'il m'atteigne, pas maintenant, pas aussi près du but. Mes pieds martelaient le sol à une vitesse surhumaine, je prenais garde régulièrement de ne pas trébucher en baissant les yeux vers le sol. Quand je relevais la tête tous mes sens se mirent en alerte instantanément quand mes yeux accrochèrent le regard de l'homme qui venait d'apparaitre comme par magie au bout du chemin. Juste devant ma seule issue. Mon coeur s'affola et il ne fallut qu'une demi-seconde à ce monstre pour se retrouver face à moi. Dans un geste presque gracieux il me souleva de terre sans même avoir besoin de me toucher. Je sentis une force invisible m'étouffer littéralement. Mon corps commençait à manquer d'oxygène et dans un dernier élan de désespoir j'hurlais de toutes mes forces.

Mon hurlement me tira brusquement du sommeil dans lequel j'étais plongé. Mon corps fit un sursaut terrible comme si il venait de subir un électrochoc. J'ouvris péniblement les yeux et mit une poignée de secondes à réaliser l'endroit où je me trouvais. Le réveil affichait 3h00 pile. Comme à chaque fois, ou ce cauchemar venait hanter mes nuits. Ce rêve récurrent avait commencé quand ma grand mère était décédée. Je vivais avec elle depuis toute petite. C'était une femme extraordinaire. En étant petite j'aimais beaucoup la surnommer ''Nana''. On pouvait lire sur son visage toutes les marques que la peine, le temps et les soucis lui avaient causé. Je l'entendais parfois prier le soir en pleurant. Elle ne parlait pas beaucoup de son passé ou même de mon enfance. Depuis qu'elle est partie plus rien n'avait été pareil. Je me retrouvais régulièrement à refaire encore et toujours ce cauchemar.

Je regardais autour de moi dans la pénombre, on pouvait y distinguer la masse des cartons empilés. Tout devenait concret. C'est tout ce qui me restait de mon ancienne vie, tout était là dans ces petites boites. Ma nouvelle vie commençait enfin. J'allumais ma petite lampe de chevet et m'asseya. Je croisa mon regard dans le miroir que j'avais installé en arrivant. L'image que me renvoyait le reflet m'attrista. Comment avais-je pu me laisser aller à ce point ? Avec les derniers événements, mon apparence avait été le cadet de mes soucis. Il faut dire que la vie n'avait pas été simple ces derniers temps. Ma grand mère était morte brutalement d'un cancer il y a bientôt un an. Elle m'avait légué de quoi vivre pendant plusieurs années sereinement. Et cet appartement lui appartenait plus jeune. Concernant ma mère je ne l'ai jamais connu, les rares fois ou Nana avait accepté de me parler d'elle m'avait coupé toute envie de la connaitre. J'avais 10 mois la dernière fois que je l'avais vu . Mon père à l'époque, a tout fait pour me sortir de la misère dans laquelle elle vivait, dans laquelle un enfant ne pouvait pas grandir. Nana m'avait expliqué que les mauvaises fréquentations et la violence faisait parti de son quotidien. Et que l'homme avec qui elle était a l'époque lui avait posé un ultimatum entre m'abandonner définitivement ou me tuer.. En dépit de sa mauvaise vie elle avait fait le choix le plus rationnel qui s'offrait a elle. L'environnement était loin d'être très sain pour elle et encore moins pour moi ! Alors mon père m'avait récupéré. Puis un jour sans raison, lui aussi est parti. Il m'a laissé sur le pas de la porte de Nana sans un mot, sans explication, avec pour seule lettre une renonciation à ses droits parentaux.  Quant à ma mère elle n'a jamais cherché à me contacter et c'était bien mieux comme ça. Après la mort de nana je me suis retrouvée seule, la maison dans laquelle on vivait avait été vendue. Je me retrouvais donc sans Famille et je recommençais tout à zéro dans une nouvelle ville. Demain je commençais dans mon nouveau lycée, en pleine année scolaire évidemment. Je m'attellerai au rangement quand je rentrerai après les cours, je n'ai besoin que d'une chose pour être capable d'affronter cette rentrée : Du repos ! Je me couche la boule au ventre espérant ne plus faire de rêve quel qu'ils soient. Le reste de la nuit fût calme.

Le réveil sonna, je l'éteins la mort dans l'âme, je n'ai aucune envie de me lever. Je crois que cette journée va être très longue . Je m'extirpa du lit difficilement, le temps dehors est aussi maussade que mon humeur. Je pris une douche rapide pour essayer de me réveiller le mieux possible, je brossa mes dents et fila m'habiller. J'enfile ma tenue choisi la veille, un simple jean noir déchiré au genoux et un pull oversize rouge qui retombait largement sur mes mains, mes petites boots, quelque chose de simple et passe partout qui ne me ferait pas remarquer. Mes cheveux étaient déjà assez criards pour avoir un look qui attire l'attention dès le premier jour. Le reflet que je voyais dans le miroir me plaisait assez, un simple trait de khôl sous les yeux et une touche de mascara. Je brossais doucement mes cheveux. Je portais un Split-hair sur la tète, c'est à dire les cheveux demi tête rouge et l'autre bleu électrique. Un style bien à part. Qui avait d'ailleurs toujours été accepté par ma grand mère, y compris quand je me suis faîtes percer le Septum malgré qu'elle trouvait ça "affreux". Ce piercing m'avait d'ailleurs valut le surnom de "petite Vachette" pendant de longues semaines. En repensant à ce souvenir je me mis à sourire. Si elle était là elle râlerait sûrement de me voir rêvasser au lieu de me dépêcher. J'étais prête pour cette prochaine étape de ma nouvelle vie.  J'attrapais mon sac et me mis en route pour le lycée la musique dans les oreilles.

Après les quelques minutes de marche qui me séparais de ce vieux bâtiment délabré qui allait me servir de lycée, j'arriva au milieu d'une foule de jeune de mon âge parfois même plus jeune. Certains discutaient entre eux, d'autres fumaient leur cigarette en racontant leur passionnant week-end. Mon arrivée coupa bon nombre de conversations, la plupart des jeunes chuchotaient à mon passage. Voilà ce à quoi j'étais habituée depuis maintenant bientôt 2 ans. Il faut croire que les looks atypiques ne sont pas courant ici. Je sens que cette année allait être .. sympathique.

Alors que la musique résonnait dans les écouteurs et que j'étais perdu dans mes pensées, la grille s'ouvra doucement. Il était temps de rentrer dans ce qui allait être mon quotidien pour les 6 prochains mois.