𝕁𝕦𝕝𝕚𝕔𝕖

Tout commence

Nous sommes le jeudi 2 novembre il est midi passé.

Comme à mon habitude, je regarde mes notifications de Folili. Vous connaissez ce forum? Et bien, c'est le forum du magasine de Julie. Depuis bientôt 6 mois, j'y suis inscrite et déjà je sais que je ne pourrai pas fêter cette moitié d'année.

J'ai appris depuis quelques semaines  que le forum allait fermer. Manque de financement ? Manque d'inscription ? Je n'ai jamais vraiment compris. Ce que je sais en revanche, c'est que tout sera bientôt fini. Plus de messages. Plus de pseudos. Plus de rendez-vous quotidien. Plus de Folili.

Je me souviens que le jour où je l'ai appris, les larmes ont coulées. En attendant, je profite au maximum parce que le 17 novembre -dans exactement 15 jours- , mon expérience avec l'amitié virtuelle sera finie. Parce que, il ne faut pas croire, mais aucunes informations personnelles n'étaient divulgués. Aucuns moyens de se retrouver en dehors.

Des dizaines de notifications m'attendent sur le TDF, les BALs, les fictions, les journaux et les écoles. Je décide de m'asseoir sur la terrasse de mes grands-parents pour prendre le soleil tout en pianotant chaque réponse sur mon portable.

Un message en particulier retient mon attention...

"
*
*
*
...
@
gmail.
com
"

Une adresse mail était passée. L'auteure avait dû usé de stratèges pour ne pas que son message soit refusé mais toujours est-il qu'il y était.

Combien de temps suis-je restée là à faire remuer mes pensées pour savoir si oui ou non je devais envoyer un message à cette adresse? Combien de fois me suis-je répétée qu'il fallait que je le fasse pour qu'à la dernière minute j'hésite ? Combien de fois ai-je entendu la petite voix dans ma tête qui me criait que c'était peut-être un psychopathe ?

Vous l'aurez compris, cette voix n'a pas gagné sinon je ne serai pas en train d'écrire ces mots. Cette voix n'a pas gagné sinon je ne connaîtrait certainement pas Juliette. Cette voix n'a pas gagné sinon le 17 novembre, l'amitié virtuelle aurait vraiment été effacée de ma vie. Cette voix n'a donc pas gagné.

Le premier mail, hésitant mais plein d'excitation, fut envoyé le jour même à 12:08 exactement.

Puis une réponse. Cette fille se nommait Klara. On discuta comme ça de nombreuses minutes.

Je crois qu'à ce moment-là, je ne me serai jamais douté qu'à 120 kilomètres de moi, une autre faisait la même chose que moi...