Chapitre 11

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Désireuse de ne pas se laisser perturber par le refus de Bellamy qu'elle comprenait parfaitement, Clarke se concentra à nouveau sur son rôle de dirigeante suprême par intérim des Triges. À mesure que les jours s'écoulaient, la neige se fit de plus en plus rare et les arbres commencèrent à reverdir, signe que le printemps approchait et, avec lui l'intronisation de Derek au rôle de Heda.

— Non, je ne suis pas prêt !

Clarke pivota.

— Tu le seras. Écoute, tu n'as pas le choix, d'accord ? Tu es l'unique Natblida sur un rayon de cinquante kilomètres à être en âge de gouverner et...

— Et j'ai douze ans, Clarke ! répliqua le jeune homme. Pourquoi tu ne réquisitionnes pas un adulte de force, hein ? N'importe qui, je m'en tape !

La jeune femme serra les lèvres puis tourna le dos au garçon qui serra les poings et quitta l'appartement. Il était huit heures du matin et la journée commençait bien...

La porte à peine refermée, elle se rouvrait sur Goran, armé de sa besace remplie de rouleaux à lire et à signer ; Clarke soupira.

— Vous avez croisé Derek ? demanda-t-elle.

— Oui, il ne m'a même pas salué, que s'est-il passé ?

— Monsieur ne veut plus être Heda, il pense qu'il est trop jeune...

— Allons donc, encore ?

Clarke souffla par le nez.

— Je savais que je n'aurais pas dû l'autoriser à s'amuser avec les enfants des serviteurs ; ils lui ont mis des idées saugrenues dans la tête.

Goran grimaça et changea de pied d'appui, Clarke lui jeta un regard suspect.

— Non, dit-elle. Vous n'êtes pas de son avis.

Le ton était fermé et l'Intendant plissa le nez.

— Je suis désolé, Wanheda, mais vous saviez pertinemment ce que vous faisiez en prenant cet enfant comme futur Heda.

— Oui, mais je pensais qu'en bon Trige qui se respecte, il aurait à cœur de maintenant la tradition de son peuple.

— Deviendriez-vous la Chancelière des Skaikrus si votre père venait à ne plus pouvoir supporter la charge ?

Clarke ouvrit la bouche pour répondre puis la referma et se détourna.

— Qu'est-ce qu'on a aujourd'hui ? demanda-t-elle plutôt.

Comprenant que la jeune femme ne voulait plus en parler, Goran traversa la pièce et déposa sa besace sur la grande table qui servait de bureau à Clarke la journée et de table à repas aux heures définies.

.

Un peu plus tard dans la journée, alors que l'heure du repas de midi approchait, Derek reparut dans l'appartement de Clarke comme elle lisait des rapports de chasse. Elle fit mine de l'ignorer et il s'approcha de la table en silence. Quand il se racla la gorge, elle haussa un sourcil puis leva les yeux vers lui.

— Je te demande pardon, Clarke, dit-il en baissant la tête. Je n'avais pas à te parler sur ce ton, ce matin.

La jeune femme serra les lèvres puis se leva et contourna la table, les bras tendus. Derek se laissa enlacer puis recula et elle lui caressa les joues.

— Tu es un enfant, je sais, d'accord ? Mais je n'ai pas le choix... Je ne veux pas devenir Heda, je n'en ai pas le droit, pas après tout ce que j'ai fait et qui a mené Lexa à la mort.

Derek déglutit.

— Tu es une Natblida, dit-il doucement en lui prenant le poignet. Personne ne broncherait si tu décidais de devenir Heda...

✒️ RijantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant