Le printemps fut rapidement là et les arbres redevinrent verts en un rien de temps. L'air se réchauffa sensiblement et bientôt, les gros manteaux de fourrure ne furent plus nécessaires. Néanmoins, malgré le retour du printemps, une ombre approchait pour Derek, l'Intronisation. Il avait bien compris que sur ses frêles épaules reposaient le destin de tout un peuple, mais il n'avait aucune assurance d'arriver à fédérer des brutes telles que les Triges, surtout les Azgedas, aussi bien que Clarke le faisait depuis maintenant cinq longs mois.
— Il doute.
— C'est normal.
Clarke marchait le long de rues de Polis, John Murphy à ses côtés. Elle vêtue des atours de Rijant, lui de Fleimkepa, tous deux suivis par leurs gardes respectifs. Levant les yeux, la jeune femme croisa brièvement le regard d'un jeune homme dans les ombres d'un porche et il inclina la tête. Elle lui rendit son salut et reporta son attention sur ses pas.
— Penses-tu pouvoir lui faire entendre raison ? demanda-t-elle.
— Avec ce que je sais ? T'es sérieuse ?
Clarke passa sa langue sur ses lèvres ; s'arrêtant, elle fit face à John.
— Je sais, dit-il en réponse à ce qu'elle allait dire. Je n'ai pas le droit de dire la vérité, mais c'est ton fils, Clarke, ou peu s'en faut et tu vas le sacrifier...
— Pour le meilleur, John. Il fera un Heda que personne n'osera affronter, il sera craint et adoré tout à la fois.
— Tu sembles bien certaine d'une chose qui n'arrivera que dans plusieurs années... Aurais-tu vu le futur ?
Clarke déglutit et baissa le nez.
— Pas celui-ci, non... répondit-elle en reprenant sa marche.
Murphy haussa les sourcils et la rattrapa.
— Quoi ? Tu sais... ?
Elle hocha la tête.
— Mais j'aurais aimé ne rien savoir, ce sont des images atroces, des morts, des destructions... Voilà ce qui attend le monde si nous ne faisons rien.
— Et tu penses vraiment que ce que ALIE t'a montré, c'est le futur ? Il n'est pas écrit, Clarke ! Tourne à droite au lieu de gauche et tout est à refaire !
La jeune femme le regarda en haussant un sourcil ; Murphy ouvrit la bouche puis soupira.
— C'est ce que tu t'efforces de faire depuis le début... dit-il.
— J'aime Derek, John, là n'est pas la question, mais je n'étais pas censée m'attacher à lui de la sorte, il va devenir Heda, il n'a pas le choix, il est le seul Natblida à avoir échappé au massacre d'Ontari...
John serra les mâchoires en détournant la tête. Ce bref passage de sa vie était douloureux et terriblement désagréable, et il n'avait aucune envie d'y repenser. Clarke s'excusa d'une main sur son bras et il déglutit.
— Ce n'est rien, dit-il. Ça passera avec le temps, comme tout...
— Parle-moi, si tu as besoin, d'accord ?
Il hocha la tête.
— Pour en revenir à Derek, il doute, et c'est normal, il n'a que douze ans, dit-il ensuite. C'est à toi de lui faire comprendre qu'il va prendre ta suite, qu'il va devoir marcher dans tes pas, continuer ce que tu as commencé et le finir. Je sais que c'est compliqué, tu es devenue, en un rien de temps, encore plus puissante que Becca Pramheda dans l'esprit des Triges, mais tu n'es pas Heda, Clarke, tu es Rijant, tu es Wanheda et ce n'est pas à toi de gouverner.

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✒️ Rijant
Fiksyen Peminat[ROARKE] et un petit peu de [BELLARKE] La guerre est terminée et Clarke s'est isolée au bord de la mer pour panser ses blessures. Ses amis viennent la voir régulièrement pour s'assurer qu'elle va bien, et elle vit sereinement. Six mois se sont désor...