4. La visite

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 Kidou n'en revenait pas .

Devant lui se tenait, essoufflé, le brun qui l'avait tant intrigué. Les mêmes yeux bleus qui l'avaient happé la veille au soir le scrutaient méticuleusement, tandis que les lèvres gercées qui lui avaient crachées des insultes remuaient faiblement sous les accouts de sa respiration.

"... Salut..."

Sa voix éraillée contrastait avec son apparence juvénile, et le châtain ce souvint de la toux qui l'avait secoué lors de leur rencontre. Cela devait être un peu plus grave qu'un simple rhume pour que ses; cordes vocales en soit autant affectées.

" Entre. " Incita l'héritier d'un geste de la main.

Le brun se glissa par la fenêtre entrouverte et atterrit dans la chambre gigantesque de son hôte, il resta ébahit durant quelques minutes tandis qu'il promenait un regard émerveillé sur l'endroit où il se trouvait.

" - Putain... C'est pas mal chez toi ! Lança-t-il d'un ton sarcastique.

- Merci...

- T'es pas très bavard contrairement à hier dis-moi, t'as perdu ta langue ? Enchaîna-t-il en se retournant vers son interlocuteur.

- Disons que c'est la surprise qui m'a laissé sans voix... " Rétorqua Kidou en s'approchant du voleur. Ce dernier tremblait, le sweat qui lui servait de manteau était trempé par la neige et ses mains nues étaient rouges et abîmés par le vent glacial.

" - Mais tu es gelé !

- Non sans déc', c'est bizarre vu le temps qu'il fait. "

Le châtain ignora l'ironie qui imprégnait la voix de son Fudou et empoigna le bras frêle de ce dernier.

" - Qu'est-ce-que tu... ?

- Viens t'asseoir devant le feu et enlève ton sweat, il est trempé, je vais aller te chercher une couverture." Il força le brun à s'asseoir devant la grande cheminée en pierre qui trônait dans sa chambre ( une cheminée dans une chambre, Fudou trouvait ça juste délirant ), lui intima de ne pas bouger et qu'il revenait tout de suite.

Le jeune sans-abris aurait voulu pouvoir protester contre les directives que osait lui donner l'héritier mais la chaleur diffuse émanant de la cheminée embrouillait ses pensées dans une mollesse confortable.

Il avait du mal à se souvenir de la dernière fois où il s'était trouvé dans une maison au chaud, loin des emmerdes, du froid et de l'asphalte poussiéreux. C'était tellement agréable... La chaleur, la protection, le calme, il avait presque oublié à quoi ça ressemblait.

Bercé par le crépitement des flammes, il s'autorisa à fermer les yeux, la douleur aigu qui malmenait sa cheville s'estompant peu à peu au fur et à mesure que ses muscles se relaxaient dans le confort produit par la chaleur.

Alors qu'il s'apprêtait à basculer dans les bras de Morphée, un léger poids sur ses épaules le rappela à la réalité. En un claquement de doigt ( réflexe qu'il avait acquis au cours des nombreux mois passés dans la rue) il ouvrit ses paupières et se dégagea de ce qui pesait sur le haut de son dos.

Une couverture.

" - Oh excuse moi... Je ne voulais pas te réveiller. Avoua Kidou d'un air confus tout en ramassant le plaid qui s'était échoué par terre.

- Non, non, c'est bon... Je dormais pas...

- Bon, et bien ne t'en prives pas en tout cas, enchaîna le châtain en lui tendant la couverture qu'il saisit et dans laquelle il s'emmitoufla presque instantanément, tu peux te reposer sans problème ici, tu ne crains rien.

La fuiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant