En vrai, je suis malade. Genre, ça va mais pour ma mère, c'est la fin du monde. J'ai une tumeur au cerveau appelée "médulloblastome". Normalement, ce ne sont que les enfants qui l'ont, mais c'est tombé sur moi. Alors, je vis avec. J'ai survécu jusqu'à mes 17 ans, ce qui est en soit un miracle pour la médecine.
Cette tumeur ne grossit pas pour le moment mais elle altère mes mouvements. Je n'ai pas facile pour faire du roller. Je n'ai pas l'équilibre d'une personne normale. Mais je sais quand même faire plein de choses.
Je ne suis pas une fille ordinaire mais pas non plus une fille hors du commun. Je suis juste un phénomène humain avec une tumeur qui persiste a vivre dans mon cerveau super intelligent. Oui parce que quand on ne peut pas faire du sport, on étudie encore plus. J'écris des livres aussi. Mon histoire en version plus améliorée et plus romantisée par moment.
Je n'ai jamais été à l'école, parce que j'ai fait des chimiothérapies et que j'étais trop faible. Et aussi parce que j'ai perdu tous mes cheveux. Alors, j'ai suivi mes études à la maison.
Surtout, ne pensez pas que je vous dis tout ça pour avoir votre pitié. Surtout pas. Je veux juste que vous compreniez mon histoire et que vous pensiez beaucoup à moi au cours de votre lecture.
J'écris beaucoup dans un journal à la reliure fragile et à la couverture rouge. D'ailleurs, c'est ma grand-mère qui me l'a offert avant de mourir deux mois plus tard. Il me fait horriblement pensé à un livre sur mon étagère. Un petit carnet rouge de Sofia Lundberg.
Je m'appelle Lou comme le loup blanc. Ou plutôt, Lou-Ana si vous voulez le prénom complet. Pas très original les trois premières lettres ni les dernières, j'en conviens mais je me suis habituée depuis longtemps. Réunies ensemble, ça fait un certain charme à mes yeux.
Ah oui, au fait, mon voisin est un vrai canon. Je craque sur lui depuis bientôt trois ans mais je ne lui ai jamais adressé la parole. Il habite dans la maison d'à coté, une superbe villa avec piscine. Il est extrêmement sportif mais pas trop non plus. Dès que son prénom résonne dans ma tête, je pense à ses magnifiques yeux verts avec une pointe d'or au centre, des cheveux blonds grâce au soleil et un corps de rêve. Mais pour être honnête, je ne regarde jamais au physique. Je sais que c'est un mec adorable, qui aide tout le monde, tond les gazons pour se faire de l'argent, promène les chiens, fait du baby-sitting. Il fait tout et pourtant, ça ne le féminise même pas. Tout ce qu'il fait, le rend meilleur à mes yeux.
Chaque jour, je le regarde passer devant ma maison dans sa belle voiture. Jusqu'ici, je crois qu'il ne m'a jamais vue. Et si il sait que je l'espionne...Je n'oserais même pas imaginer sa réaction. Ça fait trop...psychopathe. Mais que voulez-vous ? Je m'ennuie. Alors, il faut bien que je trouve une occupation. Et il m'intrigue.
Je vis seule avec ma mère et ma sœur de deux ans ma cadette, Annie. Elle au moins, elle a une vie comme les autres. Et je l'envie beaucoup pour ça. Elle ne passe pas son existence à l'hôpital alors que moi si. Et maman ne la couve pas autant que moi.
- Lou ? Crie une voix un étage sous le mien.
Maman. Notre maison n'est pas très petite, alors il faut vraiment crier pour se faire entendre.
- Quoi ? Je réponds en me détachant de ma fenêtre.
La chambre à coté de la mienne, laisse échapper du rock à tout va. Ça m'agresse littéralement les tympans. En passant devant la porte de ma sœur, je frappe assez fort pour qu'elle m'entende.
- Baisse le son de ta musique, Annie ! S'il te plait.
Je l'entends râler mais elle ne baisse pas le volume pour autant. Elle change ensuite complètement de registre pour mettre ce que les adolescents de nos jours appellent ça de la musique. Une chanson rempli d'injures, de mots crus et de conneries criés en même temps. Je hausse les épaules en soufflant. Elle est en pleine crise d'adolescence. Je descends en bas rejoindre ma mère. C'est l'heure de prendre ma température. Quand ma mère a appris que j'avais une tumeur, elle a pris des cours du soir pour pouvoir faire certains soins à la maison.
Je la rejoins dans la cuisine et m'assois sur le plan de travail. Maman est en train de cuisiner un plat typiquement italien qui sent atrocement bon. Elle se détourne de la casserole pour me fourrer le thermomètre dans la bouche. Quand l'objet fait bip, elle le retire.
- Parfait, dit maman. Tiens, prends donc un muffin, ma puce. Tu as l'air d'avoir très faim. Alors, que vas-tu faire ce soir ?
Elle me lance un clin d'œil et je fais pareil en sautillant vers les grandes baies vitrées qui mènent au jardin. Sur un fauteuil, trône mon appareil photo et je le prends, l'allumant. Je fais plusieurs photos de ma mère, la prenant sur le fait. Quel que soit les grimaces qu'elle fait, elle reste magnifique. Toujours.
- Surprise. Non, je déconne. Je vais sans doute regarder un film et vers deux heures du matin, je vais aller faire un petit tour sur la plage. Docteur Lele m'attend pour les bébés tortues. C'est le grand soir, je déclare toute excitée. Elle m'a promis que je pourrais faire autant de photos que je veux, surtout des étoiles !
Ce que vous ne savez pas encore, c'est que je suis pour la protection des animaux. J'aide une scientifique à amener les bébés tortues vers la mer sans encombre, pendant la pleine lune. Et l'astronomie m'intéresse énormément.
- C'est génial ça ! Fais attention à toi alors et téléphone-moi sur le champ si il y a un problème, d'accord ? Et n'oublie pas ton anorak. Il va faire frais cette nuit. Je ne veux pas que tu tombes malade.
J'hoche vivement la tête. Ma mère me laisse tout faire. Ok, pas tout mais presque. Je ne fais jamais de bêtise et ne me mets pas en danger inutilement, alors elle ne s'inquiète pas trop pour moi. Mais je sais que ça ne sert pas à grand chose. Le soir, je l'entends pleurer dans sa chambre même si la porte est fermée. Il suffit juste que je colle mon oreille au mur. Et ça me déprime plus encore. Ma mère doit souffrir bien plus que moi, je le sais bien pourtant, c'et moi suis malade. C'est moi qui vis avec une tumeur tenace et pas elle. Mais je la comprends. Elle a sans cesse peur que je meurs que ce soit en pleine nuit pendant mon sommeil ou là tout de suite, dans la cuisine.
Mais même moi, je ne sais pas si je vais vivre autant d'année que je le souhaiterais. Ce serait bien que j'atteigne la majorité.
- Pas de vomissement, ni d'interruptions de sommeil ?
Comme d'habitude, je réponds par la négative. Si je lui dis un jour non, ce sera la catastrophe, ça je le sais.
- Tant mieux.
Elle me sourit, prends un verre, le remplis d'eau puis me le tends avec un clin d'œil. Je souris à mon tour.
Ce que personne ne peut savoir, à part peut-être les étoiles, est que cette nuit sera une des plus belles de ma vie. Car je vais faire une rencontre qui va bouleverser ma vie à jamais.
*****
Bonjour ! J'espère que vous allez bien ? C'est encore une nouvelle histoire d'amour entre adolescents. J'espère qu'elle vous touchera. Elle parle un peu de la maladie. Je tiens à vous rappeler que c'est une fiction, je ne connais pas tous les symptômes de la maladie. De temps en temps, c'est fictif donc pas de panique.
Voilà ! Bisous
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Nos astres opposés
RomanceLou a dix-sept ans lorsqu'elle rencontre Isaac, son voisin. Elle le connaissait déjà avant mais ils ne s'étaient jamais parlés et à peine vu au cours de leurs existences. C'est à la tombée de la nuit qu'ils sont parlés pour la première fois. Et ce...