M

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M comme magique.

C'est vrai que l'amour, ça a cet étrange pouvoir.
Le pouvoir de rendre le monde plus beau.

D'embellir la réalité.

De mettre une sorte de filtre devant nos yeux, qui nous fait voir le monde en rose.

Quand t'es amoureux, t'as l'impression que la vie est belle, que tout va pour le mieux. T'es heureux pour un rien, tu souris pour pas grand-chose.

T'as l'air d'un imbécile. Mais d'un imbécile heureux.

Même quand tout va mal, quand ta vie c'est de la merde, il suffit que tu le voies pour aller mieux.
Il suffit de le voir heureux pour recouvrer le sourire.

M comme magnifique.

C'est ce qu'ils disent tous.
Avant d'être blessé et trompé.

Parce que d'accord, l'amour ça peut-être beau, mais il ne faut pas non plus oublier le côté obscur de ce sentiment.

Qui te fait te sentir bien, mais qui te poignarde par-derrière sans prévenir.

Les gens sont bêtes.
Ou plutôt, les gens amoureux sont bêtes.

Bêtes de croire que le M dans Amour signifie magnifique.

Ce n'est pas M comme magnifique.
C'est M comme moche.
M comme maléfique.
M comme malfaisant.
M comme mélancolique.
Et surtout, M comme mauvais.

M comme malicieux.

Oui, ma vision de l'amour est péjorative.
Je ne suis pas d'humeur, aujourd'hui.

Je crois que je deviens jalouse.
Et ça m'énerve.

Je l'ai vu traîner avec une autre fille, ce matin.
Une brune, assez mystérieuse.
Qui m'agace, alors que je ne la connais même pas.

Je la déteste.

Alors qu'elle n'a fait que parler avec Armin.

J'ai honte.

En plus, je lui ai fait la tête toute la journée, sans qu'il n'en sache la raison.

Je l'appelerai sans doute tout à l'heure pour m'excuser de mon comportement.
Sans lui en avouer la raison, bien entendu.
Je suis trop fière pour cela.

L'amour, c'est malicieux, parce que ça prend un malin plaisir à jouer avec tes sentiments.

M comme misérable.

C'est ce que je ressens, en ce moment.

J'ai appelé Armin pour m'excuser.
Il a décroché.
Et rien que d'entendre sa respiration à l'autre bout du fil m'a donné des frissons.

J'ai réussi à aligner mes mots sans bégailler, malgré le ton de ma voix hésitant et les battements de mon coeur qui s'accélèraient au fur et à mesure de la conversation.

Parce que d'habitude, je n'arrive même pas à articuler une phrase complète.

C'est misérable.

Surtout qu'ensuite, je lui ai raccroché au nez sans faire exprès, en collant mon oreille au téléphone.

J'ai dû le rappeler encore une fois pour m'excuser.

C'est doublement misérable.

M comme merdique.

Ça résume assez bien la chose non ?

L'amour, ça te prend aux tripes, au coeur et à la tête.
Ça te manipule.
Ça te fait devenir dépendant.

L'amour, ça pue.
Et ça tue sûrement.

Parce que ça t'enlève le contrôle.
Ça te fait dire des choses que tu ne voulais pas dire.
Ce te fait faire des trucs que tu ne voulais pas faire.
Ça te fait faire des conneries.
Oh oui.

Parce qu'avant de se quitter, Armin me l'a dit.

Et j'ai raccroché.

Sans lui répondre.

Parce que j'ai peur.
Et que je suis une lâche.

L'amour est paradoxal.

Parce que même si les trois petits mots qu'il avait murmurés à l'autre bout du fil m'avaient comblé de bonheur,
Même si les larmes de joie avaient menacé de couler,
Ce n'est pas ce sentiment de bonheur qui a pris le dessus.
C'est la peur.

La peur de souffrir après.
La peur de regretter.
La peur d'être abandonnée.
La peur d'être jetée.

Alors je n'ai pas décroché, quand il a tenté de m'appeler encore une fois.
Puis une autre.
Et encore une autre.

J'étais trop occupé à pleurer.
Pleurer, parce que j'avais mal.
Pleurer, parce que je suis conne.
Pleurer, parce que ça faisait du bien.
Mais surtout, pleurer, parce que cette situation me fait chier.

Cette situation, est merdique.

L'Amour avec un grand AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant