LE GARÇON DE CINQ MINUTES

11.

Aaron est retourné à sa place. Un proche est actuellement en train de rendre hommage à Jacob, mais il n'écoute pas.

Toutes ses pensées se dirigent vers le garçon de cinq minutes. Qu'est-ce qu'il vient faire là, à l'enterrement de son meilleur ami ? Les deux se connaissaient-ils sans qu'Aaron n'en soit au courant ? Le brun commence à croire qu'il ne savait pas qui étaient vraiment les fréquentations de Jacob. D'abord Lise, et maintenant ce gars croisé à la station de métro. 

Les interrogations s'additionnent dans l'esprit d'Aaron et il en a assez d'en avoir autant. Il est déjà tellement paumé avec la mort de ses deux amis que continuer à se poser des questions lui donne mal au crâne. Il y en a trop, beaucoup, beaucoup, beaucoup trop. Qu'est-ce que Lise faisait là ce soir précis dans la voiture de Jacob ? Pourquoi a-t-il perdu le contrôle de son véhicule ? Ce n'était pas qu'à cause de la pluie et de la nuit, si ? Et maintenant, qui est ce fichu garçon de cinq minutes et quelle est la raison de sa présence aux funérailles ?

Tout tourne en boucle et Aaron n'en peut plus. Il a besoin de réponses, alors il se lève. Sa mère l'attrape par le bras, surprise, et lui demande :

— Chéri, qu'est-ce que tu fais ?

— Aaron, ça va ? interroge Danaé.

— Je... j'ai besoin d'être tout seul. J'en peux plus.

Rosa comprend et le laisse partir. Il perçoit le sourire attentionné de Danaé avant de se diriger vers le fond de la foule.

C'est là qu'il l'a vu, le garçon de cinq minutes, appuyé contre un arbre, tout seul, habillé en habits sombres. Lorsqu'il a croisé son regard, il a eu du mal à le lâcher. Tout semblait étrangement intense avec ce mystérieux adolescent, comme s'il dégageait une aura énigmatique, attractive et impénétrable à la fois. Ou alors Aaron est devenu complètement barjo, au choix.

Hâtivement, il marche jusqu'à arriver à l'endroit où le garçon de cinq minutes se trouvait. Et où il était censé se trouver, parce que, quand il y arrive, Aaron ne voit personne : il est parti. À l'horizon, il croit apercevoir une silhouette vêtue de noire, mais peut-être qu'il se trompe.

Il reste là pendant quelques minutes, perdu, tellement perdu qu'il a cru voir un garçon croisé au métro aux funérailles de son meilleur ami. Peut-être qu'au fond, il perd simplement la tête.