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Mélissa, ma meilleure amie, ma plus douce amante, m'avait une fois de plus fait faux bond. Je devais me rendre à un mariage. Elle était censée être ma cavalière. Et ce matin après m'avoir délicieusement réveillée avec sa bouche gourmande et ses doigts espiègles, elle me regarda avec sa petite moue boudeuse, les lèvres encore brillantes de l'humide plaisir que nous avions partagé et elle m'annonça :

‒ Ma douce, je ne vais pas venir.

‒ Où ?

‒ Au mariage.

‒ O.K.

Je n'ai rien dit d'autre, juste O.K.

Je savais très bien que c'était sans appel. Mélissa ne changeait jamais d'avis, même quand elle avait tort, même pour moi. Elle était trop fière pour ça. Parfois cette façon d'être autant sûre d'elle, jusqu'à la mauvaise fois me donnait des envies de meurtre. Mais en y repensant, en regardant ce corps nue et soyeux, en caressant de ma langue le bout de ses seins, en mordillant le haut de ses fesses, je savais que c'était cela aussi qui m'avait séduite, son caractère d'amazone arrogante.

Elle ne transigeait jamais mais dès que l'on se retrouvait seules, au détour d'un trop long trajet, sur un parking désert au milieu de la nuit, dans les toilettes d'un restaurant chic où plus simplement au coin de la cheminée en hiver ou au bord de la piscine en été, elle se transformait. Mélissa se faisait tour à tour maitresse insoumise ou amante dévouée. Elle avait su révéler en moi une sensualité décomplexée, me guidant avec concupiscence et faisant ressentir à mon corps des plaisirs insoupçonnés.

‒ Tu seras punie, dis-je seulement, taquine.

J'enfonçais alors deux doigts profondément dans sa chatte, lui tirant les cheveux en arrière pour l'embrasser goulûment, prémices de son châtiment à venir. Mélissa s'agrippe à mes fesses mais avant qu'elle n'ait le temps de de retourner s'amuser avec mon clitoris, je m'échappe doucement de la chambre.

Je me lève donc la première et réalise que je vais vraiment aller à ce mariage seule. Sans elle. La poisse. Malgré mon apparent détachement je rechigne et râle. Tout cet amour gluant et ces sourires forcés m'agacent déjà. Je râle donc, intérieurement. Intérieurement seulement car je suis un petit peu le témoin du marié, alors, je crois bien que je n'ai plus trop le choix, je suis bien obligée d'y aller !

Ah ! Mon marié... Enfin je veux dire le marié ! Pour faire court, mon meilleur ami d'enfance, sex-friend à l'université et confident de toujours. Certainement l'homme de ma vie, ma plus belle rencontre, ma plus grande déception.

Il voulait construire et moi je voulais vivre. Vivre entre ses bras, entre ses draps. Et aussi ceux d'autres partenaires. Je l'aimais trop pour l'aimer bien. Je ne m'aimais pas assez pour n'aimer que lui.

Aujourd'hui j'ai grandi. J'ai appris à m'aimer, à me trouver belle, intéressante et même rigolote ! Je vais donc à son mariage, confiante, plus rayonnante que jamais. Solaire.

Respect, fidélité, etc.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant