Hiver 2017 - première partie.

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Hiver 2017.

Charlotte me sort de ma torpeur en me donnant un léger coup de coude. Je cligne des yeux, dérive mon regard de là où il était porté il y a quelques secondes. Le tapis du salon sur lequel Harry est assis en train de jouer avec Ernest et Doris. Devant la télévision allumée, ils rient tous les trois. Mon cœur se réchauffe à chaque fois que ce genre de scène se déroule.

– Ça doit faire dix minutes que tu le dévores du regard, faudrait sérieusement que tu arrêtes ou alors que tu lui avoues tout.

– Je n'ai rien à avouer.

– Un jour ou l'autre, il faudra bien que tu le fasses, parce qu'il ne va pas rester célibataire toute sa vie tu sais.

– Il fait ce qu'il veut, nous ne sommes plus... je me coupe et me retiens de pousser un soupir, je n'ai rien à lui dire et il ne me doit rien non plus.

Ma sœur lève les yeux au ciel, mais elle me regarde avec ce sourire que je déteste. Ce sourire qui me ferait presque rougir. A mon tour, je lui donne un petit coup de coude et elle secoue la tête. Je sais qu'elle veut m'aider, je lui en suis reconnaissant, mais ça ne ferait que remuer le couteau dans la plaie. Je n'ai pas réellement besoin de ça.

Elle a tout de suite compris, en me voyant revenir l'été dernier avec un sourire sur les lèvres, que j'avais retrouvé Harry. Mais quand je lui ai précisé que nous n'étions plus qu'amis, elle a perdu le sien. Je n'ai pas eu à lui expliquer pour qu'elle comprenne que je ne le verrais sûrement jamais comme tel.

Seulement, c'est ainsi qu'Harry est de retour dans ma vie. Et je l'accepte. Parce que je préfère cette forme de relation platonique entre nous, plutôt que ne plus jamais avoir de place dans son existence. Même si au départ, ça n'a pas tout de suite été simple.

Nous nous sommes vus régulièrement le reste de son séjour chez ses grands-parents, mais les gestes et les conversations étaient gênés et maladroits les premières semaines. Son regard fuyait souvent le mien, il mettait une certaine distance entre nous pour ne pas que nos corps se touchent ou se frôlent ne serait-ce qu'un tout petit peu. Je me suis senti blessé et honteux.

J'ai pu lui expliquer en détails mes problèmes, les motivations qui m'ont poussé à ne pas lui avoir répondu. La mort de ma mère, encore gravée en nous et pour toujours, mes anciennes relations assez toxiques, mon talent pour détruire chaque poignée de bonheur qui s'offre à moi. Je pense qu'il a compris, il m'avait pris dans ses bras parce que je m'étais mit à pleurer. Mais encore aujourd'hui, je ne sais pas s'il m'a pardonné. Nous n'en avons jamais réellement reparlé depuis.

Quand il est rentré chez lui à la fin du mois d'Août, nous avons continué à correspondre par messages, parfois on s'appelait le week-end et nous nous racontions plus en détails notre semaine. La vie a repris son chemin comme ça. Jusqu'à cet hiver. Je l'ai vu environ une semaine aux vacances d'automne, il m'a terriblement manqué. Encore aujourd'hui, même s'il est devant moi, il me manque. C'est le Harry libre et sans barrières qui me manque. Celui qui ne réfléchit pas à ce qu'il doit dire ou faire, celui qui ne se retient pas de me prendre dans ses bras ou me faire des compliments.

Malgré tout, je dois dire qu'il y a du progrès depuis Juillet. Nous partageons souvent des fous rires, nous faisons des sorties rien qu'à deux. Je pense que nous sommes un peu comme des meilleurs amis. Je déteste ça. Je suis proche de lui, mais je ne peux pas le toucher, je ne peux pas lui prendre la main pour lier nos doigts, embrasser sa fossette lorsqu'il sourit, ou simplement lui dire que je l'aime. Et ça me tue.

Je me contente de ce qu'il m'offre, c'est déjà énorme. Je l'ai retrouvé et c'est ce qui compte. Mon sourire aussi est revenu, ça fait du bien à tout le monde de ne plus avoir cette ambiance pesante au dessus de la tête.

Réminiscence || Larry.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant