Prologue

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Je regarde la pluie tomber sur la dalle de marbre, relisant encore et encore les inscriptions.

"RICHARD JONES, 1963-2014"

Lui aussi il est parti. Il est parti comme elle.

"ELENA JONES NEE DUMONT, 1974-2001"

Les deux pierres tombales sont côte à côte, presque enlacées, les doigts froids de la pluie les chatouillent et on s'attend à ce qu'elles ouvrent leur bouche de pierre pour s'esclaffer de deux rires rauques et ténébreux.

Howard, qui tient le parapluie depuis maintenant une heure, regarde sa montre puis commence doucement :

- Mademoiselle, nous ferions mieux de rentrer à présent. Il est l'heure du dîner et je ne voudrais pas que vous attrapiez froid...

- Encore un peu, murmurais-je en me serrant un peu plus dans mon imper noir, juste quelques minutes...

Malgré le parapluie au dessus de ma tête, quelques gouttes fraîches d'automne viennent s'écraser sur mes chevilles recouvertes d'un fin collant noir.

Il y a tellement de choses que j'aurais aimé leur dire... Surtout à elle mais lors de sa disparition, je n'avais que six ans. Je n'avais pas encore conscience que la mort nous attend au tournant, qu'il ne faut pas seulement penser mais également agir pour ne pas le regretter après. Plus tard, lorsque j'ai compris cela, un remord amer s'est emparé de ma personne et j'ai toujours regretté de ne pas avoir agit comme je le pensais. Je me souviens exactement de ce jour. J'étais là, à quelques centimètres à peine de là où je me tiens à présent. Je me souviens combien Camille, ma nourrice, m'avait faite belle. Elle avait sortit la robe que je préferais après la rose : la noire recouverte de dentelle et cintrée à la taille par une petite ceinture surmontée d'un petit noeud noir lui aussi, et qui cachait si bien ce petit ventre rebondi de l'enfant que j'étais. Je portais également un collant épais ainsi que des babies vernies pour l'occasion. Dans les cheveux couleur chocolat qui encadraient mes petites joues rebondies, Camille avait ajouté un serre-tête noir assorti à la ceinture puis m'avait aidé à enfiler un petit gilet noir pour couvrir mes bras nus. Lorsque je m'étais regardée dans le miroir du dressing, je m'étais senti grande et ce n'est que lorsque je me suis retrouvée à côté de mon père que je me suis trouvée petite.

Affublé d'un grand chapeau, je voyais les larmes rouler sur ses joues légèrement barbues. J'ai alors glissé ma petite main dans la sienne et lui ai souris comme je pouvais mais il ne me regardait pas. Maintenant que je me retrouve seule, à qui puis-je serrer la main ? Avec qui puis-je pleurer ? Personne car je suis désormais orpheline sans frère ni soeur. Enfin... Peut-on dire d'une jeune fille de dix-neuf ans qu'elle est orpheline ?

Une boule dans ma gorge remonte doucement, l'air de rien mais je retiens mon émotion avec ardeur. Je ne dois pas craquer, je n'aime pas qu'on me voit pleurer. Pour chasser mes larmes, je lâche simplement "on rentre" avant de me diriger vers l'immense villa qui dresse fièrement sa pierre blanche sous la pluie d'automne, défiant les nuages noirs qui cachent le soleil et mon sourire.

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Petite note d'auteur :)

Voilà ! c'est la première fiction que je publie sur un site comme celui ci j espere que ça plaira !

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Un amour de vampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant