Ever [Publication en pause]

Chapitre 4

                      "Spectateur impuissant d'une scène de théâtre que je ne peux plus arrêter"

Un calme Olympien règne dans ma chambre. Je fixe l'aiguille qui tourne en rond encore et encore : il est dix-sept heures trente. Je végète dans mon lit en repensant à ma discussion de la veille, le sourire aux lèvres.

Je reste encore cinq bonnes minutes enroulée dans mon drap, puis me dirige vers la salle de bain. Je me déshabille et enlève délicatement mon collier puis le pose sur le bord du lavabo. Je m'introduis dans la douche et referme la paroi vitrée derrière moi. L'eau chaude dégouline sur mon corps, je pourrais rester là une éternité.

Après un bon quart d'heure, j'émerge enfin de la douche, et m'installe sur mon ordinateur

J'éjecte la clé USB : aujourd'hui c'est décidé, je dois me changer les idées, je la range - avec mon collier- dans une petite boîte sur ma table de chevet, puis je quitte ma chambre et pousse la porte du salon. Ma mère ne lève même pas la tête à mon arrivée, trop occupée à argumenter avec ma tante et chercher des solutions.

Je sors alors, sans bruits, et enfourche mon vélo.

Je branche mes écouteurs et me dirige vers le pont, en direction de la cité Est...

Téléphone ►Écouteurs ► Amnesia -5SOS-

Il se fait tard et le soleil se couche peu à peu. Un immeuble -toujours en construction- sur ma gauche semble désert, je grimpe sur les échafaudages pour arriver jusqu'au toit.

Assise au bord du vide, de ma cachette ouverte j'observe un monde que je viens à peine de découvrir...

À quelques dizaines de mètres sous mes pieds, la cité Est, enfouis sous les graffitis qui s'engouffrent dans les ruelles sombres... Mon regard se précipite vers le vide interminable, jusqu'à buter sur les platanes dégarnis qui ornent l'allée.

Je suis restée sans bouger, pendant ce qui m'a paru une éternité. Plus rien ne venait troubler ce silence, si profond.

Aujourd'hui malgré l'éclairage ambiant, les étoiles sont particulièrement visibles et dispersent leur clarté sur le fleuve paré de reflets argentés. En cette soirée d'avril, qui s'achève lentement en laissant mourir peu à peu les étoiles pour faire place aux premiers rayons de soleil, Peminton et ses bourdonnements nocturnes me paraissent plus resplendissants que jamais.

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Il est sept heures, le réveil est difficile : je suis rentrée tard hier soir. Je prépare mon sac et pars pour une nouvelle journée. Jeudi. Aujourd'hui, le plan continue, je dois filmer le couloir pour comprendre que pourrait être le point commun entre ces trois croix.

Le trafic est dense ce matin, le chauffeur de bus, tendu, lance des jurons à chaque conducteur qui oserait le regarder de travers... Un homme à ma droite est en train de lire un livre, coupé du monde, il semble indifférent à toutes les ondes négatives envoyées par le chauffeur. Il a l'air serein, paisible...

Les cris énervés de l'autre homme m'affectent de plus en plus, ma gorge se serre, une douleur vient frapper ma tête. Je doute. Et si je faisais tout ça pour rien ? Pourquoi savoir ce qui se cachait derrière ces croix m'était si important ?
Je ne savais même pas si tout ça avait un sens...

Le chauffeur ouvre les portes du bus devant la porte du lycée, ils sors en allumant une cigarette pour se calmer. Je descends lentement du car.

À la sortie, Gabriel trace en esquivant mon regard.

- Gabby !

Il se retourne :

- Ah salut Mei ! Réponds-il platement.

Il semble distant.

- Ça fait longtemps qu'on n'a pas discuté... Ça va ? Dis-je.