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Il était minuit. Minuit passé.
On était à une soirée. Une soirée bien alcoolisée.

On était chez Analie, ce soir-là. Y avait tout pour qu'ça tourne mal, et on a rien vu v'nir. Y avait beaucoup d'alcool, un peu de drogue, de la musique forte, et pas mal d'couples qui s'galochaient sur les canapés, dans la cuisine, dans les escaliers... On l'sentait v'nir, le dérapage.

J'sais même pas comment c'est arrivé, mais t'étais là et j'étais là, sur l'canapé. On s'regardait. Nos visages étaient impassibles.
Blasés.
Vides.
Et un peu tristes aussi.

Je sais pas pourquoi on s'regardait comme ça. Peut-être qu'on parlait avec nos yeux. On parlait d'toi. On parlait d'moi. Puis on a parlé d'notre solitude.
Alors dans nos r'gards s'est allumée une flamme noire.
Dans nos r'gards s'est allumée une flamme rouge.
S'est allumée une flamme rose.
Une flamme violette.

La flamme d'la luxure.
La flamme du désir.

On était sur l'canapé du salon. Moi j'tais allongée, et t'es v'nu t'asseoir à l'autre bout du canapé. J'ai r'plié mes jambes pour t'faire d'la place, mais toi, tu les as prises dans tes mains et tu les as posées sur tes genoux.

Et moi j'me suis même pas dit que c'tait bizarre, Eros. J'me suis juste dit qu't'étais un gars sympa. Et c'est vrai qu't'es un gars sympa, Eros. D'habitude t'es un ange. Mais là, t'es d'venu un démon, Eros.

Peu à peu t'as posé tes mains d'ssus. Puis t'as laissé tes doigts courir le long d'mes jambes. Tes doigts, ils sont allés sur mes cuisses, ils sont allés dans les trous de mon pantalon. Celui qu'j'ai sur l'genou, celui qu'j'ai sur la cuisse, et celui qu'j'ai juste en d'ssous d'ma poche.

Et moi j'me suis même pas dit que c'tait bizarre, Eros.

erosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant