Nous c'est Beau

1-La rentrée

-> PDV Alex

Je colle ma tête contre la vitre. Je peux entendre mon cœur battre même avec ma musique à fond dans mes oreilles. Inquiétant : je stresse beaucoup trop. Et dans ces moments là je sais pas me contrôler. Bon, okay, faut que je me calme, c'est juste la rentrée et c'est la 14ème que je fais de ma vie donc faut juste que je me focalise sur ma respiration et que je pense à mes potes. Même si c'est des connards, je les aime putain.

Le bus s'arrête; je sors, doucement puis sûrement et je pars dans la cour du lycée. Quand j'arrive vers eux, ils se sautent dans les bras, visiblement heureux. La liste est à quelques mètres, ils doivent déjà connaitre leur classe. Pourtant quand ils m'aperçoivent ils se calment et me disent:

<< - Salut Alex! Heu... T'es allée voir la liste?  la voix de Marion tremblait; quelque chose n'allait pas. Je ne pris même pas la peine de les saluer et partis directement aller voir les classes.

Choc brutal. Tout mes muscles se relâchent et je vois trouble. Je. Suis. Seule. Totalement seule. Ayant déjà vécue l'expérience en 5ème, être seule ne me réussit jamais. Je vous avoue que la seule image en tête que j'ai à ce moment là c'est : moi galérant à trouver des gens avec qui se mettre en travail de groupe, moi seule en sport lorsque tout le monde se parle, moi qui mange seule à une table à la cantine... Bref, de la merde. Déjà que c'était pas la joie depuis quelques temps, mais là c'est vraiment la merde. 

Je suis en 1°3. Je pars vers ma salle sans regarder mes "amis" quand soudain je sens une forte pression sur mon bras me stoppant dans mon élan. Romain. Super. Lui est en classe avec toute la bande et visiblement, ça le dérangeait d'être sans moi, ou, en tout cas, il avait un minimum d'empathie.

- Je suis tellement dégoûté que tu sois pas avec nous... heu... je sais pas quoi te dire... Tu vas y arriver j'en suis sûr, si ça va pas appelle moi. T'es en quelle salle?

-Je suis en salle 18 mais entre le fait que vous vous voyez sans moi et...>>

*La sonnerie retentit* J'avais oubliée à quel point ce bruit était désagréable.

J'avais cours de français, 2h. Entre les deux heures, la prof eu l'idée de nous laisser 5 minutes de pause. Comme si de rien n'était, pendant que tout le monde sortait, je pris mon carnet de croquis et commençai à dessiner le visage d'une femme d'une quarantaine d'années.

<< - Mec viens voir on a une artiste dans la classe! le mec en question n'écoutait même pas ce garçon penché sur mon dessin et il gardait les yeux fermés, concentré sur sa musique. 

- Je suis pas une artiste, mais merci! J'essayais d'être sociable, chose difficile pour moi.

- Bah en tout cas tu dessines bien. Moi c'est Noé et toi? il avait un air joueur qui m'énervais mais je ne laissa rien paraître. 

- Anna mais appelle moi Alex plutôt, j'aime pas mon prénom. Le pote de Noé se redressa de sa chaise, enleva ses écouteurs, me regarda de haut en bas comme si il voulait dans la seconde suivante énumérer chacun de mes défauts puis ouvrit la bouche. Trois secondes s'écoulèrent puis il finit par refermer sa bouche et sortit de son sac un livre qu'il commença à lire attentivement. Je fronçai les sourcils; il est trop bizarre. 

-Bon ben bye Alex hein!>> Et il partit en rigolant, son ami restant de marbre.

Durant la journée, aucune des filles de la classe ne vinrent me parler. Elles avaient toutes le même profil : dernier Iphone, leggings ou jean moulant, pull uni ou fausse veste en cuir noire avec des baskets blanches et un air faussement décontracté. 

Comme dirait Orelsan : la classe moyenne, moyennement classe. 

Je me mis à penser que heureusement personne ne peut lire mes pensées, car dans ce cas là je serai clairement la fille la plus détestée de la terre.

À midi, je ne pris pas la peine de manger au self et je sortis du lycée et marchais dans la ville pendant une heure, la musique de ma playlist sortant de mes écouteurs, mais moins fort cette fois. 

Au final, le plus dur fût ma dernière heure de cours d'histoire pendant laquelle deux idées tournaient en boucle dans ma tête : manger et sortir d'ici.