ENDLESS SUMMER Tome 1 (Sous Contrat D'édition avec Shingfoo)

SUMMER #1

Tout est maussade aujourd'hui. Dans mon cœur, dans mes pensées et dehors. Il fait un temps à la neige et je peux sentir l'air frais passer à travers mes fenêtres. Je frotte mes bras avec mes mains. J'ai froid. J'attrape un chandail que j'enfile. Je ne veux plus de cette vie. J'en ai ras le bol. Je regarde dans la cour qui donne sur la place du quartier. Les guetteurs sont là et attendent patiemment que les clients défilent. Ma mère en première ligne.

La porte claque et tiens, quand on parle du loup...

Il est 8h du matin et je ne sais pas où elle a passé la nuit. Je reste dans ma chambre, je n'ai plus de mots pour lui faire prendre conscience de son état et des solutions que l'on pourrait mettre en place pour qu'elle s'en sorte. Elle ne veut pas s'en sortir et moi j'ai des projets et je ne veux pas mettre ma vie entre parenthèses.

Plus maintenant.

J'attrape mon téléphone. Je ne regarde même pas l'heure qu'il est. Mais je me fous du décalage horaire, je vais le réveiller mais je n'en peux plus.

- Allo ?

Sa voix est rauque. Un silence s'installe et je comprends qu'il se lève.

- Summer ?

- Je ne peux plus Travis.... Je veux partir d'ici.

***

Quelques jours plus tard.

J'entends les hurlements de ma mère de l'autre côté du couloir et j'essaie de mettre la musique beaucoup plus forte pour ne plus à avoir à subir ça. Mon oncle est entrain de lui expliquer qu'elle va intégrer une clinique pour effectuer une énième cure de désintox et que cette fois-ci, il m'emmène avec lui sur l'île d'Hawaii.

Je ne suis pas contre l'idée bien au contraire, qui ne rêverait pas de s'installer sur cette île paradisiaque?

Je regarde par la fenêtre et il neige énormément. A mon avis, on ne prendra pas l'avion ce soir.

- Tu ne me prendras pas ma fille !!

La porte de la chambre de ma mère claque. Je tourne la tête vers le couloir. Je peux entendre ses pleurs. Moi je n'arrive plus à pleurer. J'ai tellement subi sa déchéance.

Mon oncle fait son apparition. Il me regarde, attristé.

- C'est la seule solution que j'ai trouvée me dit-il.

J'hoche la tête. Je sais qu'il essaie de faire de son mieux.

- Tes affaires sont prêtes ?

- Oui.

Je regarde à travers les carreaux de ma chambre.

- C'est pas sûr qu'on puisse partir, en plus il fait un froid sibérien ici.

Je souris. Il est habillé d'une chemise hawaïenne ridicule et complètement à contre-courant ici à Detroit.

Je crois que rien ne va me manquer ici. Je n'ai pas plus d'amis que ça, vu que j'évitais de faire venir du monde à la maison. Et puis surtout, je ne sortais plus dans ce quartier pourri. Une agression a eu raison de mon envie de me balader.

Je hais cette ville et je hais cette vie.

***

Honolulu, quelques semaines plus tard.

Ne plus avoir à affronter la mine défaite de ma mère allongée sur son canapé et inconsciente d'avoir pris trop de drogue, je reste à la fenêtre à me remémorer les souvenirs douloureux.