LE FER ROUGE

CHALEUR

                                                                                         

Je le sens. Vous me fixez, vous m'analysez dans le but de trouver ma faille. Vous le voyez, c'est sûr il y a quelque chose qui ne va pas chez moi. Ce n'est pourtant pas marqué sur mon front si ?

Tout est de sa faute. Il m'a marquée, il m'a faite sienne, contre mon gré. Je ne pensais pas comprendre, jusqu'à ce que cela m'arrive... Vous savez le genre de situation qui n'arrive qu'aux autres, on pense être protégés, intouchables. Mais c'est faux. Je ne vous dirais pas mon prénom, je suis souillée, comme ce nom qu'il n'a cessé de murmurer quand il m'a brûlée. Oui, j'ai vécu ça comme de la torture et encore, je trouve que le terme est trop faible. Je pense que vous avez compris à travers mes mots ce qu'il m'a fait, mais je ne peux pas écrire ce mot, c'est trop douloureux... Je me rappelle encore de « L'après » c'est à ce moment là que j'ai senti que ce mot était ancré en moi, avec cette impression que le monde entier devine mon fardeau. 

Je suis peut-être parano me direz-vous, car il est vrai que personne de mon entourage ne sais ce qu'il s'est réellement passé. Ils ont vu que j'allais mal, mais ils ne savent pas quel mal précis me consumais. Mes parents se sont démenés pour me protéger, et feront encore tout leur possible pour mon petit frère et moi. Seulement, ils sont incapables d'éteindre ce feu ardent, incapables d'accepter ces cicatrices à ma place. Et mon petit frère, il a déjà sa croix à porter, je ne peux pas lui imposer la mienne. Quant à mes amis, les inquiéter ne m'aidera pas, ce serait trop dur d'avoir à affronter les regards pleins de pitié qu'ils vont éprouver envers moi inconsciemment peut-être.

C'est mon combat, c'est à moi et moi seule de continuer à vivre avec cette chose, d'essayer d'éteindre ce bûcher ou alors le transformer en braises, puis en cendres.