Certains disent que l'on n'a pas de « chez-soi » tant qu'il ne nous manque pas lorsqu'on en est loin. Mais moi, c'est à tes côtés que je me sentais chez moi.Je me souviens de mon arrivée au Bloc comme si c'était hier. Pourtant, Dieu sait le nombre de choses qui se sont passées depuis, mais ce jour reste enfermé dans ma mémoire.
Je me souviens des regards, des provocations, de leur impatience. Mais je me souviens surtout de toi. Moi, j'étais le bleu apeuré qui ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. La moindre parole qui franchissait mes lèvres était accueillie d'une remarque cinglante, d'un regard blasé ou d'un soupir dédaigneux. C'est terrifiant de côtoyer l'inconnu ainsi, d'être tellement enfoncé dans ses interrogations que l'on a l'impression de s'y noyer. Mais c'est à ce moment que tu es apparu. Au moment où j'étais prêt à me laisser submerger par mes doutes, tu m'as permis de garder la tête suffisamment hors de l'eau pour que je puisse respirer. Tu m'as tendu la main et j'ai su que j'allais y arriver. Tu dégageais une sorte d'aura qui donnait réellement l'impression de ne jamais douter de rien. Je me sentais invincible à tes côtés, j'aurais pu faire n'importe quoi tant que je savais ton regard confiant posé sur moi. Tu étais le roc dont j'avais besoin pour avancer, toujours présent comme une mauvaise habitude.Je me souviens de ma première journée au Bloc, de ta silhouette me guidant à travers tous les obstacles. Je me souviens de cette boule au ventre qui me tiraillait au fur et à mesure que je prenais conscience de la triste réalité des événements, mais qui semblait s'alléger à chacun de tes sourires.
Je me souviens de cette après-midi au potager. Je me souviens de ton pragmatisme et de ton visage fermé quand je te faisais part de mes idées pour m'échapper de ce lieu. Tu semblais comme... résigné. Prêt à payer le prix du destin, aussi injuste soit-il. Je me souviens avoir remarqué le vide dans tes yeux, comme un trou noir derrière tes pupilles. Tu étais si lumineux et sombre à la fois, solaire et lunaire. Ces deux aspects de ton âme se mouvaient en toi et j'observais leur doux ballet de mes yeux ébahis. Je mourais d'envie d'apercevoir ces deux parties de toi, de découvrir ton paradis noir. Cela doit être ce jour là que ma fascination pour toi a réellement débuté, je demeurai hypnotisé par tes pupilles tel un papillon de nuit sur une ampoule. J'aurais dû me douter que je m'y brûlerai les ailes et que malgré la beauté de la lumière, la pénombre parviendrait à tout embraser sur son passage.
Je me souviens de cette soirée autour du feu avec les autres blocards. Je me souviens de toi, m'attirant à l'écart du groupe. Lorsque nous étions tous les deux, il n'y avait plus de barrière. Une alchimie se déployait entre nos deux esprits sous le ciel sans lune, une douce chaleur irradiait de nos paumes quand elles se touchaient délicatement. Je revois encore ton regard étrangement triste éviter le mien lorsque j'essayais désespérément d'initier un contact visuel entre nous deux. Je me souviens de toutes ces heures passées au même endroit, dans la même position. Il n'y avait plus que nous deux, les mains jointes, planant dans un silence apaisant qui tranchait avec l'atmosphère angoissante qui régnait dans le reste du bloc. Ces soirs où nous laissions le monde tourner autour de nous, sans prendre part à cette danse incessante; ils pouvaient bien se passer de nous quelques heures, après tout.
Puis, il y eût ce soir. Ce soir où tu as craqué. Pourquoi cette nuit-là, je n'en ai aucune idée mais les émotions qui te submergeaient avaient manifestement décidé de s'échapper à mesure que tes larmes dévalaient sur tes joues. Je me souviens être resté immobile un temps, et avoir senti tout mon monde s'écrouler, le mythe que j'avais minutieusement érigé autour de toi s'effondrait. Tu avais bel et bien des failles. Ce visage empli de lumière laissait place au séisme que tu tâchais de maintenir derrière tes pupilles. Je me souviens t'avoir serré dans mes bras en murmurant toutes sortes de mots qui ne devaient avoir aucun sens.
« J'en peux plus Tommy. »
Cette phrase chuchotée dans le creux de mon cou résonne à l'intérieur de mon crâne, encore aujourd'hui. Après cela, tu m'as tout raconté. Je pensais que le moindre de tes mots resterait à jamais dans ma mémoire, mais la nuit et les larmes semblent avoir levé un brouillard sur ce souvenir. Je me souviens seulement de ta voix hésitante me confiant des aspects de toi que je n'aurai jamais pensé vouloir connaître.
Une âme tourmentée. Un poids trop lourd à porter. Une ascension périlleuse. Un envol. Non, une chute. Une chute céleste menant vers le plus noir des précipices.
Ton souhait d'être englouti par les astres ne fut pas exaucé, mais dans ton cœur, des étoiles invisibles ont pris possession de ta conscience, te rappelant jour après jour que c'était elles qui étaient aux commandes.
Je me souviens de l'ombre envahissant tes iris. Je ne suis pas sûr d'avoir été d'une grande aide ce soir-là, mais je te suis toujours aussi reconnaissant de m'avoir fait confiance. J'ai pu percer le secret de ta personnalité scindée entre solaire et stellaire. Je voulais découvrir ton paradis noir, et tu m'y as emmené tranquillement en me tenant par la main.Je me souviens de nos dernières heures passées ensemble. Elles me semblent déjà si lointaines et pourtant si proches...
Je me souviens des mots. Des cris. Des supplications. Des larmes.
Une lame qui s'enfonce dans la chair.
Je me souviens de la mort. Un cœur qui cesse de battre, une respiration qui se coupe, un regard qui se fige. Sur le papier, cela paraît si simple, voire mécanique.
Mais avant cela, il y a un corps qui tremble, un souffle erratique, un regard paniqué.Je me souviens avoir regardé la mort droit dans les yeux et l'avoir vue prendre possession de toi.
Qui peut me dire pourquoi je ressens des spasmes ?
Pourquoi ici je me sens à l'étroit ?
J'observe le vide en rêvant d'espace, tête en l'air, comment je pourrais marcher droit ?Certains disent que l'on n'a pas de « chez-soi » tant qu'il ne nous manque pas lorsqu'on en est loin. Je suis d'accord. Mais dans mon cas, c'est d'autant plus cruel que mon chez-moi est parti à présent. Il me semble déjà si loin que je ne suis plus si sûr qu'il ait réellement existé.
— et oui c'est encore moi et mes os d'une qualité douteuse ;)
j'espère qu'il vous a plu, je l'ai écrit en écoutant l'album de Gringe (une vraie pépite soit dit en passant), et ça a vraiment guidé l'histoire, surtout les sons Paradis Noir et LMP (le passage en italique provient de cette chanson).
s'il vous plaît, donnez moi votre avis, ça me ferait plaisir et ça m'aiderait à progresser parce que j'ai bien conscience que c'est pas super ^^
à la prochaine, prenez soin de vous ❤️
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Paradis Noir || OS NEWTMAS ♡
FanfictionCertains disent que l'on n'a pas de « chez-soi » tant qu'il ne nous manque pas lorsqu'on en est loin. Mais moi, c'est à tes côtés que je me sentais chez moi. Plongé dans la solitude de son absence, Thomas se souvient. « Qui peut me dire pourquoi je...