À MES 12 ANS

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DOUZE ANS


Je crois qu'il n'y a pas d'âge plus flou que celui de 12 ans. On ne connaît pas grand chose, on a pleins d'aprioris, on suit les autres. La mode dans mon collège, c'était Abercrombie, les leggings à motifs et les bonbons.

Quand je suis rentrée en 6ème, je me souviens d'avoir eu la trouille de cet établissement, de ces personnes, de ces groupes qui se formaient sans moi et de ces gens plus grands. L'école primaire, c'était confortable, une maîtresse ou un maître, des sorties et quelques cahiers du jour.

J'étais timide. Un peu trop. Je n'osais pas parler, m'exprimer ou ouvrir ma bouche. Je voulais juste réussir mon année et mes dictées. Les 3èmes faisaient grands et étaient impressionnants. Ils me donnaient l'impression d'être loin de l'adolescence qu'on me vend depuis la nuit des temps.

Discrète. Réservée. Pas sûre d'elle.

J'étais une boule d'énergie avalée, des mots bloqués dans la gorge et des yeux fuyants. C'était triste de se sentir aussi ordinaire et perdue, alors qu'il n'y avait aucun enjeu à être « cool » ou « populaire ».

Je pense qu'il faudrait revoir la définition de la popularité aujourd'hui, de ce groupe d'humains avec des beaux visages et de leur influence sur les gens. On devient jaloux, envieux de toutes ces petites choses qui les rendent intéressants. Parce qu'on ne croit pas assez en nous, forcément.

Pourtant, en grandissant, je vais voir d'autres couleurs. De belles couleurs sur une palette encore plus immense qu'autrefois.

Je me souviens des matins où ils faisaient froids. Où F. et L. me donnaient rendez-vous pour prendre le métro. Je me souviens de la ligne 7, des places libres qu'on laissait aux autres et de la rue du collège. Le G20 n'est plus là. La boulangerie s'est transformée en pizzeria. Quand j'y repense, c'était des moments doux où ils faisaient encore nuit, où mon souffle formait de la vapeur d'eau, où j'attendais les bras ballants.

À 12 ans, j'avais les fantasmes de beaucoup d'adolescents, les casiers où je rangerai mes livres, les histoires de cœur et les bandes d'amis. À 12 ans, j'étais naïve. À 12 ans, je n'analysais rien et beaucoup trop tout le temps.

C'était simple d'avoir 12 ans maintenant que j'ai bientôt dix-huit ans. 


À la Elodie de 12 ans, je veux que tu patientes encore un petit peu, que tu réalises qu'il n'y a pas que les cours dans la vie, que tu n'as pas besoin de catégories sociales pour te définir, que tu peux parler aux autres et profiter de la vie.

Quand tu as écrit pour la première fois les histoires d'Hortense qui vivait au temps du roi Soleil, tu t'aies ouvert les portes de l'écriture.

Je veux que tu réalises que qu'il n'y a pas de honte à ne pas vouloir se fondre dans la masse. Tu vas devenir encore plus chouette que tu ne le crois, promis.


P.S.: Je sais que tu détestes ta coiffure, mais rassure-toi, ça va pousser, avec le temps.



Et toi, qu'as-tu à dire à ton toi de 12 ans?

À MON ADOLESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant