À MES 15 ANS

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QUINZE ANS

Il me reste trois lettres et demi à écrire. Dont celle-ci, celle des 15 ans. Je la redoute tout particulièrement.

Quand j'ai eu 15 ans, j'ai vécu quelque chose de plutôt banal. Je me souviens très bien du moment où c'est arrivé, où j'ai commencé à me rendre compte que je me foutais moi-même dans ma merde. Quand je jouais avec ses cheveux, quand on s'appelait tous les soirs pour parler de tout et de rien, et quand j'ai réalisé que c'était impossible mais quand même je voulais vraiment y croire.

Le jour où je l'ai avoué à ma meilleure amie E. (que j'ai découverte pour de vrai cette année-là), je balbutiais, n'osais à peine en parler. J'ai toujours eu ce blocage avec les histoires d'amour dans la vraie vie, par manque de confiance et clairement à côté de la plaque en comparaison aux autres sur ce sentiment flou.

Le dire, c'était le rendre réel. Et moi, je détestais le réel. J'aimais l'irréel, la fiction, la zone de confort, là où tout a l'air possible.

Depuis toute petite, j'ai toujours eu beaucoup d'attentes pour ma première histoire d'amour. Peut-être à cause de Disney Channel et de toute cette culture américaine. Mais étrangement, quand je rentrais dans la vraie vie, il y avait cette réticence à l'amour, cette facilité à détester ma tronche et envier les autres.

J'avais un crush pour mon ancien meilleur ami. Et ça a rythmé toute mon année. Mes 15 ans. D'abord parce que le coup de cœur est venu s'installer petit à petit, avant que je ne tombe amoureuse de lui. Enfin bon, j'ai réalisé ça qu'un an plus tard, quand je me suis souvenue de l'impact qu'il a eu sur tous mes ressentis.

C'est bête, parce que le jour où je l'ai dit à E. dans le métro entre deux stations sur la ligne 4, j'osais à peine la regarder dans les yeux. Alors que c'était ma meilleure amie en qui j'avais entièrement confiance.

« C'est rien. »

« Ça va passer. »

Ce n'était pas rien, mais oui c'est passé.

J'imagine que c'est ça, être dans le déni et être malhonnête avec ses propres ressentis. Mais comment ne pas l'être quand on se sent vaincu par cette tornade de maux ? Que faire quand il vous dit qu'il aime une autre, vu que vous êtes sa plus grande confidente ? Que faire quand votre premier amour n'est qu'à sens unique ? C'est dur. C'est fragile. C'est triste.

Mais peut-être que c'est ça qui est beau avec mes quinze ans. Le fait d'avoir vécu une grande déception amoureuse, de m'être rendue compte que je pouvais vivre sans mais que c'était complexe d'apprendre à gérer ses sentiments. Parfois, on imagine l'amour avec toute la beauté du monde, et ces yeux qui brillent comme dans les romans. Peut-être que la réalité est toute autre, mais ça ne m'empêche pas d'écrire ma définition de l'amour.

Alors oui, mes 15 ans se résument à ça : ma meilleure amie, mon premier amour raté, le brevet et la fin du collège.

Et puis, en y réfléchissant, j'étais pas du tout prête pour l'amour. Comment aimer quelqu'un quand on se déteste autant qu'à l'époque ?

L'amour réveille aussi nos complexes quand on la laisse contrôler notre vulnérabilité.

Oui, c'était une année bizarre. J'ai perdu de vue quelques amis pour en trouver des vrais. J'ai grandi un peu plus dans ma vie. Et puis, j'ai écrit Trente minutes, Naïades et de jolies choses, où wattpad s'est incrustée dans mon cœur pour toujours.

Dans ma définition de l'adolescence, 15 ans représente peut-être l'année centrale de celle-ci.

Je dédicace cette lettre à B., une ancienne rencontre wattpad, qui m'a fait beaucoup marrer cette année-là.

Et puis, tu verras Elodie de 15 ans, les choses peuvent être plus belles, aussi bien dans la réalité que dans la fiction.

Et arrête de stresser pour le brevet et l'histoire des arts, c'est vraiment con rien que d'y repenser.

Profite encore de ces appels, de ce cœur qui se serre, de ce petit sourire que tu arbores quand tu vois ceux que tu aimes. Tu vas glow up promis comme tout le monde, mais ne doute jamais du fait que tu es une personne extraordinaire.

P.S. : Merci à R., M. et J. pour nos après-midis passés sur les canapé-lit à glander en juin. C'était doux. Des moments très adolescents. C'était vraiment bien. Des parenthèses dans nos vies. En y repensant, j'ai des bouffées de nostalgie.





Et toi, qu'as-tu à dire à ton toi de 15 ans?

À MON ADOLESCENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant