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Ses paroles fusent, se baladent dans la pièce, l'envahissent et pourtant, elles n'atteignent qu'une minorité de ses destinataires. À l'intérieur de cette majorité d'insouciants, on parvient à discerner trois catégories: La première qui rassemble ceux qui prétendent recevoir le message émis afin de garder bonne image auprès du professeur alors qu'ils sont occupés, écouteurs cachés sous leur capuche et regard alternant entre l'écran et le visage face à eux, à regarder un film sur Netflix. Puis il y a celle qui regroupe ceux qui ne se cachent même plus. Ils mangent, ils bavardent, ils rient sous les regards de leur camarades qui se questionnent encore comment se fait-il qu'ils soient parvenus à arriver jusqu'à l'année finale en ne se reposant juste sur les synthèses des autres. Et finalement, il y a la dernière qui représente ceux qui se trouvent dans les deux précédentes. Ceux qui ne se cachent pas mais qui ont tout de même un peu de respect pour épargner les autres de bruit supplémentaires en mettant leur écouteurs.

Je fais définitivement partie de la troisième catégorie. Mais aujourd'hui, étrangement, je suis le cours. Je le suis surtout parce que c'est aujourd'hui qu'il va nous parler de notre travail qui représente 60% de notre examen final.

-Donc ce travail de groupe consiste à faire un bilan sur l'état émotionnel de votre partenaire que vous allez, à partir de maintenant, considérer comme votre patient. Je dois trouver les réponses à ces trois questions dans votre bilan: Que signifie le mot « bonheur » selon mon patient? Qu'est-ce qui fait son bonheur? Est-il réellement heureux?

Je grimace en entendant la dernière question. Je n'arrive même pas à déchiffrer ma propre personne et maintenant on me demande de déchiffrer un inconnu.

-Si la réponse est positive pour la dernière question, vous allez devoir me présenter tous les signes qui vous permettent de le qualifier de patient heureux et si celle-ci est négative, vous allez devoir pousser votre analyse encore plus loin afin de trouver ce qui manque dans la vie de votre patient pour qu'il trouve le bonheur. Ensuite vous allez devoir transcrire à l'écrit tous vos échanges, toutes vos découvertes sur votre patient, toutes les difficultés de ce dernier, s'Il a dû mal à s'ouvrir ou pas. Je veux tout. Et ne bâclez pas ce travail car il représente toute la partie écrite de votre examen de fin d'année donc 80% de votre examen.

Mes sourcils se haussent et ma bouche s'entrouvre. 80%?

-Maintenant, procédons aux formations de groupe.

Je n'écoute pas plus que ça et me laisse tomber sur mon banc pendant qu'il annonce les groupes.

Je m'évade dans mes pensées qui sont emplies par un seul sujet effrayant: Le futur.

Comment ça va se passer? Que vais-je faire après avoir été diplômée?

Mes parents ont déjà tout organisé pour moi mais est-ce vraiment ce que je veux pour ma vie future?

Je fronce les sourcils en sentant du mouvement à mes côtés. Je tourne la tête et vois un jeune homme s'asseoir à côté de moi. Je balaye alors la salle du regard.

-Il a fait tous les groupes, me dit-il. Il est en train de distribuer nos fiches.

Nos fiches?

Le prof arrive à notre niveau et nous donne un paquet de feuilles à chacun. Je feuillette le paquet et je peux y voir toutes les consignes clairement écrites et des informations sur mon partenaire.

Thomas Lemontieux.

-Il reste 10 minutes de cours. Profitez de ces minutes pour faire plus ample connaissance, mettre en place une organisation pour vos séances, etc...

Je soupire. Je n'ai pas réellement envie de parler et à ce que je vois, mon partenaire non plus. Il est concentré sur son téléphone. Je me permets alors d'éterniser mon regard sur celui-ci.

Il est mignon. Ses cheveux bouclés qui tombent sur son front, ses sourcils qui se froncent, ses yeux de couleur banal mais d'un éclat unique. Il finit par lever la tête et ses yeux rencontrent les miens. Je tente un sourire qui est plus crispé que je ne le souhaite.

Je baisse la tête, ne voyant aucune réaction de sa part.

D'accord. Je vois quel genre de personnage il incarne. Celui qui se donne un air froid et distant mais qui a un fond chaleureux.

Il se concentre à nouveau sur son appareil électronique.

Génial. Il a fallu que je tombe sur le pire partenaire pour le travail le plus important de l'année.


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-J'essayais de parler et la seule chose qu'Il faisait, c'était hocher la tête, le regard rivé sur son téléphone. Insupportable, me plaignais-je à mes amies.

Je sirote mon macchiato au caramel avant de reprendre.

-Je vais rater mon année par sa faute. Je le sens.

Elles me regardent avec un air moqueur.

-Eli', tu dramatises toujours tout, répond Pauline en levant les yeux au ciel.

Alors que j'allais répondre, je suis interrompue par la sonnerie de mon téléphone.

-En parlant du loup...

Je leur montre mon écran.

Elles me lancent toutes les trois un sourire rempli de malice.

-C'est pour le travail, me sentais-je obliger de dire.

Je ne tarde pas plus devant leurs regards pleins de sous-entendus et m'en vais afin de répondre.

Un pure déliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant