Toutes les histoires ont un passé...

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Une fois mon casier fermé, mes affaires casées dans mon sac, je me dirigeai vers la
pièce sur ma droite, pour ma première heure de cours de la journée. Les mains dans les poches
de mon jean noir, j'attendais la sonnerie. Mes amis étaient absents, étant en
voyage scolaire pour trois jours. Le seul qu'il me reste, était Peter, mon meilleur ami depuis
l'enfance. Il n'avait pas souhaité partir, préférant traîner dans les rues de Paris, plutôt que de
découvrir les campagnes françaises.

Je le vis arriver au bout du couloir, la bride de son sac sur
l'épaule, un sourire accrocheur aux lèvres. Il n'avait pas un physique de dieu, il était tout
simplement normal : une tignasse blonde, des vêtements ordinaires troués aux genoux, des
yeux craquants. Pourtant, il possédait un petit quelque chose qui faisait que les gens se
retournaient sur son passage, une façon d'être, peut-être ?

Une fois à mes côtés, il me fit un clin d'œil charmeur, qui n'avait pourtant rien d'équivoque. Je savais parfaitement qu'il ne se passerait jamais rien entre nous. Nous étions juste amis. 

— Alors princesse, prête pour un nouveau parcours du combattant ?

Entendre son expression fétiche me donna du baume au cœur. Malgré ça, mon moral
restait au plus bas. Je fréquentais un des plus chics lycées de Paris. Tous les élèves étaient
bourrés de fric, et populaires. Je n'avais pas à me plaindre, mes parents s'occupaient de moi,
avaient de l'argent, pourtant je sentais que quelque chose me manquait. Et cela depuis ma
naissance. Depuis dix-sept ans. Un grand vide que je ne parvenais pas à combler.
Demain matin, aurait lieu mes dix-huit ans, et j'allais les fêter seule, enfermée dans ma
chambre. Triste n'est-ce pas ? Je voulais vivre des tas d'aventures rocambolesques pour cet
anniversaire si particulier, pourtant malgré le fait que j'habite la capitale, rien ne se passait
dans le quartier. Tant pis, cela serait comme d'habitude. Les moments en famille étaient rares, car mes parents travaillaient énormément.

Peter me jeta un coup d'œil inquiet, sachant pertinemment que je lui en voulais qu'il
me laisse tomber pour un jour aussi important. Je comptais au moins sur sa présence, mais tous mes espoirs s'effondrèrent, lorsqu'il m'annonça qu'il passerait la soirée chez un pote.

— Allez ma belle, ne te laisse pas gagner par la tristesse et la solitude. Je te promets
que je ferais tout pour être présent demain.

— Ne fais pas de promesse que tu ne pourras pas tenir, lui répondis-je sur un ton
cinglant, un peu vexée.

Il fronça les sourcils, mais ne répliqua pas. La grimace qui s'afficha sur son visage me fit comprendre qu'il venait de prendre une claque verbale. Je savais qu'il se sentait coupable, mais
j'étais assez grande pour me débrouiller seule, même la veille de mon anniversaire.

Armée de cette nouvelle conviction, la journée se déroula sans trop de problème. Les
cours étaient, après tout, mon seul moyen d'échapper à ce vide, semblable à un creux infini,
qui me torturait le cœur. Je ne pouvais expliquer cette sensation, seulement, je sentais qu'il ne
serait jamais comblé.

Arriva enfin l'heure d'Histoire, celle que je préférais, et qui clôturait ma journée en beauté. Je me dépêchai de m'asseoir à ma place, pressée d'écouter le cours de notre professeur. Sa manière de le raconter le rendait très intéressant. Quand tout le monde fut enfin assis, elle se tourna vers le tableau, désignant la phrase inscrite d'un doigt manucuré.

— Que vous évoque, « La cour des miracles » ? demanda t-elle d'une voix forte et
assurée.

Ce nom sonna étrangement dans ma tête, comme un écho dans ma mémoire. Je plissai
les yeux, luttant contre un vertige soudain. Lorsque notre professeur se remit à parler, devant
le silence des élèves, cette sensation disparut.

Un éternel secretWhere stories live. Discover now