[18] Crise et après

1.5K 116 29
                                    

Si quelqu'un prononce des paroles mais n'en pense rien, elles ne valent rien.

...

Je me tiens assise à l'arrière de l'ambulance, sur le bord. En silence, j'attends. Je ne sais pas trop comment nous en sommes arrivé là, mais je veux rentrer et m'enfermer dans ma chambre. Je ne peux pas, par contre. On m'en empêche.

Les sirènes des ambulances, policiers et pompiers résonnent encore dans mes tympans. Pourtant, je n'entends rien. Je ne veux rien entendre de toute façon.

La fine couche de glace qui recouvrent mes jambes ne fait que me sentir plus mal que je ne le suis. Avec raison, la glace que j'ai relâché a alarmé un super-héros. Pas n'importe qui, ce qui renforce encore plus mon sentiment de mal être.

Hiashi a toujours réussi à éviter les médias. Mais cette fois, l'histoire concernait maintenant le n°2 des super-héros. Nous ne pouvions pas passer à tabac sous silence la fausse alerte qu'Endeavor a reçu. D'ailleurs, c'est sa fille qui a remarqué la glace qui recouvrait la rue tout à l'heure. "Une attaque de super-vilain ? " avait-elle sans doute cru voir. Avec chance, l'information ne circule que très peu sur les médias sociaux et les journalistes n'ont pas pu s'approcher de la demeure.

Et les regards auquel j'ai droit depuis l'incident ne me réconforte pas du tout. J'ai eu droit au regard triste et paniqué de Chiyuki, le regard froid d'Endeavor, la réactivité de Hiashi ainsi d'une bonne dizaine d'autres curieux. Sans compter l'ambulancier, la policière, l'enquêteur ainsi que les regards étonnés de deux pompiers. En l'espace de quelques minutes, on m'avait regardé sous différents angles.

Le pire restait le fils Todoroki. Je venait de rencontrer Endeavor et sa fille, Fuyumi, sans problème. Elle qui s'excusait à mon oncle depuis quelques minutes. Pourtant, quand le regard de Todoroki-kun s'est figé sur moi, je me suis senti faiblir. Je n'avais ni envie de parler, ni envie de relever les yeux pour confronter son regard. Je venais de comprendre qu'il était en train de se mêler de mes problèmes sans que je puisse y faire quoique ce soit. Et il ne semblait ni intéressé, ni s'en foutre royalement. Son regard ne trahissait qu'une profonde haine poussé envers je-ne-sais-qui, en tout cas, pas vers moi, puisque je voyait bien qu'il regardait au loin.

Je pose ma tête sur le bord de l'ambulance et attend encore en fixant le sol remplit de neige. Si je posais un pied au sol, la neige poudreuse ne résisterait pas et dévoilerait aussitôt une épaisse couche de glace glissante sur laquelle les pompiers et policiers s'activaient à la faire fondre. La neige ne fait pratiquement aucun bruit, mais la glace craque sous les pas.

Je ne bouge pas lorsque des pas plutôt légers s'approche tranquillement de moi. Ce n'est pas un adulte. C'est ce que je sais, mais je ne veux pas lever la tête pour m'en assurer, peu importe qui c'est. Lorsque je vois les pieds de la personne, ils sont engouffré dans des bas de laines gris pâles. Même pas de bottes et rien qui ne trahit un quelconque frisson de froid.

Puis, un bond et la personne s'installe à côté de moi sans prévenir. Je refuse toujours de lever les yeux, de regarder qui c'est, de savoir qui c'est.

Ensuite, je comprend que la personne se penche vers mes jambes et pose une main sur celle la plus près. Une douce chaleur commence alors à se propager avant que la glace se liquifie et retombe jusqu'à terre, sur la neige toute poudreuse. Son bras s'étire ensuite vers mon autre jambe, mais je réagit aussitôt. Je remonte mes jambes sur le bord du véhicule et me recroqueville.

Je venais de comprendre qui c'était. Je ne voulais pas avoir à le confronter. Devoir expliquer ce qui s'était produit ce soir.

« Arrête de faire ton animal craintif et laisse-toi dégeler tes jambes, me conseille-t-il durement.

𝗠𝘆 𝗛𝗲𝗿𝗼 𝗔𝗰𝗮𝗱𝗲𝗺𝗶𝗮 : Pour un sourire | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant