Tu hoches simplement la tête, incapable de prononcer un mot face à la situation dans laquelle tu te trouvais ; le garçon qui te rendait si curieuse venait enfin te parler et voulait même discuter avec toi ! Tu n'avais jamais été habituée à parler avec des inconnus, c'est pour cela que tu ne savais pas quoi répondre. Il te sourit timidement et marche en direction de ta table.
- Au fait, je m'appelle Suho. Et toi ? Demande t-il en se tournant vers toi.
- Je m'appelle T/P. Réponds tu.
Il te souris de nouveau et commence à ouvrir un livre. Plein de questions te brûlent la langue et tu te moques éperdument des sociétés européennes à ce moment.
- Ce n'est pas commun de s'appeler Suho. Déclares tu.
Il rit un peu et te réponds.
- Oui, c'est parce que je ne suis pas français. Je suis coréen.
Tes yeux s'écarquillent ; tu n'avais jamais pensé que c'était un étranger. Peut-être était-il seulement originaire de Corée mais apparemment non. Il était totalement coréen. Tu n'aurais jamais pu le deviner ; son français était absolument parfait.
- Après mon examen de fin d'année, je suis partie en Europe pour mes études. J'ai donc vécu en Angleterre, en Espagne, au Portugal, en Italie et en Allemagne.
- Tu parles parfaitement le français ! Pendant combien d'années l'as tu appris ?
- J'ai commencé à apprendre le français quand j'avais 5 ans. Mes parents adorent la France et ils pensent que parler sa langue permet de se démarquer des autres et d'être plus distingué.
Vous passez ensuite l'après midi à lire des livres, Suho n'était jamais à court d'anecdotes, il savait des choses très peu connues sur beaucoup de pays. Tu étais très impressionnée par sa culture générale. Tu ne te mentais pas à toi-même, il te fascinait. Tu ne t'étais jamais sentie aussi à l'aise avec quelqu'un alors que tu l'avais rencontré seulement quelques heures avant. Vous aviez tellement parlé ensembles que le bibliothécaire était venu vous informer de la fermeture de l'établissement. Vous vous retrouviez donc dehors. Aucun d'entre vous ne parlait. C'est comme si sortir de la bibliothèque revenait à briser la communication qu'il y avait eu entre vous. Mais tu voulais absolument continuer d'être à ses côtés ; maintenant qu'il te connaissait, tu ne voulais plus le lâcher. C'est donc en étant toi-même surprise que tu prends la parole.
- J'ai adoré discuter avec toi. J'ai appris beaucoup de choses grâce à toi.
- Je t'en prie, ça m'a fait plaisir. Réponds Suho.
Un silence s'installe à nouveau et tu t'énerves contre toi-même. Qu'est ce que tu peux bien lui dire ? Tu te sens comme inexpérimentée. Tu as l'impression de ne jamais avoir été entraînée à parler avec quelqu'un de nouveau. Pourquoi ne pas tout simplement abandonner ? Après tout, tu es trop timide pour pouvoir tenir une discussion intéressante. Peut-être que tu l'ennuies. Oui, il vaut mieux partir avant qu'il ne soit déçu.
- Au revoir. Dis tu en lui tournant le dos.
Mais alors que tu t'apprêtes à quitter ce lieu, il t'interpelle.
- T/P ?
- Oui ? Dis tu en te retournant, très surprise.
- Est ce que tu voudrais continuer à me fréquenter ? Demande t-il.
Sa question te fait rire, il parle vraiment bien français.
- Qu'est ce que tu veux dire ?
- J'aimerais t'inviter à déjeuner.
Malgré la joie immense qui t'envahit d'un coup tu esquisses un sourire.
- Oui c'est une excellent idée.
Il sourit de toutes ses dents.
- Alors on se dit à demain ? Questionne t-il.
- À demain.