.•*Chapitre 7*•.

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Pistanthrophobia.

Je regarde de l'autre côté de la route. Elle est déjà là, au portail, comme souvent. Je sais qu'elle m'a vu. Je traverse le passage piéton. Une voiture arrivait et freine au dernier moment. Je lève la main mais je n'en ai pas grand-chose à foutre. Éva me haïrait. Elle déteste tous ces petits gestes d'une hypocrisie incroyable que l'on accepte au quotidien. Je passe devant elle le plus vite possible. Comme elle parle à la pionne, elle ne me suivra pas tout de suite. J'ai un peu de temps pour réfléchir. Je pose mon sac et m'assois sur un banc, dans le recoin, juste en dessous de l'escalier qui monte à la salle d'arts. Je sais plus pourquoi je fais ça. J'aimerai arrêter, mais quoi qu'il se passe, Éva souffrira, il est trop tard. Alors je décide de poursuivre, parce que je ne peux pas faire marche arrière. Parfois, j'aimerai aimer comme les autres, ressentir comme les autres. Je vois son ombre sur le goudron et j'oublie tout ça. Jusqu'à la prochaine fois.

-Tu m'as ignorée.

-Je voulais pas te déranger.

-Est-ce que tu me mens?

-Mais qu'est-ce que la vérité?

Elle sourit. En temps normal, elle m'aurait engueulé. Elle déteste quand on reprend "ses" trucs. Ses expressions, son smiley, ses gestes. Mais elle m'aime. Et elle laisse passer.

-Ça va? 

Je la regarde. Le soleil fait que la moitié de son visage est invisible, une face de lumière, et de l'autre côté une face d'ombre où chaque élément y est dévoilé tel qu'il est vraiment. Elle penche un peu la tête et ses deux yeux se retrouvent dans l'ombre. Je ne vois plus que la perfection de ses traits. 

-Oui. 

Comme à mon habitude, je lui réponds d'une voix blasé. Elle hoche la tête d'un air satisfait. Elle allait me balancer un "je t'aime" mais Astrid arrive et la tire loin de moi. Elle va lui demander tous les détails. 

Et moi, je vais rester là.

Et soudain, elle est morteWhere stories live. Discover now