Prologue

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Mademoiselle,

Je souhaite vous apporter toutes mes félicitations pour l'obtention de votre diplôme de fin d'études. Tout au long de votre scolarité vous avez prouvé votre détermination ainsi que votre soif de savoir. C'est une chance pour mon établissement d'avoir pu compter dans ses rangs une élève aussi brillante que vous. À présent Talhia je vous vois faire de grandes choses et vous souhaite bon courage pour la suite de vos études.

Encore toutes mes félicitations.

M. Archibald Directeur du Lycée privé Bellingham.

Toute cette attente pour enfin pouvoir serrer cette lettre contre mon cœur. Les jours et les années sont passées et je suis arrivé au bout du chemin. Cet instant je le rêvais, du moins je ne l'avais qu'imaginer.

Assise sur l'un des tabourets de l'îlot central, je ne cesse de relire les mots de mon ancien proviseur. Mon père, Rai, est aussi surpris que moi. Ses lunettes carrées sont si proches du manuscrit que l'on pourrait croire qu'il en fait une photographie.

Aujourd'hui, ma vie de Lycéenne prend fin et laisse place à celle d'étudiante. Le temps semble s'être écoulé si rapidement que j'ai l'impression de voir ma vie défiler entre les lignes écrites au stylo plume.

Les fins rayons du soleil traversant le verre de la baie vitré ont l'air de se poser instinctivement sur le bout de papier. Serait-ce le présage d'un nouveau commencement, d'une vie dont je n'ai fait que rêver, du passage à l'âge adulte ?

Certes par cet hommage je devrais me sentir combler, mais la fierté d'un directeur n'est rien comparé à celle d'un père. En soi, Rai m'a tout donné, qu'il s'agisse d'une éducation irréprochable ou d'un goût prononcé pour la perfection. D'une certaine manière il m'a transmis les clés de son succès.

Pourtant il ne m'a que très rarement dit qu'il m'aimait ou bien qu'il était fier de ce que j'accomplissais. De mon point de vue il est plus un mentor qu'un père, c'est un exemple à suivre et à ne surtout pas décevoir.

L'entrée à l'université est un moment fort de la vie. Pour y accéder j'ai dû fournir beaucoup d'efforts. Toute ma vie n'a été que travail afin d'atteindre ce but suprême. Chaque heure supplémentaire, chaque option et devoirs rendus n'ont eu que pour objectif : l'université.

Depuis mon plus jeune âge, mon père avait déjà tout prévu. J'irai à Stanford, raflerai tous les prix d'excellences et deviendrai une grande avocate dans son cabinet. Mais mon objectif n'a jamais été de le rejoindre. En réalité, je ne suis pas plus attiré par le droit qu'une biche ne l'est par un chasseur.

Enfaîte, j'ai déjà une bonne idée de ce qu'est la justice. À mes yeux ce n'est qu'une institution froide et dépourvut d'humanité. Tout l'inverse de ce que je suis et de ce que je veux accomplir.

Malgré un désir puissant de le rendre fier, j'ai finalement décidé de soumettre ma candidature à une université moins reluisante que Stanford, celle de Santa-Barbara. Bien évidemment je me suis renseigné au préalable sur les différents cursus y étant enseignés, et par la grâce du ciel, aucune faculté de droit n'y est présente. Seuls des cursus scientifiques et médicaux y sont dispensés.

Je suis peut-être folle. Après tout, il est possible que je sois en train de prendre la mauvaise décision. Seulement je ne peux pas me résoudre à accepter ce chemin déjà tracé. Mon choix ne sera surement pas approuvé par Rai, mais je dois m'affirmer.

Il faut que je trouve un moyen de lui annoncer calmement. Peut-être dans un lieu public là où il ne pourra pas m'étriper ? L'invité à dîner me semble une bonne idée. Je bénéficie donc d'encore onze heures pour préparer mon discours, ou mon éloge funèbre, ça dépendra de sa réaction. Jusque-là, il ne doit rien savoir.

It's still YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant