Chapitre 11

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Talhia

La photo sur le bureau d'Esteban, voilà pourquoi le visage de Rafaël me semblait si familier. Excédé, je claque violemment la porte de mon appartement. Les mains croisées derrière la nuque, je me mets à faire les cents pas. Des frères, comment ai-je fait pour ne pas m'en rendre compte ?

Mes mains ne cessent de passer sur mon visage comme pour me sortir d'un mauvais rêve, j'ai le cœur qui est sur le point d'exploser.

Je ne peux pas m'empêcher de sentir cette tension entre Esteban et moi. C'est comme si, mon corps ne voulait pas arrêter de réagir à ses doigts sur ma peau, et ce malgré mes sentiments grandissant pour Rafaël.

Étendu sur le matelas, je tente difficilement de reprendre ma respiration. Je donnerai n'importe quoi pour qu'il sorte enfin de ma tête.

— Bordel !

J'hurle en enfonçant un oreiller sur mon visage. Ce n'est pas comme si je le connaissais et avais partagé des milliers d'instant avec lui. Ca ne devrait pas être aussi dur de devoir me concentrer sur ce que je ressens pour mon ami, il ne devrait même pas y avoir de décision à prendre.

Dans tous les cas, Esteban est mon enseignant, une relation entre nous est totalement interdite. Ce n'est que de l'attraction physique, et le meilleur moyen de l'oublier, c'est Rafaël.

***

Je dérive le long des couloirs du bâtiment principal. Ça fait maintenant une semaine qu'Esteban a fait irruption à la salle de sport et qu'il m'ignore totalement. En plus de mon manque de sommeil, le TD de biologie m'a épuisé.

Rapidement je rejoins Yumi devant sa salle et passe mon bras sous le sien. J'ai vraiment besoin de me raccrocher au peu de choses qui sont encore normales dans ma vie.

— Je suis vraiment dégouté qu'on ne soit pas dans le même groupe pour les travaux dirigés ! Dit-elle d'une voix forte.

A mon manque de réponse, cette dernière me fait pivoter dans sa direction.

— Qu'est ce qui ne va pas ? Ça fait plusieurs jours que tu es bizarre.

Je ne suis même pas foutu d'agir comme si tout allait bien.

— Aller on va déjeuner à la librairie ça te fera du bien et on pourra discuter comme ça.

Après une longue marche dans un silence des plus complet je m'installe enfin en terrasse. Les fins rayons du soleil glissent sur ma peau en une légère caresse me faisant soupirer d'aise.

Lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, mon amie me fixe attentivement. Je vais devoir tout lui expliquer même si je me sens terriblement honteuse.

— Je t'avais parlé de la ressemblance troublante entre mon patron et Esteban ?

Elle acquiesce difficilement, ne semblant pas comprendre ou je veux en venir.

— C'est des frères.

Je retiens mon souffle en scrutant son visage qui n'a pas bougé d'un millimètre.

— Quoi ? Souffle-t-elle d'une petite voix.

— Je suis foutu !

Agacé je me met à frapper mon front contre la petite table en céramique. Elle va vraiment penser que je suis un aimant à problème.

Alors que le froid des petites dalles commence à me brûler la peau, un rire cristallin s'élève dans les airs. Sans trop comprendre je relève la tête vers mon amie et constate qu'elle rit si fort que de fines larmes commencent à apparaître au coin de ses yeux.

It's still YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant