C'était notre bateau.

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Je prends quelques minutes pour t'écrire, quelques minutes pour te raconter à quel point mon cœur se meurt d'envie de te serrer contre moi. Je regarde le temps défiler devant moi, et le laisse filer puisque ma tête le considère comme un rien. Je me rappelle de ce sac que je préparais tous les soirs avec le sourire, sachant que nous allions nous retrouver. Tu connaissais le moindre de mes secrets, la moindre de mes peurs, le moindre de mes silences. Tu devinais chacun de mes sourires, tu m'accordais la plus belle confiance que tu pouvais donner. 

Je ne sais où nous en sommes, je ne sais plus ce que nous deviendrons. On parlait garçon, on parlait vêtement, on parlait pour ne rien se dire. On se couchait les larmes aux yeux, le ventre qui fait mal, et des rires plein la bouche quand le soleil s'écroulait. 

Et puis un jour, c'est tout un monde qui a chuté. Des disputes, de la colère et des larmes, voilà dans quoi nous vivions. Pendant des années tu m'as tout donné. Quand une personne brisait la moindre partie de moi, tu t'énervais et tu la supprimais de ta tête. C'est dans une triste tempête qu'on a laissé s'envoler notre propre image. Des amis en plus, des fou-rires partagés, des disputes pour lesquelles je me suis fatiguée, et un temps qui nous a trop vite rattrapées. On s'est perdues, perdues de vue. 

On a habité le même bateau pendant des années, et on a rempli cet océan de souvenirs. Au final, tu as rejoint les autres, sur cette pauvre île que j'ai haïe. Tu as sauté du bateau, et tu as nagé vers eux étant sûre que je te suivais derrière. Mais je t'ai regardée t'en aller, les larmes aux yeux. Tu ne t'es pas retournée, et moi, je suis restée là, plantée comme si tout s'écroulait. Une fois arrivée, tu m'as regardée et tu m'as appelée, mais je ne suis pas venue. Depuis, ta voix résonne dans ma tête, et même si tu me regardes au loin, tu ne reviens pas. 

Je t'attends, je t'attends plus qu'eux ont pu t'attendre. Tu portais le nom d'une meilleure amie, et moi je portais le même. Et même quand on se le répète, on a l'air de se mentir. Je tenais à toi, à toutes nos conneries. Tu me faisais sourire et pour rien au monde je n'ai souhaité te perdre ainsi. Tu me manques beaucoup, et sache que tous les jours, sur mon bateau, je pense à toi. 

Mes textes oraux - B l A c K  B i R dOù les histoires vivent. Découvrez maintenant