Mes textes oraux - B l A c K B i R d

La dépression.

Ce matin, je me suis levée, seule, personne à qui demander si la nuit s'était bien passée. Le regard vide, je suis allée prendre un café, et c'est avec un visage sans émotion que je me suis assise, avec cette tasse brûlante comme seule compagnie. J'avais si froid, même avec cette couverture posée sur mes épaules. Depuis quelques mois maintenant, je suis sous antidépresseurs. Je ne pourrai vous expliquer comment ma vie s'est mise à basculer. Je ne sortais plus, je mangeais peu, je voulais rester seule avec moi-même. Et pourtant vous allez rire, mais je ne me supporte pas. J'ai des moments d'euphorie, que je ne comprends pas, des moments où je suis capable de pleurer pendant des heures et des heures, sans connaître la raison. Quel gâchis de savoir qu'une maladie peut te prendre tout ce que tu as. Non, je ne vous parle pas d'un virus, ni même d'une sale bactérie. Je vous parle de ce mot, que peu savent s'avouer. Je vous parle de quelque chose qui m'a retiré tout sourire, et qui a installé des litres de larmes derrière mes yeux. Je vous parle d'un univers que personne ne peut connaître avant d'y avoir goûté. Je vous parle d'un monde misérable. Je vous parle de tristesse, de désespoir, d'angoisses, ou bien même d'idées noires. Je vous parle du temps, chaque seconde se ressemble. Il en est de même pour les minutes, les heures, les jours, les semaines, les mois, et les années. Je vous parle de ces médicaments, auxquels je suis accro, et qui n'arrangent rien. Je vous parle de ces nuits sombres que je passe aux côtés de mes cauchemars. Je vous parle de ma vie, des obstacles que j'essaie en vain de sauter, des peurs que je ne cesse de multiplier. On ne peut pas se permettre de jeter les gens dans cette merde insurmontable. On en peut pas se permettre, nous, humains, de laisser mourir des personnes qui n'ont jamais demandé le suicide comme fin de vie. On ne peut pas se permettre de manquer de courage, et de laisser les gens tomber, un par un, comme des ampoules qui s'éteignent dans le secret. La dépression touche maintenant des millions de sujets, on ne peut pas la laisser les écraser.