sixième tableau

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Cette fois Jin était complètement démuni. Face à lui, le garçon regardait une toile blanche, le regard inerte. C'était la première fois qu'il ne produisait rien en cours. Le plus étrange était qu'à un moment il souriait de toute ses dents, pour finalement afficher un air triste, puis de nouveau le même sourire et ainsi de suite. Jungkook n'étant pas du genre à être bipolaire, Jin se demandait s'il n'avait pas finit par devenir fou.

- Jungkook ? Interpella Jin.

Le garçon sursauta, comme arraché en pleins songes.

- Euh oui ?

- Ça te dis que je passe à l'appartement ce soir, histoire que je regarde où tu en ais.

Le garçon sembla paniquer un instant.

- Euh... Ok.

Le reste de la journée se passa sans accroc. Jungkook s'étonna de l'indifférence qu'il faisait face à Namjoon, et ne se surpris même plus à avoir des crises de jalousie quand celui-ci mentionnait Jin.

- Jungkook ?

L'intéressé releva la tête.

- Je passerais chez toi vers 21h.

- Hum hum...

21h, cela laissait au plus jeune le temps de faire un tour. Il décida de passer par le McDo avant de se retrouver au niveau du pont. Il faisait cela depuis deux semaines maintenant. Depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. Et jamais il n'avait eu la chance de retomber sur sa muse.

Mais ce soir là, il le vis. Debout sur le rebord du pont, le regard perdu dans le bleu, foncé par la nuit, du ravin. Sa chevelure teinte au blond flottant dans le vent tandis qu'il fermait délicatement les paupières. Le mouvement était infime, mais Jungkook le vis, il vis avec quelle lenteur la cause de ses insomnies se balançait en avant. Quel frisson d'horreur, quel sentiments effroyable le traversait quand il s'en rendit compte. La source de son inspiration cherchait à le quitter, alors qu'il ne s'étaient même pas encore présentés. Doucement, discrètement, il s'avança vers sa convoitise, et une fois en mesure d'atteinte, s'empara de la taille de l'objet de ses fantasmes avant de reculer vivement en arrière, le faisant chuter, lui et sa muse, sur le goudron froid et dur.

- Qu'est-ce que...?! Mais ça va pas ?!

- C'est à moi de demander ça ! Qu'est-ce que tu faisais sur le rebord de ce pont ?!

- Ça ne te regarde pas !

- Bien sur que si ! Tu aurais pu mourir !

- Eh bien tant mieux ! C'est ce que je veux de toute façon ! Et je ne vois pas en quoi ça te regarde !

- Si tu meurs, je meurs avec toi !

- Mais t'es complètement singlé ma parole ! On se connait même pas, on s'est rencontré une fois et puis c'est tout. Pourquoi voudrais tu mourir avec moi ?!

- Parce que je...!

- Quoi ? Tu quoi ?

- Je... J'ai besoin de toi...

- Au point de vouloir sauter avec moi ?! Excuse moi mais ça ne m'explique rien.

- Tu ne comprends pas.

- Bah quoi alors ?! Nan tu sais quoi, laisse tomber, t'a cas crever si ça te chante, ça m'empêchera pas de sauter.

- Tu...tu es ma muse !

- Ta quoi ?!

- Ma muse.

- C'est quoi ça ?

- Je suis un artiste. En tant qu'artiste j'ai besoin d'inspiration. J'ai toujours cru que j'étais ma propre muse, aussi je ne dessinais que des autoportraits. Jusqu'à ce que je te vois, ce soir là. Une muse est une source d'inspiration. Quand un artiste trouve sa muse, il ne vis plus que pour elle, ne dessine plus qu'elle, ne s'inspire que d'elle. C'est ainsi que je t'aperçois.

Love myself VkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant