La porte

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Une ville. Une porte. Voilà comment décrire où je vis. Une ville sans fin et une porte, là où se couche le soleil. Je ne me rappelle plus mon enfance, ni de mes parents, juste d'une lumière qui m'enveloppait. Je ne suis pas le seul dans ce cas. D'autres, comme moi, ont subi la même expérience. On nous a dit que la réponse se trouvait derrière la porte. Ça fait 10 ans qu'on attend et toujours rien. Je me demande souvent ce que je fais ici, quel est notre but. On n'a aucun objectif à part attendre devant la porte. Lui, il est toujours là, en haut de sa tour, à nous dire d'attendre. J'ai entrepris avec quelques amis de chercher là où la ville s'arrêtait. On a suivi l'horizon là où le soleil se levait. On a suivi la grande rue pendant des jours et rien. Toujours les mêmes maisons, toujours la même rue, sur des kilomètres, jusqu'au bout du monde. Comme un rêve. On pourrait se demander comment j'ai fait pour ne pas déjà sombrer dans la folie. C'était grâce à elle. Le soleil se reflétait sur ses cheveux sombres et ses yeux brûlaient comme deux étoiles tombées du ciel, des yeux qui m'emmenaient loin, très loin. Mais je ne pouvais pas l'approcher il avait dit, donc je me contentais de la regarder de loin. Elle hantait mes rêves tout comme mes cauchemars. Je ne comprenais pas, je la voulais. Je lui ai demandé : « Pourquoi je la vois dans mon sommeil, pourquoi chaque regard qu'elle me lance me consume de l'intérieur. Je ne comprends pas, elle est ma vie, elle est moi, pourtant je ne peux pas l'approcher. Encore combien de temps dois-je rester incomplet ?» Il me répondit : « Tu comprendras, quand la porte s'ouvrira ». Donc je me suis mis à attendre... des jours, puis des semaines, puis des mois. Toujours devant cette porte... Son existence commençait à disparaître de ma pensée. Il ne restait plus que la porte. Elle s'approcha de moi, elle tenta de me séduire, mais je ne bougeais pas. Je ne clignais pas des yeux. Je savais qu'un moment d'inattention et je raterai son ouverture. Les semaines se transformèrent en mois, les mois en années. Elle était tombée amoureuse d'un autre homme, ils eurent un enfant. J'avais pitié d'eux. Ils gâchaient leur existence. À quoi leur servait leur enfant ? D'avoir trouvé l'amour ? Ils étaient toujours là, dans cette ville sans fin, dans un cycle d'actions sans conséquence. Ils rateraient l'ouverture de la porte. Pas moi, je valais plus qu'eux, j'allais savoir ce qui se trouvait derrière la porte.

Le jour est enfin arrivé

La porte s'ouvre lentement

Je suis ébloui par la lumière

Je le vois, enfin, sa silhouette assombrie par le soleil

Je me mets à pleurer. Sous son ombre, je pleure

Il me prend dans ses bras

J'atteins le nirvana du bonheur, personne n'est aussi heureux que moi, il m'enveloppe dans sa lumière. J'ai une dernière pensée avant de disparaître dans sa lumière.

"J'ai eu une bonne vie"

Quelques petites histoires sans ambitionsWhere stories live. Discover now