E mi rimorsu

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Les arbres formaient une véritable voute céleste au dessus d'elle, ne laissant filtrer que quelques rayons de soleil pouvant s'apparenter aux étoiles. Cette comparaison la fit sourire. Ici le silence ainsi que l'odeur caractéristique des pins l'apaisait, lui rappelant sont enfance. Son grand père plus exactement décédé il y a bien des années de cela d'un cancer alors qu'elle n'avait que 7ans. Elle n'en gardait que des souvenirs heureux, celui d'un bon vivant totalement gaga de ses petits-enfants dont la gentillesse n'avait pas de limite. Elle se remémorait parfaitement ses yeux bleus claires et sa moustache grise piquante ainsi que ça grande taille et son corps squelettique témoignant de plusieurs années de maladie qui pourtant ne l'empêchait pas de vivre quand ses petits enfants débarquaient, il en faisait trop à chaque fois. Lui est ses blagues nulles ou ses mensonges exagérés comme la fois ou il lui avait raconté que le trou dans le cerisier était dû à un homme qui avait voulut l'abattre à coup de pelle et que son grand père avait héroïquement chassé du jardin a coup de fusil. Un rire s'échappa de sa gorge. Elle s'était tellement sentie idiote lorsqu'elle avait appris la vérité à 15 ans, comme quoi ce n'était que les fourmis qui avaient attaquées l'arbre et commencées à le dévorer de l'intérieur. Après tout même si son grand père était chasseur c'était un grand pacifiste, il n'aurait jamais fait de mal à une mouche, lui qui refusait d'appeler les pompiers alors que ça jambe était en sang par peur de les déranger, n'aurait jamais pointer son fusil sur un être humain. Et puis après tout qui irait chez des gens qu'il ne connait pas, s'enfoncer aussi loin dans leurs jardin cacher derrière la maison pour tenter d'abattre un cerisier qui n'as rien demandé à coup de pelle ? personne. Un autre rire s'échappa de ça gorge, vite suivit d'un deuxième, puis d'une larme. Et elle craqua.

Sa grand mère venait de mourir et elle culpabilisait. Elle s'était abritée dans la forêt bordant la maison de Muratellu dans le vain espoir de se calmer mais elle s'en voulait tellement. Elle n'avait jamais réussi à être proche de sa grand-mère, leurs idéaux, croyance et façon de penser était totalement opposés. Elle repensa a l'une de leur disputes, elle qui était d'habitude si calme s'était emportée face à sa grand-mère lorsque celle-ci avait accrochée une croix au dessus de son lit pour la protéger du mauvais sort et elle l'avait arrachée avec rage avant de la lui tendre brusquement dans un déni total de la religion, elle trouvait cela tellement stupide de croire qu'un être supérieur dirigeait ce monde et sa grand-mère était partie de sa chambre en criant qu'elle irait en enfer. Sur le coup elle s'en était moquée mais maintenant elle s'en voulait, si la religion était quelque chose d'absurde pourquoi avait-elle arracher la croix avec autant de violence ? il aurait simplement suffit de la laisser là comme simple objet de déco pour ne pas froisser sa grand-mère ou juste lui expliquer calmement qu'elle n'avait pas les mêmes croyances et lui rendre gentiment. Mais non sa patience avait atteint sa limite, sa grand-mère était quelqu'un d'adorable et elle l'aimait mais elle ne pouvait la supporter qu'à petites doses. C'était horrible a s'avouer mais ses idéaux la dégoutaient , sa grand-mère était une catholique presque extrémiste, raciste, avec une conception du foyer obsolète (la femme a la cuisine, l'homme au jardin) et aux idées principalement de droites. Alors pour cette jeune femme puriste de la logique qui ne croit qu'en la science et qui ne croyait plus aux superstitions depuis des années, lgbt et féministe il y avait de quoi avoir des débats animés lorsqu'elles étaient ensembles. Mais là n'était pas le problèmes, avoir des valeurs différentes ne la dérangeait pas en soit mais le problème était que ça grand-mère ce faisait vieille et ses arguments n'étaient absolument pas constructifs. Basés sur des spéculations et des trucs entendus à droite et à gauche nourris par la télé et ses inepties, tout leurs débats étaient totalement improductifs basés sur qui crierait le plus fort et chacune restait campée sur ses positions. Mais le pire était que la famille passait son temps à se moquer, c'est vrai qu'il était compliqué de ne pas le faire et du haut de ses 17ans la jeune fille qu'elle était se faisait facilement influencer par son père qui passait son temps a boycotter sa mère et ne l'écoutait même plus ou bien se moquait ouvertement face à elle tout en l'ignorant. Mais maintenant la jeune femme regrettait amèrement, même si ses opinions était stupides sa grand-mère ne l'était pas et comprenait parfaitement lorsqu'on se moquait d'elle. Sa grand-mère était déjà assez seule comme ça pour en plus pour les rares fois ou elle voyait sa famille se faire insulter. Maintenant qu'elle était morte la jeune-femme avait honte de ne pas avoir fait comme son frère, se taire lors des orages et partager avec sa grand-mère autre chose que des disputes, elle était prise de remords pour l'avoir insultée et s'être emportée de si nombreuse fois, elle était prise de regrets de ne pas lui avoir dit assez "je t'aime" et de ne le lui avoir jamais montrer.

Alors voilà mamie, même si il est trop tard : je t'aimais

03/03/2019

890 mots

A ma grand-mèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant