Deuxième année en enfer.. Qui dit début d'année dit début de nouvelles péripéties , du moins pour ma part. Je me suis toujours dit que cette année allait être la bonne et que j'allais enfin pouvoir recommencer comme si de rien était. Il s'est avéré que ma naïveté a pris le dessus encore une fois. C'est pas comme si l'année dernière avait été assez traumatisante. Je pensais vraiment pouvoir avoir une année normal dans cet endroit où seule la solitude était devenue amie avec moi , alors certes j'avais quelques amis , si on peut dire des amis. On va plutôt les définir comme des amis de huit jusqu'à dix-sept heures. Ils me faisaient penser à autre chose sans pour autant m'apporter quelque chose.
Les événements se sont répétés , encore une fois... Insultes en tout genres , les coups subis , les bagarres quotidiennes , les humiliations , l'incapacité des adultes face à mon cas. Tout ça devait être normal et ils n'arrêtaient pas de me le répéter , maintes et maintes fois. Dans ce genre de situation , le mental doit céder à un moment , c'est catégorique. Pour moi , à 12 ans , avec ces traumas subis au collège , l'environnement familial n'étant pas des plus propices pour m'aider et l'énorme manque de confiance en moi , il était clair qu'un moment ou un autre je pouvais céder.
Ce fut le cas , mon esprit a lâché prise. Les pensées sombres étaient de plus en plus présentes , la colère montait petit à petit , mon insociabilité grandissait. A ce moment-là , j'ai pensé à me mutiler , j'avais besoin d'un équilibre pour pouvoir tenir.. J'ai essayé quelques fois mais le ressenti n'était pas comme je le pensais : des traces , des plaies plus ou moins profondes , une sensation de brûlure et un devoir de cacher ces marques au risque que mes proches ne le découvrent. Pourtant , je ne voulais pas que l'on s'inquiète , j'ai toujours détesté ça et puis je n'aime pas forcément parler de mes problèmes. Cela coulait de source pour moi : ce sont mes problèmes , pas les leurs et ils n'ont pas à savoir. Je me suis donc convaincu de garder ceci pour moi , de me retenir jusqu'à que je puisse tout extérioriser d'une manière ou d'une autre.. cela prendra le temps qu'il faudra mais je n'avais pas vraiment le choix.
Je m'étais rendu compte au fur et à mesure que le temps avançait , j'éprouvais plus de mal à tenir , aussi bien mentalement que physiquement. Le judo m'apportait clairement ce que j'avais besoin : un sentiment de sécurité , de bonheur et de vrais amis. Je ne demandais pas plus que ça mais visiblement je n'avais pas eu ce que je désirais tant. C'est stupide mais le fait d'avoir quelques amis pour pouvoir décompresser , penser à autre chose qu'à des pensées négatives , au harcèlement quotidien et pouvoir avoir un minimum confiance en soi peut aider , vraiment..je n'avais clairement pas ça.
C'est ainsi que d'autres pensées sont arrivées en cours de chemin , je ne faisais que penser à la mort... ma mort. Je me disais que je pouvais enfin avoir la paix et qu'on arrête tout ce qu'il se passait avec moi. J'avais longuement réfléchis par rapport à cette idée , l'idée de me suicider et d'enfin avoir la conscience tranquille. Le plan était simple : attendre le moment où j'étais littéralement au fond du trou , prendre mon couteau étant dans ma chambre que je gardais en tant que décoration et faire ce que j'avais à faire.
Au moment de l'acte , il n'y avait personne chez moi à part ma personne. Le silence faisait pression. Tout ce passa dans ma chambre. Dans un coin de ma chambre , la main tremblante , je relevais mes manches et pris le couteau qui allait me servir de billet de passage vers un monde meilleur. Je dépliais mon couteau et approcha sa lame de mon poignet gauche. J'hésitais vraiment à le faire , d'un côté je voulais en finir car je n'avais plus rien à perdre mais de l'autre , je ne pouvais pas laisser mes proches avec cette nouvelle. La pointe de la lame s'enfonça d'un ou deux millimètres dans mon poignet gauche , ce qui fit couler mon sang. Je ne sais toujours pas pourquoi mais d'un coup , je retira la lame et jeta le couteau devant moi. Je fis le nécessaire pour soigner la plaie infime qui aurait pu me coûter la vie. C'est sur cette action que je m'effondrais , j'étais complètement détruit psychologiquement. Les larmes se mettaient à couler le long de mes joues puis atteignaient le sol de ma chambre... La solitude , la colère , l'horreur entourèrent ma personne brisée et s'exprimèrent par des sons assourdissants et bruyants , ce fut moi en plein effroi en rendant compte de ce que j'étais en train de faire.
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Histoire d'une vie
Non-FictionJoseph , un jeune de 17 ans , raconte les quelques années de sa vie. Cette dernière n'est pas une des plus calmes. C'est avec un besoin de dénoncer qu'il explique les différents passages importantes de son existence pour comprendre à quel point que...