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«- J'abandonne, je n'y arriverai jamais. Annonce Jaemin épuisé.»

Il voulait abandonner une énième fois, il n'en pouvait plus. Depuis son accident, qui avait mené à l'amputation d'une partie de sa jambe droite, il se sentait terriblement mal, de plus, la rééducation avec cette jambe factice lui semblait insurmontable. Il en avait assez, il avait passé vingt-huit années avec tous ses membres, alors comment pouvait-il finir sa vie avec une unique jambe ? Pourquoi lui infliger ce supplice de la rééducation ? Après tout, il allait finir sa vie en fauteuil roulant, il n'en voulait pas de cette prosthèse. Plus jamais il allait pouvoir danser, lui qui aimait tant cela.

Il devait déjà surmonter la violence de son accident, son amputation, sa cicatrisation et maintenant sa rééducation pour apprendre à marcher avec cette chose qui lui servait de jambe droite. Son chirurgien lui avait expliqué que sa jambe avait été complètement écrasée à cause de la brutalité du choc, sa famille avait été concertée et avait choisi le mieux pour lui, soit l'amputation pour le sauver, car il était impossible de la reconstruire. C'était un cas extrêmement rare. Jaemin avait été plongé dans le coma artificiel afin qu'il puisse moins souffrir, car en plus de sa jambe broyée, il avait eu de multiples fractures.

Jamais, il aurait pensé que cela lui arriverait, il avait l'impression de tout perdre, que tout s'effondrait.
Il n'avait aucune envie de fournir des efforts, qui pour lui, paraissaient en vain. Combien de mois était-il dans cet hôpital ? Trop longtemps, suffisamment pour lui faire perdre tout espoir et toute volonté.

Son réveil quelques semaines après, avait été douloureux, là où se trouvait habituellement sa jambe, était remplacée par une seule partie de sa cuisse enroulée dans des bandages épais, cela l'avait extrêmement choqué. Il était complètement perdu. Le temps de cicatrisation lui avait paru horriblement long, près d'un mois et encore, c'était loin de la guérison. Sa peau devait être sans cesse nettoyée afin d'éviter tout risque d'infection, il devait muscler son reste de jambe pour ne pas créer de déséquilibre, donc faire des exercices. C'était si difficile pour lui, aujourd'hui encore, quelques mois après, ce n'était pas fini. Cette prothèse était plus un fardeau qu'autre chose.

Le regard des autres allait lui aussi être douloureux, à présent, il était handicapé, et il ne pouvait pas le cacher. Pour Jaemin, handicapé était synonyme d'insulte, comment tant d'autre personne le pensait, hors ce n'était pas le cas, bien au contraire. C'était une force.

«- N'abandonne pas, tu vas réussir. Encourage le jeune médecin avec un sourire chaleureux.»

Ce jeune chirurgien était Jeno, diplômé depuis peu, ayant trente quatre-ans. Il avait participé en aidant un autre chirurgien, c'était sa première amputation. Le patient étant jeune, cela l'avait particulièrement sensibilisé. Jeno avait envie de voir son patient réussir, comme tout autre. Après tout, il débutait dans ce métier donc Jeno était particulièrement sensible, mais il avait pour autant le cœur bien sûr accroché. Il n'avait pas le droit à l'erreur.

«- J'aurai préféré crever plutôt que devoir vivre avec une seule jambe ! Cria le plus jeune en pleurant.»

Cette vue serrait le cœur du chirurgien, il ne pouvait pas laisser Jaemin dans cet état, Jeno ne comptait pas le lâcher jusqu'à sa sortie d'hôpital, il était prêt à l'aider.

Il se rapprocha du jeune au sol et du kinésithérapeute qui tentait d'aider le blessé dans le fauteuil roulant, et Jeno aida son collègue. Jaemin avait ainsi pu être plus rapidement dans son fauteuil, afin d'aller dans sa chambre se reposer après ces efforts éprouvants.
Le blessé ne pouvait plus contenir ses larmes, il était dans un désespoir total. Jeno avait décidé de le ramener dans la chambre, le chirurgien avait le temps avant sa prochaine opération, alors il voulait rester auprès du jeune homme pour le rassurer, il ne voulait pas le laisser pleurer seul en silence. Les infirmières avaient rapidement, mais précautionneusement mis le jeune dans le lit, après avoir vérifié que tout allait bien, physiquement du moins, elles avaient laissé Jaemin en présence du chirurgien.

Le patient ne décoinçait pas un mot, il avait cette expression brisée sur le visage.

« - Je sais que ce n'est pas facile et que ça ne va pas l'être, mais tu sais, il y a des bonnes prothèses de nos jours. Débute le médecin en s'asseyant sur la chaise à côté du lit.

- Ça ne vaut pas une vraie jambe. Répond Jaemin froidement.

- C'est vrai, je ne le nie pas. Dis-toi que, cela te forgera. Tu auras cette force et cette volonté que peu de personne ont. Continue le chirurgien en souriant.

- Je n'ai aucune force, je suis faible, que voulez-vous faire avec une jambe en moins ? Questionne Jaemin en regardant le plus âgé.

- Vivre. Tu peux vivre. Sans te le cacher, tu le sais, tu as failli y rester. Tu as été mis dans le coma artificiel comme tu le sais, mais inconsciemment, tu as eu la force de vivre, alors continue.

Le patient ne savait que répondre, il voulait juste pleurer. Il ne savait plus s'il devait abandonner ou se battre pour vivre.

- Laissez-moi tranquille. Dit Jaemin en tournant la tête vers la fenêtre.

- Très bien, fais appel à moi si besoin, répond le chirurgien en levant. Et tu peux me tutoyer, je m'appelle Jeno.

Le chirurgien lui souriait chaleureusement, puis il sortait de la chambre laissant le plus jeune complètement perdu.

- Jeno...

Ce médecin était étrange, pourquoi se préoccupait-il de lui ? Ce n'était pas son rôle. C'était sûrement parce qu'il était jeune et qu'il ne savait pas encore qu'il devait mettre tout sentiment et pitié de côté. Cela laissait le jeune blessé perplexe.

Les jours passaient et Jaemin n'avait plus le moral, il démoralisait. Son chirurgien l'intriguait toujours plus, il était censé juste l'opérer et laisser ses collègues gérer le rétablissement, mais non, il faisait bien plus.
Jeno veillait sur lui, à ce que son rétablissement aille vite et le mieux possible, lorsqu'il n'opérait pas, il était présent lors des séances de rééducation.
Le jeune chirurgien se faisait réprimander par ses supérieurs et collègues, mais il continuait en cachette. Il prenait aussi des nouvelles avec le psychologue qui suivait son patient, c'était sûr, Jaemin avait une peur qui lui nouait l'estomac et l'empêchait d'avancer.
Jaemin avait très mal pris que sa famille décide à sa place pour l'amputation, mais il ne pouvait pas lui en vouloir, elle avait choisi de ne pas le perdre. De plus, sa famille n'avait pas toujours le temps d'aller lui rendre visite, ses parents étaient venus le voir assez souvent au début, ils étaient présents lorsqu'il était dans le coma.

Jaemin en avait marre d'être couché ou assit, il voulait marcher, courir ou danser, hors cela n'allait plus jamais pouvoir être le cas. Il n'en pouvait plus. Combien de fois avait-il pensé qu'il aurait dû mourir le jour de son accident ? Rien que de s'en rappeler, il avait une boule dans la gorge et ressentait sans cesse l'envie de pleurer.
C'était si douloureux au sein de sa poitrine, son cœur lui faisait tellement mal. Sa jambe lui manquait. Rien ne pouvait l'aider à aller mieux, sauf étrangement la présence de son chirurgien. Jeno était le seul à venir lui parler régulièrement à parler de tout et de rien sauf de l'accident. Cela permettait au jeune homme de penser à autre chose que ses peines.

Jeno, de son côté, voulait aider cet homme accidenté. C'était sûrement parce que Jaemin était son premier cas d'amputation. C'était le seul patient pour qui il se donnait autant. Parfois, chez lui, il pensait au jeune homme. Il se disait que même avec sa jambe en moins, son visage fatigué et creusé, et ces cernes sombres, il avait un beau visage fin.
Le jeune chirurgien avait longtemps mis de côté ses relations, ainsi que son homosexualité cachée à ses proches. En y repensant, il se disait que son patient pouvait être son genre d'homme. Cependant, il aurait aimé le rencontrer dans d'autres circonstances. Il ne pouvait pas être plus proche avec lui alors il se contentait de l'encourager.

Plus le temps passait, plus Jaemin avait cette rage d'avancer. Rire et parler avec Jeno l'aidait énormément, son moral remontait, il trouvait la lumière au bout du tunnel. Approchait-il de la guérison ? Pourtant, ils n'étaient pas amis, loin de là, mais ils s'appréciaient bien au delà du cadre.



Voilà le premier chapitre, c'est une histoire triste mais pas vraiment, les prochains chapitres seront plus optimistes ~

Volonté °NoMin°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant