Chapitre 44

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La plupart de mes textes et discours ont traité la mort de différentes manières. A croire qu'un pacte existe entre la faucheuse et moi. J'ai connu la mort bien trop de fois. J'ai connu la perte, le deuil, la souffrance. Je l'ai vu dans les yeux des citoyens, dans les discours aux enterrements, dans le gestes de ceux qui ont tout perdu. Mais jamais réellement, je n'y avais songé. 

Il y a quelques jours, quelque chose est arrivé. J'ai vu la mort et elle m'a souri. Pensez-vous que j'aurais dû lui sourire en retour? L'accueillir avec fierté et l'enlacée? Bien sûr je n'ai rien fait de ça. J'ai ressenti une peur étrange, nouvelle et terrifiante. On dit souvent que les hommes ont peur plus facilement lorsqu'ils vont mourir, je suppose que c'est vrai. Cependant, je n'ai pas eu peur de mourir, j'ai eu peur de ne pas avoir assez vécu. J'ai eu peur d'enterrer mes rêves, de renoncer à mes projets, de tirer un trait sur mes espoirs. On dit que la mort est un grand sommeil, une nuit sans fin, sans réveil. Je suppose que c'est cela qui m'a terrifié le plus. Se rendre compte que la vie n'est qu'éphémère et la mort éternelle. Ne jamais naître de nouveau, ne jamais grandir, ne jamais rire, ne jamais travailler. Ne plus jamais vivre. Rester dans un brouillard noir sans fin. Attendre l'éternité jusqu'à ce que ce que toutes formes de vies disparaissent à son tour. Jusqu'à ce que l'univers s'étende jusqu'à refroidir. Jusqu'à attendre un miracle qui ne se produira jamais. J'ai soudainement pris conscience de cela lorsque le pistolet s'est posé contre mon front. Ma pensée pourrait paraitre égoïste mais je me suis dit que je n'avais rien accompli. Que j'étais bien trop jeune pour mourir et que je ne méritais pas ce châtiment. Cependant, lorsque je repense à toutes ces vies volées suite à des accidents ou des attentas, je me dit que personne ne mérite cela. Ces pauvre enfants qui ont bien moins vécu que moi. Ces familles détruites par la guerre. L'absence d'un être aimé est une injustice sans nom. Un vide qui fait perdre à la vie tout son sens. C'est pourquoi certaines personnes décident d'arrêter leur vie avant la date finale. C'est seulement quand on a trouvé la raison de mourir que l'on oubli celle de vivre. On dit que la mort fait partie de la vie mais en est-il de même pour le suicide? Maîtriser la mort et choisir le moment où mettre fin à sa vie est un sombre pouvoir. Certains diront que ceux qui se suicident sont courageux, d'autres prétendront que c'est un acte de lâcheté. Pour ma part, je ne vois qu'un appel au secours compris trop tard. Une souffrance sourde et insurmontable qui ne s'apaise que lorsque les yeux se ferment pour toujours. Ont-ils un jour réfléchi à l'éternel silence et obscurité dans lesquels ils s'engouffrent avec envie? Cette fin sans fin? Peut-être que non. Peut-être que l'amour dont ils ont manqué n'ont pu leur faire prendre conscience de ce vide qui nous attend de l'autre côté. Ces gens-là vivent sans amour et il est plus facile de mourir que d'attendre un changement, un espoir. Cela m'attriste. Je me souviens d'un film où un personnage avait dit une phrase que je n'ai pas compris de suite. Il avait dit : "N'aies pas pitié des morts. Aies plutôt pitié des vivants et par dessus tout, de ceux qui vivent sans amour". Les morts sont calmes et apaisés. Les vivants sont tout le contraire. Ils se battent pour survivre et vivre des aventures ou bien s'enferment dans une vie facile en oubliant de la vivre pleinement. Si la mort est si calme et l'amour une nécessité pour les vivants, pourquoi le nombre de suicides n'a t-il pas augmenté? Prennent-ils donc conscience de tout ce qu'ils peuvent manquer s'ils quittaient la terre à jamais? Préfèrent-ils donc vivre sans amour, vivre une demie-vie mais vivre quand-même? L'amour excuse tout, il croit tout, espère tout, supporte tout. L'amour est sans fin. Un peu comme la mort en fin de compte, l'amour est éternel. Mais peut-on dire qu'il est effrayant? Pour la première fois de ma vie j'ai été terrifiée. Pas par la vieillesse, pas par la mort. Mais par après la mort. Certaines personnes croient en la réincarnation, au paradis, aux fantômes, pour se rassurer du grand voyage. Pour ma part, je ne crois qu'au vide et à l'obscurité qui nous attend. Imaginer tous nos proches défunts perdus dans ce vide me terrifie davantage. Cependant, ils demeurent morts. Ce ne sont pas eux qu'il faut plaindre car ils sont enfin apaisés. Ce sont les vivants qu'il faut plaindre. Surtout ceux qui vivent sans amour, sans projet, sans espoir. Ceux qui mettent fin à leur vie car ils ne la supportent plus. Ceux qui ne réalisent jamais leur rêve par peur d'échouer. Les humains ne sont pas immortels, la vie finit incontestablement par s'achever. Il est grand temps de commencer à la vivre réellement.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 11, 2019 ⏰

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