Le ciel était grisâtre, les nuages refusaient de céder leur place à la palette turquoise.
C'est navrant, cela aurait pu la réveiller.
La pauvre fille était toujours inconsciente, au plus grand désespoir de son Suiveur. Étendue morte, elle semblait s'être intégrée dans ce tableau de verdure. De vieux arbres s'élevaient à plusieurs mètres au-dessus d'elle mais les quelques feuilles orangées détruites par le temps ne la protégeaient pas de la pluie fine qui rejoignait doucement le tableau à son tour. Pourtant la délicatesse qu'offrait la pluie à son premier abord se transforma vite en de violentes flèches d'eau transperçant la terre et dérangeant les timides insectes ayant fait leur nid. Les oiseaux s'abritant tant bien que mal dans les grands trous qu'offraient les anciens de la forêt, ne cessaient d'observer cette étrange créature qui paraissait abriter la vie.
Peut être était-elle vraiment morte, se dit le moineau. Mais alors que faisait cette autre chose près d'elle depuis plusieurs jours maintenant ?
Et c'est alors qu'elle ouvrit les yeux et que tout ce qui couvrait le ciel s'échappa pour laisser place aux rayons chatouilleux du soleil. Cette pluie avait-elle conspiré avec cette masse blanche étendue là à empiétrer sur le territoire des loups ? se permit de penser l'escargot.
Elle ne regarda pas où elle se trouvait, et ne prêta non plus davantage d'importance à sa nudité. Elle ne fit d'ailleurs l'objet d'aucun mouvement si ce n'était ses lèvres.
- Quel jour est-il ? émit-elle dans un murmure.
Sa voix était douce et mélodieuse, malgré sa pâleur évidente.
- 14e jour de Pluton, répondit une voix plus rauque. As-tu suffisamment récupéré ?
Elle s'était levée avec facilité et se mit enfin à observer le paysage l'entourant.
- J'imagine que nous ne pouvons pas y retourner.
- Tu as deux possibilités Lucy : soit tu retournes à la Coupole des Mages, soit tu fuis et tu vis plus longtemps.
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Plus au nord, des nuages de fumée s'échappaient d'une maisonnette recouverte de pierres, reflétant la pauvreté, elle était la seule habitation des environs.
- Tom, tu es certain d'avoir pris tout ce qu'il te fallait ?
- Oui maman, à ce soir.
Le jeune homme muni d'une épée embrassa sa mère tendrement et s'en alla.
- Fais bien attention à toi, lui conseilla-t-elle intérieurement.
La voilà qui regardait un adulte s'en aller, comment le temps pouvait-il passer aussi vite ? Elle se rappelait encore le jour où elle lui donna naissance, sa façon de rire, ses premiers mots, sa première démarche hésitante, comment il l'avait réconfortée lors de la mort de son mari. Elle qui devait rester forte pour l'élever, voilà que leur rôle s'étaient retrouvés inversés. Des larmes perlaient ses yeux, pourquoi avait-elle un pressentiment aussi oppressant ? Et si cet instant était le dernier qu'ils avaient partagés ? Elle ne s'en remettrait jamais.
Tom ne se doutait pas qu'en s'enfonçant dans la forêt il n'en ressortirait sans doute pas.
- Lucy quelqu'un arrive.
- J'ai vu.
La jeune fille couru se cacher derrière un arbre. Que faisait-il ici, armé qui plus est, était-il là pour eux ? Non elle ne pouvait pas prendre ce risque.
- Je l'élimine.
- Tu enfreints les règles ! s'exclama silencieusement le Suiveur.
Le jeune homme accroupi, ramassant des champignons, ne remarqua pas l'avancée silencieuse de Lucy derrière son dos jusqu'à ce que le craquement d'une branche délaissée écrasée par son poids ne la trahi.
- Bouges et tu le regretteras, menaça-t-elle la main serrée fermement derrière le cou du garçon.
Le garçon fut surpris d'entendre une voix féminine. D'où lui venait une telle force ?
