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Il était tôt, aux alentours de six heures du matin. Malgré cette période de fin de printemps, l'air était frais et la rosée perlait finement sur les champs bordant le goudron noirci.
Un doux silence planait, parfois percé par des sons d'oiseaux, ou d'autres animaux. Mais c'est le long de cette route, que nous pouvons apercevoir une silhouette petite et frêle, la main se balançant entre ses hanches et le bitume. C'était un jeune homme, semblant aller vers la capitale du pays du matin calme, Séoul.
Seulement, il vivait bien trop loin de cette dernière, et même de la petite ville la plus proche, celle de Wonju. Alors, il faisait de l'autostop, un certain espoir dans son cœur, celui de rencontrer une personne, qui passerait par ce petit village, allant à la capitale.
Le garçon ne portait pas d'écouteurs, voulant entendre le moindre bruit de moteur qui pourrait s'approcher de sa position, lui qui avait la forte habitude de porter ces derniers lorsqu'il était seul.
Soudainement, il l'entendit. Le bruit de son sauveur. Il passa une de ses mèches caramel derrière son oreille, ses yeux bruns s'écarquillant brusquement, brillant de pur bonheur. Il leva rapidement son pouce en l’air signe qu'il attendait le carrosse d'un prince, se tourna vers le son de moteur et regarda avec insistance la Skoda grise qui s'approchait. Renjun, le jeune homme, pria quatre ou cinq fois intérieurement, et le véhicule s'arrêta.
La fenêtre droite s'ouvrit, et il y passa délicatement sa fine nuque, demandant au conducteur sans même le regarder où il comptait aller, et si il pouvait le prendre avec lui. L'homme expliqua de sa voix grave qu'il allait à Séoul, et qu'il ne s'était pas arrêté sans raison.
Alors Renjun sortit sa tête de la fenêtre, ouvrit la portière et entra timidement, déposant son sac sur ses genoux. Il tourna finalement son visage vers celui de son héros, et le temps sembla s'arrêter. Le jeune chinois était attiré par les hommes. Il n'en parlait pas, mais ne s'en cachait pas, simplement. C'est en voyant le profil de cet homme que son cœur commença a fondre. Jamais de sa petite vie, il n'avait vu d’homme de beauté pareille.
Ce dernier avait de beaux yeux noirs, particulièrement grands pour un asiatique, surmontés de sourcils épais tout aussi sombres. Son nez semblait taillé dans le marbre, et de lèvres charnues et appétissantes finissaient son portait hors du commun. Cet homme, même semblant bien plus âgé que notre protagoniste, était un véritable éphèbe.
Renjun se sentit soudainement plus petit encore qu'il ne l'était déjà, comme écrasé par l'aura du grand homme à ses côtés. C'est le son du moteur redémarrant qui sortit le jeune chinois de sa torpeur, ses joues prenant de douces couleurs carmin tandis qu'il se rendait compte de ses pensées.
La voix grave s'éleva alors, tentant de faire la conversation, mais le plus jeune semblait tant embarrassé qu'il ne répondait que faiblement. Son regard se perdit sur la route semblant infinie, et il commença à divaguer, remerciant sa tante d'habiter ici.
En effet, RenJun vivait chez sa tante, ses parents étant en Chine, et lui ayant décidé de venir étudier a Séoul.
Cette dernière habitait non loin de la mégalopole, mais elle décida de déménager dans ce petit village quelques jours auparavant, laissant son neveu seul et et perdu, de plus ne pouvant le mener en cours. Il commença alors à penser combien il avait eu de la chance d’avoir un homme aussi beau non loin de son village, qui allait peut-être pouvoir le mener a son lycée tous les matins, et chez lui tous les soirs.
Un bruit soudain et agressif s'éleva, comme celui d'un klaxon, et il lança alors son regard autour de lui : ils avaient atteint la périphérie de Séoul. Il entendit du bruit a l'arrière de la voiture et vit dans le rétroviseur deux grandes orbes noires le regardant fixement. Il paniqua avant que l'homme ne commence à lui dire, un rire s'échappant de ses jolies lèvres :
« Je sais pas à quoi tu pensais tout le trajet, mais t'avais l'air concentré ! J'ai même pas eu le temps de me présenter, et HyeJoo non plus ! Je m'appelle Wong Yukhei, mais appelle moi Lucas. J'suis chinois haha, j'viens de loin hein ! Derrière c'est ma fille HyeJoo, elle a onze ans ! Enfin c'est pas vraiment ma fille, mais c'ets tout comme, c'est celle de ma chérie Taeyeon ! Elle a une sœur aussi, qui s'appelle YeoJin et qui a huit ans ! Tu t'appelles comment toi ? »
Les maigres espoirs de RenJun se brisèrent sur le champ. Les plus beaux étaient toujours hétéros, quelle tare ! L’homme à ses côtés semblait très sociable, il était très charmant aussi. Il finit par répondre d'une petite voix, la tête baissée, jouant avec le tissu de son uniforme Bordeaux. « Hem… je m'appelle Renjun Huang, je suis aussi chinois. J'étudie à Séoul oui. »
Il vit devant ses yeux un petit papier blanc, tendu par Lucas, qu'il prit délicatement, non sans remarquer les grandes mains veineuses et halées du plus vieux, absolument magnifiques.
Il l’ouvrit, avant d'y découvrir une série de chiffres, semblant être le numéro de téléphone du grand. « Ah ! Note ça dans ton portable, je viendrais te chercher à ton bahut le soir, je finis vers dix-neuf heures ! Comme ça tu seras pas obligé de faire du stop ! Tu m’envoies un message ce soir, okay ? »
Le petit sembla particulièrement étonné, mais un sourire se dessina sur ses lèvres rosées. Il venait d'obtenir le numéro de téléphone de l’homme qu'il convoitait le plus, derrière Kim JongIn. Finalement son sourire s'agrandit et il hocha vivement de la tête, poussant malencontreusement un petit bruit aigu.
Un rire éclata dans le petit véhicule, détendant l'ambiance étrange, mais sous le regard sombre de la magnifique petite fille située à l'arrière, analysant chacun des mouvements des deux hommes.
La voiture s'arrêta finalement devant le collège de HyeJoo qui sortit toute seule, lançant un simple « au revoir » à son beau père. Ils étaient maintenant seuls dans leur voiture. Seuls, avec l’étrange tension qui se créait déjà.
