L'entre-temps (histoire interactive)

Chapitre 2: un monde

Une lumière aveuglante envahit ma rétine. Impossible d'y voir quelque chose, tout est flou.
J'entends juste une voix inconnue qui s'adresse à moi:

-Hey mec! T'es en plein bad trip là! Tu t'es prit une cuite où quoi?

Je ne comprend pas un traitre mot de ce qu'il dit!
Au bout de quelques minutes, mes yeux sont enfin habitués à la lumière, et je peux discerner l'endroit où je me trouve.
Il n'y a pas de doute, il est impossible que je sois sur terre. Peut être suis-je déjà mort? Une joie soudaine envahie mes pensées en pensant que je vais peut être revoir ma famille.
Devant moi se tient un jeune homme, vêtu d'une veste noire sans manches dans la même matière que son bas. Il porte sur la tête une casquette tournée vers l'arrière. Son accoutrement est autant plus étrange que la femme qui l'accompagne. Elle a la peau très foncé, et est couverte de peintures bleues fluorescentes. Elle ne porte qu'un pagne en draps blanc et ses cheveux crèmes couvrent le reste de sa nudité.

-Qui êtes vous?

Ma voix est enrouée, comme après un long laps de temps sans parler. La femme s'avance, et fait rugir sa voix puissante et claire.

-Bienvenue étranger. Je suis Kanya, -9600.

-Ouaah trop swag ta tenue. Chui Kilian, mais ma bande m'appelle Kay, 2020.

Je n'ai absolument aucune idée de ce que tout cela signifie. J'imaginais le paradis plus... accueillant. Ici, tout est tellement extravagant que je me croirais en plein rêve: le ciel est totalement mauve, comme le violet claire des fleurs que Lisa préparait. Le sol est mou comme de la terre fraîche, mais aucune herbe n'y pousse. Les arbres ont des formes bien curieuses, et les feuilles sont taillés étrangement. Bref, rien ici n'apparait comme chez moi.
Hésitant, je tente de me faire comprendre.

-Je m'appelle Pierre, et mon numéro de matricule est 868.

La femme me reluque de la tête au pieds, et hurle de toutes ses forces:

-868!!!!

Un un instant, une autre femme habillée en tablier et en sabots accoure. Son visage est noirci par des cendres, et ses cheveux mal coiffés sont cachés sous un épais bonnet blanc.

-Il dit qu'il est 868.

La paysanne me dévisage à son tour, avant de secouer la tete de gauche à droite.

-Sûrement pas. C'gars là n'est point d'chez moi.

Aussi vite qu'elle est arrivée, la femme repartit, me laissant à nouveau seule avec les deux autres.
Commençant à trouver le temps long, je prends les dessus et décide de m'exprimer comme je sais le faire.

-Quelqu'un ici peut m'expliquer ce qu'il se passe? Ça ne me déplaît pas d'être sorti de ce char atroce, mais si seulement on pourrait me dire où je suis ça serai formidable!

M'énerver de cette façon c'est pas dans mes habitudes, et je sens rapidement le rouge me monter aux joues. Les yeux de la femme s'écarquillent, et le jeune homme hausse les sourcils.

-Wesh en fait c'est pas un fragile le nouveau!

Après lui avoir jeté un regard noir, la femme m'explique enfin.

-Pierre, bienvenue dans l'entre-temps. Ici tu es à l'abris de la vieillesse et de la mort. Toutes les personnes qui viennent ici appartiennent à une époque différente. J'ai disparue de chez moi en -9600, Kay en 2020, et la paysanne que tu as aperçu était de 870. Comme tu as prononcé le chiffre 868, j'ai cru que tu faisais référence à la date de ton arrivée. Il semble évident que j'ai fait une erreur de jugement. De quand es-tu?

La sagesse et le calme de cette femme m'impressionne. Pas une voix sa voix a faiblit, et pas une fois elle ne s'est mal exprimé.

- Il y a quelques instants j'étais en 1939.

Elle esquissa un sourire satisfait, avant de claquer des doigts. Je me retrouva immédiatement dans une cabane, perchée sur un arbre, en compagnie d'un autre comme moi en uniforme militaire.

-Salut le nouveau. Kanya m'a parlé de toi. Pierre 1939 c'est ça? Tu es à peine plus vieux que moi!
Enchanté, je suis Lewis 1917. Tu te demande pourquoi tu es ici? Et bien figure toi que ça fait des années que je me penche sur la question. Et on a trouvé un point commun entre toutes les personnes qui ont atterrés ici. Premièrement, je sais que tu n'avais plus de famille.

Son débit de parole est extrêmement rapide, et il m'est impossible de comprendre ce qu'il dit. Mais à l'évocation de la famille, ma gorge se serre, et je ressent une douleur forte au niveau de la poitrine. Lewis continue de parler, en m'expliquant qu'il avait trouvé un moyen de renvoyer les gens chez eux, mais que les chercheurs de ce monde ne daignent pas l'écouter.

-Et c'est incroyable! Parce que la majorité des gens ici sont arrivés en période difficile pour la terre, comme une guerre ou carrément la disparition d'un peuple! Parce que la condition principale pour venir dans l'entre-temps, c'est de ne plus rien avoir à faire dans son époque!

Pendant qu'il parle encore et encore, je me lève et jette un œil par la fenêtre. La vie est à couper le souffle: les arbres immenses sont tous remplis de cabanes semblables à la nôtre, reliées entre elles par d'étroites passerelles en bois.

-Et donc c'est pour ça que tu dois aller tout de suite vois les anciens.

Je ne sais pas qui ils sont, ni pourquoi je dois les voir, mais une chose est sure, je suis très heureux de me débarrasser de ce Lewis trop bavard.
Sans prendre la temps de demander ma route, je passe la porte en bois et m'aventure dans le labyrinthe de passerelles. Je croise des gens vêtus de toutes façons, de toutes les tailles et de toutes les formes. Après plusieurs longues minutes à arpenter les chemins suspendus, j'arrive enfin devant un arbre plus gros que tous les autres, où la porte est creusée directement à l'intérieur. Sans hésitation je la pousse, et me retrouve dans une salle entièrement vide.
Trois personnages masqués apparaissent devant mes yeux, et avant que je n'ai pus comprendre, ils se mirent à parler.

-Compte tu respecter les règles?

Je me retourna pour être sur qu'ils s'adressaient à moi.

-Je ne suis pas sûr de connaître les règles...

-Premier test validé.

Leurs voix sont presque robotiques, et je me demande pour la énième fois, qu'est ce que je fabrique ici?