Suspicion (en Réécriture)

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14H07

L'homme sort, accompagné de sa femme, pour entrer dans leur voiture et filer rapidement.

Ce couple me parait suspect. Ils sont très complices mais ne communiquent que très rarement avec l'extérieur. Ils ne sortent pratiquement jamais de chez eux, hormis pour partir faire les courses, sortir les ordures, regarder leur boite aux lettres, et pour travailler, je suppose. Je les observe assez pour remarquer chacun de leurs détails. L'homme est colérique mais doux avec sa femme. Quant à elle, elle ne fait que me scruter d'un regard noir dès qu'elle sort. C'est bien la seule de mes merveilleux voisins à me montrer sa haine. Les autres ne font que baisser la tête. À croire que je pourrais les tuer d'un seul regard. Mais cette femme a du cran et me porte de l'intérêt. Je sais qu'elle n'apprécie pas que je les observe chaque minute qui suivent. Cela peut faire peur évidemment. Mais c'est eux qui devraient le plus nous effrayés. Les seules fois où ce duo sort en extérieur, ils portent des cartons énormes et chacun de leurs gestes est réfléchis. C'est comme s'ils avaient prévu chacune de leur sortie, de leurs actions, de leur raison... Et dans un temps bien défini... Je les trouve vraiment étranges ! Mais cela ne m'empêche pas de leur faire signe simplement pour leur montrer ma présence et sembler gentille. L'homme me répond automatiquement avec un grand sourire. Tandis que la femme se contente de constamment me jeter ce regard froid. Je suis certaine qu'elle est franche et son mari sournois, ou simplement ignorant. Mais j'en doute... Tout est calculé, j'en suis certaine !

14H15

Le couple revient aussi vite qu'il est parti. L'homme sort en criant de colère sur sa femme. Il lui dit beaucoup d'injures avec une haine effroyable. Cette dernière sort à son tour de la voiture en tenant une boite à gant, souvent utilisé pour des examens à l'hôpital. Parfois je la vois avec des hématomes sur le visage, ceci peut présager de penser que son mari la frappe.

Ils pourraient peut-être commettre ce crime...

14H31

Une vieille dame sort de son domicile et accourt discrètement vers eux. Elle écoute attentivement, jusqu'à ce que l'homme lui crie à son tour dessus pour lui dire de se mêler de ses affaires. Bien dit ! Elle tente de s'approcher de la femme qui la repousse à son tour et tous les deux rentrent dans leur maison.

Cette femme me parait également suspecte. Elle est tout le contraire de ce couple. Elle est ouverte à la conversation, et est très souvent dehors à discuter avec tous les voisins. Cette personne a un sourire affiché au visage presque en toute circonstance. Elle parle avec tout le monde, sauf moi. Je suis la seule à qui elle ne souhaite pas plus parler que ça. Au premier abord, on peut penser qu'elle est douce, compréhensive et courtoise. Le couple ne s'adresse qu'à elle dans ce petit quartier, mais à contre-cœur. Je le vois bien ! C'est hilarant de voir leurs têtes dépitées à son arrivée. Mais ils ont la facilité d'écourter leur conversation. Et cette femme le voit comme une défaite. Elle sait pertinemment qu'ils l'évitent. C'est pourquoi je suis la seule à remarquer qu'elle est en fait une femme fausse et détestable. Elle n'est pas moins qu'une mégère. Dès qu'ils s'échappent, elle se dirige chez elle le visage noircit de colère. Elle pourrait en donner froid à n'importe qui pouvant la voir ainsi. C'est une tout autre personne. La vieille femme discute avec les voisins, les écoute attentivement, pose des questions en particulier pour prêcher le vrai du faux. Ensuite, elle se fait une joie de colporter des rumeurs plus énormes les unes que les autres. C'est dans ses défaites, que je sais qu'elle est un démon. Quand elle est elle-même et qu'elle découvre que je l'observe discrètement, la femme lève la tête et tente de faire un beau sourire. Mais moi je sais ! Je sais qu'elle est gênée et qu'il est faux. Elle me fait rire ! Je remarque que lorsqu'elle m'aperçoit, qu'elle baisse le ton de sa voix et se tourne afin d'être dos à moi. Je suis certaine que tous ses agissements sont là pour un but précis...

Elle pourrait peut-être commettre ce crime...

14H59

Une personne se dirige vers sa petite maison, munie d'un sac à dos beige, tout en regardant son téléphone. Il feint l'ignorance. Comme s'il ne sentait pas mon regard le scruter avidement !

Ce jeune homme est surement suspect. Je ne le cerne pas. Il est... ordinaire ! Et pourtant il est si étrange... Son regarde ne s'est jamais posé sur moi et pourtant je sens ses yeux me fixer avec acharnement. Cet homme n'a jamais adressé la parole à personne et personne ne lui rend visite. Même la mégère n'ose pas l'approcher... Il est pourtant calme ; simplement on peut remarquer qu'il est solitaire. Mais en soit, je n'ai pas vu quelqu'un d'aussi normal dans tout le quartier. Je pense qu'il cache bien son jeu. Il doit avoir des informations sur tout le monde, en écoutant discrètement. J'en suis certaine ! Il sort occasionnellement, ni trop peu, ni pas assez. Il est souvent vêtu de noir et est plutôt charmant. Mais il ne reste qu'à mes yeux un homme vicieux. Sûrement est-il un hypocrite caché ? Il souhaite paraitre banal pour mieux amadouer autrui. Je doute vraiment de sa sincérité ! Parfois, il sort avec une boite à outils... Soit il est bricoleur, soit il manigance quelque chose. Je pense qu'en l'observant davantage, je peux découvrir sa vraie nature. Je me souviens d'un soir... Le jeune homme rentrait, armé de ses outils et d'un gros sac bien bombé. J'ai toujours trouvé ça louche... J'ai eu comme l'impression qu'il était stressé... J'ai même cru qu'il m'avait regardé pour la première fois ! Mais je pense que je me suis trompée, car aussitôt il a continué à regarder les alentours avec inquiétude. Mais quoi qu'on puisse penser de lui et qu'il laisse paraitre, je suis persuadée qu'il est obscur.

15H01

Il arrive au pas de sa porte, pose une main sur la poignée, s'arrête puis se tourne face à moi. Pour la première fois depuis quelques années, le jeune homme me fixe avec un regard inexpressif. Le genre de regard qu'on jette à un inconnu. Il me sourit rapidement et se retourne pour entrer rapidement dans sa demeure et claquer la porte derrière lui, pour finalement qu'elle reste entre-ouverte.

Il pourrait peut-être commettre ce crime...

Après ma petite introspection habituelle, je me retourne. Je détaille ce que j'ai sous les yeux. Comment pourrais-je faire pour découvrir qui aurait pu le tuer ? Mon mari est couché sur notre lit. Je l'observe avec insistance. Ses yeux sont ouverts. Ils laissent une légère visibilité des cornées et des pupilles dilatées. Les marques de strangulation sont désormais visibles. Je me retourne et observe chacune des maisons que je suspecte. Je m'approche de son corps inerte et caresse tendrement sa joue. Mes lèvres se posent sur les siennes rapidement. Doucement, je me relève, comme s'il pouvait se réveiller si je faisais un mouvement trop bruyant... Je reste debout face à lui en fixant, d'un regard perdu, les yeux de mon cher et tendre. Je m'attarde de nouveau sur ses blessures. Aucun souffle ne sort de sa bouche, et aucune respiration se fait remarquer ni le gonflement de la poitrine. C'est un si beau spectacle ! Je ne m'en lasserai pas !

-Il faut que je continue d'observer les voisins afin de savoir qui je peux faire passer pour un meurtrier à ma place... Mais je dois trouver ma victime au plus tôt ! Je ne voudrais pas qu'on se doute que tout a été prémédité...

Sans crier gareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant