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De gros nuages noirs d'orage semblaient former une sorte de tempête autour de moi. Le vent y était sec et violent et me fouettait le visage avec rage. Je tentai vainement de me protéger avec mes bras mais tout ce que je réussis à faire, c'était détruire les manches de mon uniforme. Je les regardai tristement tomber dans un tube noir infini. J'étais trop occupé à observer les alentours pour me demander ce que c'était. En fait non, je le savais déjà ; le néant. Je tombais dans le néant, sans vraiment savoir si un jour, je toucherais le fond.

Soudain, un zigzag bleuté sortit de nulle part et déchira un côté de la tempête au sens propre. Je n'eus même pas le temps de réagir que je fus déjà aspirée en un grondement féroce. Ce fut ainsi que je traversai un véritable toboggan aux différentes teintes de bleu. Mais rapidement – comme dans tous les toboggans – la fin arriva, et elle se présentait comme un aveuglant halo blanc pur. Je plissai des yeux et la seconde d'après, je heurtai le sol avec violence. Immédiatement, je cherchai quelque chose sur laquelle prendre appui. Ma main agrippa une poignée de gravier. Je me hissai tant bien que mal sur mes pieds et ouvrit finalement les yeux. Ma première réaction fut de froncer des sourcils. Vivement. Ce qui m'entourait n'était décidément pas de mon époque. J'étais entourée de voitures hum... modernes toutes garées parfaitement : un garage, et en face de moi se dressait un grand magasin rose. Je décidai d'y entrer. C'était chaleureux. Tout de même confuse, je partis m'asseoir au bar sans lâcher mon air d'interrogée.

À peine assise, une vieille femme vêtu tout de rose et de blanc vint à ma rencontre. Bien que ridé, son visage inspirait énergie et joie de vivre.

Elle possédait des cheveux très clairs – mais pas pour autant gris – et un sourire chaleureux. Son regard était doux et elle semblait être une personne dotée de bonté et d'un calme légendaire. Cette femme m'inspirait confiance. Je lui souris en retour.

— Que souhaitez-vous mademoiselle ? demanda-t-elle.

Je jetai un coup d'œil derrière elle et y vit des donuts alléchants puis les prix m'arrêtèrent ; je n'avais pas d'argent. Mince.

— Oh, hum. Rien.

Je me frottai la nuque, malaisée, avant de reprendre :

— Je n'ai pas d'argent sur moi.

Elle s'adoucit encore plus. Je ne savais pas que c'était possible.

— Oh ! Ne vous en faîtes pas. Je peux vous offrir un donuts si c'est ce que vous souhaitez. Je ne peux pas refuser de la nourriture à un enfant ! dit-elle d'un ton posé.

Un second sourire vint égayer son visage. Décidément.

— Bon, lequel voulez-vous ?

Elle se poussa sur le côté pour me laisser voir leur assortiment de donuts colorés. J'en choisis un au glaçage bleu, l'eau à la bouche. La serveuse l'attrapa à l'aide d'une pince bizarre puis le déposa sur une assiette en face de moi. Elle s'accouda.

— Je pense qu'on peut se tutoyer... ?

Le stress monta en moi telle une flèche. Je tentai de ne pas m'affoler. Mon prénom... ? Comment dire. Huit ? Non, vraiment pas. Je regardai par-dessus mon épaule et vit quelqu'un au téléphone.

— Ne t'en fait pas Cléo... Oui, je t'assure... Allez à tout de suite...

Un petit sourire narquois vint étirer mes lèvres. Je savais.

— Cléo et toi ?

— Agnès. J'aime beaucoup tes cheveux. C'est très à la mode.

Je haussai un sourcil avant de baisser mes yeux vers mes cheveux. Mes yeux devinrent ronds. Ils étaient blancs. Attends quoi ?! Oh mon dieu, oh mon dieu. Je grinçai des dents. Comment était-ce arrivé ? Au fond de moi, je le savais. Je ne voulais juste pas l'admettre. Le voyage dans le temps. Pourquoi ? Bonne question. J'avais, par ailleurs, l'impression que ce voyage m'avait donné de la maturité et de l'âge, qui ne se voyait apparemment pas. Mais mes cheveux ! Je ne voyais pas du tout...

— Merci.

Elle me sourit une énième fois avant de partir je-ne-sais-où. Je pris mon donut et le dévorai sous le regard pesant des autres clients. Ça alors, j'avais faim ! Une poignée de secondes plus tard, j'essuyai le reste de glaçage égarée autour de ma bouche avec une serviette en papier. Je grimaçai. Du papier ?

Je ne m'attardai pas plus sur ce détail et sortis du magasin en lâchant un « au-revoir » un peu pressé.

Je devais me rendre à l'Académie.




/ Voilà pour le premier chapitre ! Des avis ?/

Umbrella Academy || FiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant