Chapitre 8

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La porte s'ouvre, nous détachant brusquement. Rick et Sasha nous regardent, sidérés. Ils ont dû voir... Daryl et moi évitons soigneusement de croiser nos regards. Je n'ai jamais été aussi gênée de toute ma vie. 

_On vous dérange peut-être ? lance Sasha. 

_Pas du tout, répond Daryl. Elle vient juste de se réveiller.

_Il a dû se passer beaucoup de choses depuis son réveil, je pense, dit-elle. Comment tu vas ?

Sa question m'est adressée. J'hoche sèchement la tête et cherche mes armes des yeux. Rick le remarque.

_Ils ne sont pas là.

Je le fusille du regard. Il n'affiche que du mépris à mon égard. C'est réciproque. Je ne le porte pas plus dans mon coeur. 

_On se demandait justement ce que l'on allait faire de toi, continue Rick. Faut-il que l'on te tue ou prendre le risque de te relâcher dans la nature en sachant que tu es dans le groupe à Negan ?

_Il y a une troisième option, intervient Daryl. Qu'elle reste. Elle peut être utile à la vie de la communauté.

_Faire du jardinage et rester toute la journée dans une tour de garde, c'est pas trop ma came, dis-je, sarcastique. Je propose que tu me relâche dans la nature en sachant que je suis peut-être dans le groupe à Negan. 

Un silence suit mes paroles. Rick semble peser le pour et le contre. Le choix ne devrait pas être trop difficile quand même. 

_Il faut se concerter avec le reste du groupe, déclare Sasha.

_Elle a raison, approuve Rick. On enverra quelqu'un pour la surveiller. Amenez-la dans la maison qui sert de cachot. 

Je me retiens de rire. Un cachot ? Et puis quoi encore ? Daryl me prend le bras et m'entraîne sans délicatesse. Quand nous arrivons dans ce fameux cachot, il me plaque au mur sans prévenir pour m'embrasser. Je passe un bras autour de son cou et pose mon autre main sur sa taille. Il place mes jambes de sorte à ce qu'ils encerclent son bassin. Seul le mur m'empêche de glisser. Nos baisers sont presque fièvreux, un besoin vital comme si l'un puisait de l'énergie dans l'autre et inversement. Ses lèvres se détachent des miennes mais l'espace est très restreint.

_Quelque chose me dit que tu en avais grand besoin, plaisante-je en souriant.

_C'est même certain, dit-il.

Je pose une jambe à terre mais l'autre reste collé à lui. Puis la porte s'ouvre, laissant filtrer la lumière du soleil. Daryl s'écarte et reprend son masque impassible. Il est très fort à ce jeu-là. Même moi, je ne saurais pas changer d'expression si vite. Rick me fusille du regard avant de se tourner vers Daryl. 

_Qui la surveille ? demande ce dernier. 

_Je sais pas. Je veux avoir l'avis de chacun.

_Peut-être Carl ?

_Je ne veux pas que mon fils soit à proximité d'une tarée.

_Je peux le faire, dit une voix.

Carl est là, son pistolet passé à sa ceinture, son chapeau de shérif sur la tête. 

_S'il te plaît papa. Je suis armé et pas elle. Je ne serais pas imprudent.

Après maintes supplications, Rick finit par céder. Il m'attache les mains et les pieds. Je me laisse faire et lui adresse un sourire narquois. 

_Tu t'en tireras pas comme ça, me souffle Rick. Tu paieras pour ce que tu as fais.

_J'ai rien fais, dis-je. 

Il ne relève pas et repart en compagnie de Daryl. Carl s'assoit près de moi et fixe le mur devant lui. Son visage est extrêmement sérieux. Je cale ma tête contre le mur et ferme les yeux. Au bout de dix minutes, Carl se décide à prendre la parole.

_Tu survis depuis le début ? 

Je le regarde. Il est jeune mais paraît plus vieux, sûrement dû à toutes les épreuves qui a dû traverser.

_Comme tout le monde, réponds-je. 

_Tu faisais quoi avant ?

_C'est un interrogatoire ? Si c'est ton crétin de père qui t'as demandé de m'interroger, je ne dirais rien.

_Il ne m'a rien demandé. Je te l'assure. 

Nous observons un silence où je pese le pour et le contre. Carl me fixe toujours.

_J'étais rien avant, souffle-je. C'est ce qu'on appelle une merde. 

_Mais encore ?

_Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?

_Tu faisais quoi ?

_Avec mon groupe de potes, on retapait des vieilles bagnoles pour affronter d'autres groupes dans une course de rue. C'est pas ouf comme genre de passe-temps. On a vu plus interressant.

_Moi je trouve ça cool.

Je me mets à rire. 

_Je t'aime bien, toi. T'as perdu beaucoup de gens que t'aimais ?

_Ma mère...

_Désolé. Sale virus hein ? Il nous prend tout et on peut rien faire contre. Faut juste survivre. 

Un autre silence suit mes paroles, chacun plongé dans ses réflexions. Ce gamin me touche beaucoup. C'est rare que je m'attache comme ça. Mais il est émotif sans trop l'être. Il ne pleure pas mais son visage est devenu plus dur. Soudain, il tranche les cordes qui retiennent mes pieds avec un couteau. Je lui lance un regard interrogateur. Qu'est-ce qui lui prend ?

_T'es pas si méchante que ça, dit-il comme pour justifier son geste.

_T'en sais rien. Ca se trouve, je suis en train de te manipuler et que je vais te tuer juste après.

_Tu mens.

_Sauf si je savais que tu ne me croirais pas même si j'avouais. Tu connais le truc qui consiste à faire passer la vérité pour un mensonge ?

Carl a l'air d'hésiter. Je lui souris. La porte s'ouvre de nouveau et Michonne apparaît. La blessure que je lui ai infligé semble avoir guérie. Elle est coriace, la samouraie. Son regard tombe sur les cordes tranchées. 

_Comment tu t'es libérée ? interroge-t-elle brutalement.

_C'est Carl qui m'a libéré en disant que je ne suis peut-être pas si méchante que ça.

_Tu es fou Carl ! Elle est dangereuse ! Imagine un instant ce qui se serais passé si elle aurait eu pris le dessus sur toi même avec les mains liées. Elle t'aurait tué !

_Elle a parfaitement raison, approuve-je.

_La décision a été prise te concernant. La plupart ont voté pour l'exécution. 

A la vie à la mort {TWD}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant