C'est la nuit, tout le monde est chez soi, sous la couette, bien au chaud. Tout le monde ? Non. Sacha est dehors, sur un banc mouillé. Il a plu toute l'après-midi. Il voit encore les flaques d'eau sous la lumière des lampadaires. Il imagine des gosses courir dans les rues étroites et sauter dans ces flaques avec leurs bottes pleine de boue. Sacha porte seulement une jaquette avec un T-shirt de son groupe préféré. Il s'ennuie à mourir en attendant son petit-copain. Devant lui, y a un bâtiment avec des bureaux. Alors, il essaie de deviner c'qu'il peut bien se passer derrière le peu de fenêtres allumées. Ici, c'est peut-être une nana qui fait des heures supp' parce que son copain l'a quitté et qu'elle a 3 gamins à nourrir. Ou alors elle a prévu de se casser mais elle a pas assez de fric pour réaliser ses projets. Ou pt'être tout simplement qu'elle vit seule et faut bien qu'elle vive. Il la voit bien brunette, assez jeune, et petite en taille. Mais Sacha ne sait rien de ce qu'il se passe là dedans. Peut-être qu'il s'imagine, assis dans la nuit froide et dans l'attente, que quelqu'un va sortir de ce point lumineux pour combler sa solitude et répondre à ses questions. Mais la lumière s'éteint. Théo, son copain, est parti à Bienne ya déjà quelques mois pour étudier. Avec Sacha, ils se voient que les week-ends. Théo adore prendre le train, voyager... Mais Sacha, lui il trouve ça dangereux. Il s'inquiète beaucoup pour son copain. Théo dit que, plus il voyage, plus il va loin de sa ville natale, et plus il se sent libre. Comme si ses problèmes disparaissaient avec les immeubles qui filent à toute allure à travers la fenêtre du train. Comme s'il pouvait fuir toute la réalité avec un simple p'tit morceau de papier à composter.. Sacha se souvient de tous les bons moments qu'ils ont passés ensemble, de cette horrible semaine qu'il a dû surmonter sans lui, et à ce moment là, Théo apparaît dans la nuit.