King of Bikers-Integration Tome 1.5

Partie 1 avant Hannah Chapitre 1

Owen, mon meilleur pote depuis le bac à sable, me traîne une nouvelle fois à une fête de fraternité alors qu'on se fait systématiquement refouler à chaque fois qu'on approche, de près ou de loin de tous ces trous du cul de fils à papa. Ce n'est pas parce qu'on a dix-huit ans et qu'on est encore au lycée, non, c'est parce qu'ils se pissent dessus dès qu'ils nous voient. Ils ont même engagé un vigile pour nous surveiller. Notre réputation n'est plus à faire, toute la ville nous connaît. Je suis le fils de Cameron, le président des King Of Bikers, le mec le plus redouté de toute la ville. Putain ça me fait chier d'être considéré comme le « fils de », mais en même temps ça me rend fier parce que dès que j'aurai atteint la majorité, mon père me prendra sous son aile. J'en rêve depuis tout gosse, et je considère déjà les membres du club comme ma famille. J'ai déjà un pied là-bas, mais Cameron veut que je fasse mes preuves avant d'intégrer le club en tant que prospect.

Je tire sur mon joint avant de le passer à mon pote. J'en suis déjà à mon quatrième depuis le début d'après-midi, il faut vraiment que je ralentisse là-dessus, mais c'est dur, putain, je suis tombé là-dedans depuis un moment déjà et c'est difficile de m'en passer. Je suis tellement habitué à cette substance que je n'en ressens même plus les effets, il m'en faut toujours plus. Je suis obligé d'additionner drogue et alcool pour réussir à me mettre la tête à l'envers. Je ne me souviens même plus comment j'en suis arrivé là. En voyant certains membres du club dealer et se défoncer tous les jours peut être que de fil en aiguille on s'y est mis et moi je n'ai pas résisté à la tentation non plus. C'est devenu un engrenage dans lequel je prends du plaisir et qui de surcroît me donne la satisfaction d'oublier quelques instants, ce vide immense en moi.

— Théo est où ? demandé-je à Owen.

— Il devrait pas tarder, me répond celui-ci en me passant le joint.

Je tire une grosse bouffée en savourant le goût de l'herbe, je laisse progressivement mon esprit s'embuer. J'entends une bécane arriver quelques instants plus tard. Théo n'a pas l'âge de conduire une moto, tout comme nous d'ailleurs, mais ce n'est pas ça qui l'arrête. Il enchaîne les délits et infractions en tout genre et ses frasques lui ont déjà valu une peine de prison de six mois. J'ai hâte de pouvoir chevaucher moi aussi ma propre bécane. Je conduis déjà sur la Kawasaki de mon père, il m'autorise à la rentrer au garage et faire quelques escapades sur des routes désaffectées, j'adore ça et je manie l'engin comme si j'avais fait ça toute ma vie. J'ai été bercé dans cet univers depuis que je suis tout petit, alors je ne vis que pour ça, peu importe où cela me conduira.

Nous voilà donc tous les trois devant l'entrée et nous avançons à la même cadence. La baraque devant nous est gigantesque et elle ressemble bien plus à un bâtiment administratif qu'à une fraternité. Le signe Iota y est représenté sur la façade beige. Les grandes colonnes de pierres au style colonial, prouvent que cette partie du campus est bien plus riche. Sur la pelouse verdoyante, un nombre conséquent d'étudiants, déjà bien éméchés tentent parfois avec difficulté, de rejoindre l'intérieur. Un gorille à la peau mate surveille la petite fête. Ce n'est pas le même que la dernière fois, je crois que les fils à papa ont vu clair dans mon jeu. Celui-ci est plus costaud et je me demande si on pourra passer cette fichue porte. Le grand gaillard nous regarde de haut en bas, il sait déjà à qui il a affaire, il a dû recevoir l'ordre de ne pas laisser entrer les « Bikers ». Il ne le sait pas encore mais j'adore relever les défis, surtout quand il s'agit de me débarrasser d'un mec plus costaud que moi. Je poursuis mon chemin comme s'il n'existait pas mais celui-ci me retient « gentiment » par le bras.

— C'est quoi ton problème, mec ?

— Je crois que toi et tes potes, vous n'avez pas de carton d'invitation.

Déjà prêt à me battre avec cet emmerdeur de première, j'entends la voix fluette d'une jeune fille derrière lui lancer :

— Laissez-les entrer, c'est bon, je les connais.