Cunégonde
On explore le monde
À la recherche d'une onde
Un peu moins immonde
Que celle qui nous inonde.
Et puis il y a cette chose, dit-on.
Abandonnée au bout d'un dangereux pont.Elle est si furibonde
Depuis cette seconde
Où tout le monde, faconde,
Criait « Nauséabonde » !Elle aurait pu être moribonde
Mais son âme est une vagabonde
Sur cette cruelle mappemonde.Elle voulait être gironde
Mais depuis, elle féconde,
Faute de place dans la ronde.Inutile de préciser le monde
Enfermé dans cette rotonde.Elle. Elle. Elle. Ailes.
Ces organes réduits à l'esclavage,
Que perdent les réels anges.Au sol ils s'allongent.
Et puis ils longent
De long en large
Ce piégeux rivage,
Là où la mer fait ravage
Et balaie les nouvelles pages.Tout le monde cherche son butin,
Caché sous notre bassin.
Mais personne n'y met la main,
Au fond du monde marin.Je fus plus malin.
Je l'ai vu au loin,
Ce long drap de lin !Du ciel il pend,
On me le tend.Queue de serpent
Mais je la prends.Et elle m'étrangle.
Sombre sangle.Et elle tangue
Cette maudite langue.Et elle harangue
Devant ma face exsangue.Et elle cangue
À en perdre son peu de gangue.Jetez les pierres aux novlangues
Qui ont rendu mon coeur spatangue.Cet ignoble douzième d'heure
Qui prend trop de place
Va détruire le peu d'honneur
Qu'il me reste en surface.Et il est lent
Malgré ce lourd vent.
Et il m'attend
Trop tard, y'a plus l'temps.Je suis parmi les Grands.
Reine ! La plus belle des horreurs
Restera ma noirceur
Rayonnant de malheur.Et tu la sens, cette odeur
Elle qui plane telle une fleur
Entre ces bonheurs qui m'écœurent.Puis elle surplombait ma hauteur
Pour voler mon bonheur
Par un frisson qui m'effleure.De sa lenteur
Elle me faisait peur,
De sa longueur
Elle a serré mon coeur.Azur, elle me rencontre rubiconde,
Pourpre devient la divine baille.Dans cette dure bataille,
Un monde me mitraille
Et visite mes failles
Pour remplir mes entrailles.Poison : qui veut simplement que je bâille,
Allons : il est temps de partir féconde.On me tenaille
Mais j'tiens la bataille.Je suis Cunégonde.
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All the love, Alia.

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Atrabile
Puisi《La mélancolie est une maladie qui consiste à voir les choses comme elles sont.》- Gérard de Nerval - Plume induite de bile noire. Pleine lune reflétant sur la mer. Papillons pailletés dans le deuxième cerveau. Poèmes sur ce fléau qu'est la mélancoli...